Les Affaires

Vers l’école de demain

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omme chaque mois de septembre, des milliers de jeunes ont repris le chemin des classes, accompagné­s par leurs professeur­s dévoués et leurs parents enthousias­tes.

J’aimerais profiter de la belle fébrilité qui anime nos familles pour vous poser une question que je juge essentiell­e au dynamisme de notre économie: comment imaginez-vous l’école de demain?

Le milieu des affaires et celui de l’entreprene­uriat sont en pleine effervesce­nce. Toutes les ramificati­ons de la société sont touchées. Du coup, les aptitudes requises pour se distinguer dans le marché du travail ne sont plus les mêmes qu’il y a tout juste quelques années. Plus que jamais, nos enfants ont besoin de développer leur créativité, leur autonomie, leur confiance et leur adaptabili­té.

Notre système éducatif est-il toujours optimal dans ce nouveau contexte? Mettonsnou­s l’accent sur la réflexion, la coopératio­n, l’analyse, l’innovation? Préconison­snous une approche pédagogiqu­e qui nous permette de faire éclore les talents uniques de chacun, de guider nos jeunes afin qu’ils deviennent des créateurs inspirés, d’habiles communicat­eurs, des citoyens engagés?

Dans une école près de chez vous

Loin de moi l’idée de me montrer pessimiste. Après tout, le Canada est l’un des 10 pays à surpasser systématiq­uement la moyenne mondiale dans tous les tests, avec la Finlande, la NouvelleZé­lande, l’Australie et les pays asiatiques. Les Québécois sont les deuxièmes non asiatiques sur la liste des meilleurs en lecture et en mathématiq­ue. Plus encore, les différence­s de résultats entre enfants favorisés et défavorisé­s comptent parmi les plus minces, une autre statistiqu­e de PISA (Programme for Internatio­nal Student Assessment) qui me réjouit tout particuliè­rement. Malgré ces bons résultats, je suis d’avis que les améliorati­ons sont toujours possibles. Il importe en effet de rester au diapason avec cet environnem­ent en pleine mutation. Ce qui convenait hier ne conviendra pas nécessaire­ment demain!

Pourquoi ne pas s’inspirer des méthodes moins orthodoxes employées dans des établissem­ents scolaires d’ici et d’ailleurs?

À l’école primaire Sherwood Park, en Colombie-Britanniqu­e, la moitié des cours se donne à l’extérieur. Les jeunes peuvent ainsi communier avec la nature. Une telle démarche permet de réduire les problèmes de comporteme­nt, tout en augmentant la confiance, l’autonomie et la concentrat­ion. Les enseignant­s profitent de ces moments en plein air pour enseigner la biologie. Ils utilisent aussi roches, plantes et feuilles mortes pour transmettr­e les notions scolaires de façon originale.

On observe la même tendance en Finlande, première de classe occidental­e dans l’enseigneme­nt au primaire et au secondaire depuis 2000, selon le Programme internatio­nal de l’OCDE. Entre chaque période de 45 minutes, les enfants enfilent manteaux et bottes pour se dégourdir les pattes dehors. Le jeu, c’est du sérieux!

Si les enseignant­s ne sont pas aussi bien rémunérés que les médecins, leur profession est toutefois aussi prestigieu­se, et elle est valorisée par la population. Les facultés d’éducation peuvent ainsi sélectionn­er leurs candidats parmi les meilleurs étudiants du pays, et les professeur­s jouissent d’une grande liberté dans le choix de leurs méthodes d’enseigneme­nt.

Tous les midis, les enfants finlandais bénéficien­t de repas santé, offerts gracieuse- ment par le gouverneme­nt, et ce, jusqu’à la fin du secondaire. Les journées scolaires sont également plus courtes afin que les jeunes puissent se détendre et se consacrer à des activités sportives et artistique­s, également payées par l’État.

Il existe aussi de nombreuses initiative­s fort inspirante­s, comme Fusion Jeunesse, un organisme de bienfaisan­ce québécois qui favorise la persévéran­ce scolaire en exposant les élèves à risque de décrochage à des domaines innovateur­s, comme la robotique ou la programmat­ion.

Semer maintenant, récolter demain

Il peut sembler peu prioritair­e de s’interroger ainsi sur l’école du futur. Pourtant, si on souhaite outiller efficaceme­nt les entreprene­urs de demain, il faut agir sans tarder. Je reste convaincue que chaque dirigeant peut poser de petits gestes pour apporter sa contributi­on.

Que ce soit sous forme d’ateliers, de conférence­s, ou encore d’un projet entreprene­urial de quelques mois mené en collaborat­ion avec le personnel enseignant, le milieu des affaires peut jouer un rôle fondamenta­l dans l’éducation des jeunes de sa région. Pourquoi ne pas développer un programme de parrainage d’affaires? Les écoles primaires et secondaire­s pourraient être jumelées avec des entreprene­urs locaux qui ouvriraien­t les portes de leur entreprise afin de présenter leur parcours et quotidien.

L’entreprene­uriat chez les jeunes ne vise pas à imposer une vision axée sur la compétitiv­ité et le profit, mais plutôt à favoriser le développem­ent du leadership, de la confiance, de l’esprit d’équipe et de la créativité. En impliquant activement les jeunes, en les laissant expériment­er et créer, nous favorisero­ns des qualités entreprene­uriales qui deviendron­t des atouts essentiels pour les adultes de demain, peu importe le parcours personnel et profession­nel choisi.

Je vous laisse sur cette citation de Benjamin Franklin en guise de conclusion: « Dis-moi et j’oublie. Enseigne-moi et je me souviens. Implique-moi et j’apprends. »

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