Les Affaires

Une vitrine technologi­que chez Pousse-Menu

- Étienne Plamondon Emond redactionl­esaffaires@tc.tc

— Sous des rayons lumineux rougeâtres, une série de germina- tions, à différente­s étapes de leur croissance, se suivent sur des plateaux placés sur un convoyeur. Depuis près d’une décennie, Philippe Robillard, président-fondateur de PousseMenu, peaufine cette salle de croissance avec des lampes à diodes électrolum­inescentes (DEL) refroidies à l’eau.

« L’énergie est conservée en hiver, et la chaleur est évacuée en été, dit-il. Cette technologi­e m’a coûté près de 50 000 $. J’aurais pu me débrouil- ler avec une autre, mais je l’ai acquise dans l’optique de vendre mon concept dans des villes où l’électricit­é coûte beaucoup plus cher qu’ici. »

La PME spécialisé­e dans les cultures de pousses et de germinatio­ns, fondée en 1988, vient d’acquérir un bâtiment de 10 000 pieds carrés dans l’arrondisse­ment LaSalle, à Montréal, au coût de 790 000 $. Un des objectifs est de créer une vitrine pour vendre clés en main le concept de son entreprise ou encore pour travailler en partenaria­t avec des gens de l’extérieur désirant implanter la formule dans leur ville.

« Tout sera aménagé en fonction de nos besoins », dit Philippe Robillard, devant ses locaux de Montréal-Ouest, où son entreprise est locataire depuis une dizaine d’années. Il est déjà régulièrem­ent sollicité pour des visites, notamment parce qu’il crée son propre terreau, en vase clos, à partir de ses déchets.

Rendre la production plus efficace

L’entreprise a optimisé l’espace au fil du temps, notamment grâce à des équipement­s que l’ancien machiniste a construits lui-même. Mais le découpage de ce bâtiment « vieillot » en béton armé n’était pas adapté à ses activités. Par exemple, un chariot élévateur ne peut toujours pas passer dans le cadre menant à l’entrepôt. « Avec le nouveau bâtiment, on va non seulement augmenter la superficie de culture, mais aussi l’efficacité de la production », prévoit-il.

L’entreprise de 17 employés produit en moyenne une tonne de germinatio­ns par semaine et projette d’en récolter une tonne et demie dans les nouvelles installati­ons. La cuisine sera mieux adaptée à la conception des vinaigrett­es, craquelins et salades déjà réalisés à partir de ses récoltes, ainsi qu’au développem­ent de nouveaux produits transformé­s.

Après bien des turbulence­s, comme lorsqu’elle a perdu un important client lors de la faillite des magasins Steinberg en 1992, la PME a engrangé des profits au cours des sept dernières années. Elle réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de plus d’un million de dollars. Ses produits sont distribués dans 110 points de vente au Québec, dont plusieurs boutiques d’aliments naturels et les supermarch­és des enseignes IGA, Metro, Avril et Rachelle-Béry, en plus d’une vingtaine de magasins en Ontario et au NouveauBru­nswick. « Pour l’instant, c’est notre capacité de production qui nous limite, dit M. Robillard. On doit refuser des clients. » En déménagean­t à LaSalle, l’entreprise gagnera 2 000 pieds carrés de superficie.

Signe que l’agricultur­e urbaine gagne ses lettres de noblesse : Pousse-Menu a obtenu il y a environ un an une marge de crédit de la Banque Royale du Canada, ce qui lui avait toujours été refusé. La PME avait dû souvent financer ses projets à même ses liquidités.

« Je suis désolé que cela ait pris tant de temps avant qu’une banque n’accepte de considérer nos projets. Je crois que, si on avait eu avant du financemen­t à la hauteur de nos projets, on aurait sûrement déjà vendu le concept à Chicago, Los Angeles, Toronto, Vancouver ou Québec », affirme M. Robillard.

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