La participation au RVER est moindre que prévu
plus qui disposent d’un régime de retraite », insiste le porte-parole, Frédéric Lizotte.
Les données recueillies présentent toutefois un portrait incomplet de la situation. C’est que Retraite Québec ne comptabilise pas les entreprises qui ont opté pour un autre type de régime que le RVER, comme la loi le leur permet. Il est probable qu’un plus grand nombre d’entreprises s’y sont conformées, d’autant plus que les fournisseurs dénotent tous une augmentation des ventes de REER collectifs, de REER-RPDB (régime de participation différée aux bénéfices) ou d’autres régimes.
Peu d’intérêt à contribuer
Avec le RVER, la contribution de l’employeur est facultative. Parmi les PME qui ont choisi ce régime, une tendance se dégage: une minorité contribue au bas de laine de leurs employés. Luc Grandchamp, associé chez Morneau Shepell, indique que moins de 5% des employeurs le font, tandis que David Charbonneau, de Desjardins, signale que « c’est l’exception ».
« Pour le moment, les entreprises souhaitent seulement s’y conformer, mais c’est un pas dans la bonne direction, juge Jean-François Pelletier, vice-président régional, régimes collectifs de retraite, de la Financière Sun Life. Avant de cotiser, elles doivent s’habituer à offrir un régime. »
Une chose est certaine, cette décision de l’employeur a un impact direct sur la participation des employés. « Peu importe le type de régime, quand l’employeur contribue, plus de 95% des travailleurs épargnent eux aussi pour éviter de laisser de l’argent sur la table, dit Daniel Beaulieu, président de la firme-conseil R.E.G.A.R. Régimes collectifs. Par contre, s’il ne contribue pas, la rétention des employés dans le régime est faible. »
C’est ce qui se produit actuellement dans les entreprises qui ont souscrit à un RVER. « Comme la plupart des employeurs ne cotisent pas, de 60 à 80% des employés se désistent, indique Luc Grandchamp. On a même des clients chez lesquels aucun employé ne participe. C’est décevant, car l’objectif du gouvernement était de favoriser l’accès à un régime de retraite au plus grand nombre. »
Bien sûr, on doit aussi tenir compte de la capacité des gens à épargner. « Dans les entreprises où le salaire moyen est plus élevé, la participation est plus forte », relève Jean-François Pelletier.
Convaincre les employés
Avec le RVER, l’adhésion est automatique, c’està-dire que tous les employés admissibles sont inscrits d’office. Ils peuvent toutefois renoncer à participer en remplissant un formulaire.
Avec ce mécanisme, Québec faisait le pari que la plupart des gens ne se donneraient pas la peine d’accomplir la démarche pour se retirer. Mais les premiers résultats révèlent que le taux de retrait est beaucoup plus important qu’anticipé.
Pour renverser la tendance, le milieu s’accorde à dire que de l’éducation reste à faire auprès tant des travailleurs que des employeurs. « Il faut suggérer aux entreprises d’intégrer à leur programme de rémunération des cotisations au régime de retraite, dit Philippe Toupin. Elles pourraient y aller progressivement en commençant, par exemple, par 0,5%. »
« Elles pourraient aussi remplacer une partie de la hausse salariale par une contribution équivalente dans le régime de retraite », poursuit-il. Cette solution est même plus économique, car chaque dollar versé par l’employeur dans un régime de retraite coûte un dollar (sauf dans un REER), tandis qu’un dollar en salaire coûte plus cher parce qu’il est assujetti aux taxes salariales.
Sans compter qu’un régime de retraite contribue à attirer et à retenir la main-d’oeuvre. « Les avantages sociaux font partie des facteurs évalués par le candidat qui a plusieurs offres d’emploi », affirme Gaétan Veillette, conseiller en assurance et en rentes collectives chez Groupe Investors.
1Qui offre le RVER ?
Seuls les assureurs de personnes, les sociétés de fiducie et les gestionnaires de fonds d’investissement peuvent administrer un RVER. Neuf firmes ont obtenu l’autorisation nécessaire de l’Autorité des marchés financiers : Banque Nationale Trust, Desjardins, Financière Sun Life, iA Groupe financier, London Life, Manuvie, Morneau Shepell, RBC et le Fonds FMOQ (Fédération des médecins omnipraticiens du Québec).
Chaque administrateur peut mettre en marché un RVER, le même pour tous ses clients (cette disposition pourrait être modifiée à partir de 2018). Vous pouvez souscrire un RVER directement auprès de celui-ci ou encore auprès d’un conseiller en régimes de rentes collectives, en sécurité financière ou en régimes d’assurance collective.