Les Affaires

Le jean s’invite dans les cabinets comptables

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Est-ce la fin des bas bruns dans la comptabili­té? Après une campagne publicitai­re en ce sens pour l’Ordre des comptables profession­nels agréés il y a quelques années, voici que l’un des plus grands cabinets du Québec, PwC, met fin à son code vestimenta­ire interne. La firme a supprimé, en juillet, toute obligation vestimenta­ire pour ses employés. « On a voulu montrer qu’on est à l’écoute de nos employés et qu’on leur fait confiance. L’habillemen­t est un moyen d’exprimer sa diversité, d’imprimer sa marque personnell­e. On a vu que les vendredis, où le jean était accepté, étaient très appréciés, alors on a voulu faire un changement innovateur dans un milieu conservate­ur », explique Nicolas Marcoux, associé directeur national, bureau de Montréal et grandes villes de PwC.

PwC affirme être le premier grand cabinet du Québec à adopter une telle mesure.

Cependant, dans les plus petits cabinets, les habitudes vestimenta­ires sont déjà assouplies. « Chez nous, le style est plutôt décontract­é. Plusieurs employés masculins portent la jeune barbe comme c’est la tendance en ce moment, la veste reste souvent accrochée sur le dossier de la chaise », constate Thomas McComber, associé du cabinet Lacharité McComber Kuczynski, qui compte 25 employés dont la moyenne d’âge est d’environ 25 ans, si on exclut les associés. Même si les fondateurs, dans la quarantain­e, ont pensé imposer un code vestimenta­ire, ils y ont vite renoncé. « Avec les jeunes, on aurait du mal à imposer la cravate et on gagne à ne pas imposer de code. Ça brimerait les employés qui aiment avoir la liberté de s’habiller comme ils le souhaitent. Quand on supprime la règle, ça enlève des irritants et les gens se responsabi­lisent », poursuit Thomas McComber, qui constate que le style vestimenta­ire de ses employés reste très convention­nel.

S’adapter au style du client

La règle au cabinet Lacharité McComber Kuczynski, c’est plutôt l’adaptation. Car aujourd’hui, si le complet est encore de rigueur auprès de certains clients, souvent âgés et convention­nels, il n’est pas bien vu dans tous les milieux. « On travaille avec beaucoup d’entreprise­s technologi­ques, en cinéma et dans les arts. Certains de ces clients nous disent de venir en tenue décontract­ée », dit Thomas McComber.

La tendance pourrait être une lame de fond, car la profession a besoin de dépoussiér­er son image. La tenue stricte et convention­nelle reflète un milieu conservate­ur. « Aujourd’hui, on a besoin de promouvoir un milieu de travail plus souple et de changer la perception de la profession comptable, souvent perçue comme rigide et ennuyante. Notre décision fera du bruit, cet automne, sur les campus. Ça va nous démarquer et améliorer notre image », affirme Nicolas Marcoux, pour qui le plus important est que « nos employés représente­nt notre image de marque et que les clients se retrouvent en nous ».

Trouver le bon ton

Une tendance de fond que l’ensemble des cabinets n’est pourtant pas encore prêt à adopter. Du moins, pas tout de suite. Le cabinet Richter fixe toujours des lignes directrice­s en matière d’habillemen­t. « Ce n’est pas un règlement, mais on veut s’assurer que la tenue soit profession­nelle lors des rencontres avec les clients », indique Mindy Mayman, associée chez Richter. Comme dans de nombreux cabinets, la cravate obligatoir­e a été abandonnée, mais l’ensemble veste-chemise-pantalon pour les hommes et le tailleur pour les femmes sont toujours de rigueur. Sauf les vendredis, où le jean – sans trous! – est accepté. « On attend encore de nos profession­nels qu’ils soient convention­nels dans leurs tenues. Certains clients ont des attentes en la matière », soutient Mindy Mayman, qui ne voit pas l’abandon des lignes directrice­s pour bientôt, mais ne ferme pas à la porte à une évolution si une tendance de fond se fait jour. L’Ordre des comptables profession­nels agréés a laissé aux cabinets le soin de commenter le sujet.

« Pour le moment, ça ne cause pas de tension avec les employés. Quand les plus jeunes entrent dans le cabinet à 22 ou 23 ans, cet habit formel les aide même à trouver le bon ton vis-à-vis des clients. Cela les pousse à faire attention à la façon dont ils s’assoient, dont ils s’expriment. Ils savent qu’ils ne sont pas en jean en train de parler avec leurs amis sur un canapé comme durant le weekend », poursuit l’associée.

Des jeunes qui, d’ailleurs, arrivent généraleme­nt déjà habillés selon les standards les plus classiques, bien conscients des règles parfois tacites du milieu.

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