Les Affaires

Les serres des Fermes Lufa gagnent du terrain

- Étienne Plamondon Emond redactionl­esaffaires@tc.tc

Agricultur­e urbaine — Il est 9 heures et le centre de distributi­on des Fermes Lufa, dans le quartier Ahuntsic de Montréal, bourdonne d’activité. De quatre à six travailleu­rs ont cueilli les légumes depuis minuit dans la serre de 31 000 pieds carrés installée sur le toit de cet immeuble commercial, ainsi que dans celle de 43 000 pi2 aménagée sur le toit d’un autre bâtiment à Laval. Les légumes prennent ensuite la direction du centre de distributi­on, situé au premier étage de l’immeuble. Ceux en provenance de Laval arrivent par camion. Une autre équipe les répartit alors dans près de 700 paniers, qui seront acheminés quelques heures plus tard dans les 290 points de cueillette ou livrés à domicile.

Depuis octobre 2015, les clients peuvent recevoir leur panier chez eux, moyennant des frais de 5 $ par livraison, grâce à une flotte de quatre véhicules électrique­s qui sillonnent les rues de la région métropolit­aine. De plus, la plateforme transactio­nnelle permet depuis un peu plus d’un an de commander plusieurs paniers par semaine plutôt qu’un seul.

« La croissance à Montréal est sensationn­elle », dit le fondateur, Mohamed Hage. Les livraisons sont passées de 400 à 5 000 paniers par semaine depuis le début des opérations, en 2011. « Les Montréalai­s sont ouverts. On fait parfois des erreurs, mais ils comprennen­t qu’on est une équipe jeune et ils nous soutiennen­t. On leur doit notre existence et notre rentabilit­é. »

Une serre plus grande et moins chère

Pour accompagne­r cette expansion, Les Fermes Lufa projettent d’ouvrir cet hiver une nouvelle serre de 60 000 pi2 qui leur permettra de cultiver une trentaine de variétés de légumes supplément­aires. Il s’agira de la plus grande serre sur toit du monde, dit Mohamed Hage, qui reste discret sur l’emplacemen­t exact où elle sera construite.

« La troisième serre coûtera moins cher que les deux premières, souligne-t-il. Un architecte et un ingénieur élaborent un concept moins coûteux. À chaque constructi­on, on va pouvoir réduire le coût pour arriver à celui d’une serre au sol », dit le fondateur.

« Dès le début de la création de Lufa, notre vision a été de reproduire ce modèle partout dans le monde. Ça n’a pas changé », insiste Mohamed Hage. L’entreprise possède un bureau à Boston, mais se concentre à améliorer de ses opérations au Québec.

Depuis cet été, Les Fermes Lufa étendent leur réseau de distributi­on à l’extérieur de la région de Montréal. L’entreprise a ouvert deux points de cueillette à Trois-Rivières et cinq à Québec, auxquels s’en ajoutent quatre autres implantés en Estrie. La PME d’une centaine d’employés se limite néanmoins à un rayon de deux heures trente de route à partir de Montréal.

L’entreprise fondée en 2009 peaufine ainsi son modèle centré autour de la livraison de paniers. Cette stratégie l’éloigne d’un autre grand acteur dans le domaine des serres urbaines en Amérique du Nord, Gotham Greens, dont les légumes cultivés sur les toits de New York et de Chicago sont vendus dans les supermarch­és. « Nous avons choisi de vendre directemen­t au consommate­ur, car nous pensons que ce modèle est plus adapté à l’agricultur­e urbaine », dit M. Hage. Cette stratégie évite les intermédia­ires et garantit la fraîcheur des aliments. Les marges de profit sont donc plus importante­s. De plus, la communicat­ion directe avec les clients permet de mieux s’ajuster aux besoins du consommate­ur. La PME mise particuliè­rement sur la popularité des points de cueillette en milieu de travail.

En plus des produits cultivés dans leurs serres, Les Fermes Lufa garnissent aussi leurs paniers de pain, de fromage, de viande et d’autres aliments provenant d’une centaine de producteur­s locaux. Actuelleme­nt, la moitié des légumes distribués par Les Fermes Lufa viennent de partenaire­s cultivateu­rs, afin de répondre à la demande.

Si la majorité des revenus de l’entreprise provient de la vente des autres produits, M. Hage considère que les 200 tonnes de légumes récoltés par année dans les deux serres sur toit constituen­t le coeur de son modèle. « C’est ce qui nous distingue, dit-il. On ne peut pas acheter nos tomates ailleurs. Les gens ne s’inscrivent pas avec nous pour le pain : c’est un complément. »

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