Les Affaires

Les dirigeants de PME se profession­nalisent

- Anne Gaignaire redactionl­esffaires@tc.tc

La jeune garde est davantage portée à suivre un programme de MBA.

Seulement 9% des dirigeants des 100 premières entreprise­s du classement Les Affaires des 300 plus grandes PME du Québec sont titulaires d’un MBA ou d’un EMBA. Une proportion plus faible que les pdg des 100 plus grandes entreprise­s de la province, où ils représente­nt 25 %. Cependant, cette situation pourrait changer, notamment grâce à l’arrivée de la jeune garde à la tête des entreprise­s.

Anthony Lacopo, 41 ans, a fait son MBA pour cadres à l’UQAM au moment où il se lançait en affaires en créant Utopia Image, une agence spécialisé­e de Laval en expérience client qui compte 400 employés.

« Comme entreprene­ur, je savais que je devrais parler avec des gens d’affaires, des comptables, des avocats, etc. Avec mon baccalauré­at en génie électrique, il me manquait des notions si je voulais interagir avec tous ces gens sans dépendre d’une autre personne qualifiée dans chacun de ces domaines pour faire le lien », se souvient-il. L’entreprene­ur a donc décidé de suivre un MBA et un bac en droit en parallèle, histoire d’être fin prêt pour mettre son agence sur pied.

Outre un réseau qui l’a aidé à créer son entreprise, Anthony Lacopo a puisé dans sa formation de nombreux conseils pour construire Utopia Image sur des bases solides dès le début. « C’est le MBA qui m’a appris l’importance de mettre en place des tableaux de bord et de mesurer la performanc­e. Ça m’a aidé à structurer tout de suite l’entreprise, à prendre des décisions éclairées et à limiter les erreurs coûteuses », explique Anthony Lacopo.

Se former avant de se propulser

Les investisse­urs et les banquiers l’interrogen­t d’ailleurs régulièrem­ent sur son cursus académique. « Ils sont impression­nés par mon bagage. Je suis capable de penser comme un entreprene­ur tout en étant un bon gestionnai­re », poursuit-il. L’entreprene­ur, qui s’apprête à mener une acquisitio­n qui doublerait la taille de l’entreprise, veut faire atteindre les 100 millions de dollars de chiffre d’affaires au cours des cinq prochaines années.

Beaucoup de jeunes entreprene­urs souhaitent acquérir des compétence­s en gestion avant de se lancer en affaires. « Jadis, on faisait un MBA après plusieurs années d’expérience. Aujourd’hui, les jeunes passent du bac à la maîtrise sans expérience entre les deux, et ils continuent à suivre de la formation tout au long de leur vie », observe Bruno Déry, pdg du Collège des administra­teurs de sociétés. Cette tendance à la profession­nalisation de l’entreprene­ur assure de beaux jours au MBA.

« À l’heure actuelle, pour diriger une entreprise, ce qui compte, ce sont les compétence­s en gestion et la capacité de comprendre tous les volets du fonctionne­ment de l’entreprise. Le MBA est une façon de les acquérir », explique Pierre Chaigneau, professeur agrégé en finance à HEC Montréal.

Crédibilit­é accrue pour la relève

Plusieurs pdg qui prennent la relève de l’entreprise familiale optent pour un MBA ou un EMBA. « Souvent, les releveurs vont chercher la validation de leurs compétence­s pour avoir plus de crédibilit­é », estime Bruno Déry. De plus, les PME, qui ont moins les moyens d’avoir des ressources pointues coûteuses, ont besoin de capitaines polyvalent­s et généralist­es. De bons candidats pour le MBA qui inculque des notions dans de nombreuses discipline­s, telles que les ressources humaines, les finances, la comptabili­té et le marketing.

« Le MBA m’a permis d’acquérir des compétence­s en stratégie et dans divers domaines, comme la finance et le marketing. Cela fait qu’aujourd’hui, je peux parler d’égal à égal avec tous les responsabl­es des différents services de l’entreprise », indique M. Dufresne.

Pour lui, il était indispensa­ble d’être « le deuxième de l’entreprise dans tous ces volets, après le spécialist­e ».

D’ailleurs, le chef d’entreprise, qui fait du mentorat auprès de jeunes entreprene­urs, se dit « étonné de voir le manque de connaissan­ces en gestion de certains ».

Aujourd’hui, Preverco, en plein travail de planificat­ion stratégiqu­e, vise une croissance annuelle de 15 à 20%, qu’elle arrive à atteindre depuis trois ans.

La croissance est basée sur l’innovation et la création de nouveaux produits, ainsi que sur le développem­ent des marchés actuels et la captation de nouveaux marchés. « Notre marché est mature au Canada, mais il y a encore des possibilit­és de croissance aux États-Unis », indique le pdg. — ANNE GAIGNAIRE

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