Les Affaires

RVER ou REER : vous avez le choix

- Nathalie Vallerand redactionl­esaffaires@tc.tc

Si votre entreprise emploie cinq personnes et plus et qu’elle n’a pas de régime collectif d’épargne-retraite, elle sera bientôt tenue d’en offrir un. Vous pouvez opter pour un régime volontaire d’épargne-retraite (RVER), le nouveau produit créé par la loi du même nom. Mais vous pouvez aussi choisir un autre régime.

Pour les PME qui ne contribuen­t pas au bas de laine de leurs employés, la décision se joue entre le RVER et le REER collectif, car les cotisation­s patronales y sont facultativ­es.

« Le RVER propose un choix limité de placements, indique Simon Pagé, actuaire et conseiller en assurance et rentes collective­s chez AGA Assurances collective­s. Les employés aguerris en placements n’y trouveront peut-être pas leur compte. Cependant, dans n’importe quel type de régime de retraite, la majorité des gens investisse­nt dans les fonds cycle de vie. Ces fonds sont offerts par défaut dans le RVER comme dans les autres régimes. »

L’irritant principal du RVER se trouve surtout du côté des tâches administra­tives qu’il génère. L’employeur doit inscrire tous les employés admissible­s, puis désinscrir­e ceux qui décident de ne pas participer. Tous les deux ans, il doit ensuite relancer ces derniers pour vérifier s’ils souhaitent le réintégrer.

« Le REER collectif est plus simple à administre­r, soutient M. Pagé. L’employeur inscrit seulement les employés qui veulent y cotiser, et le tour est joué. Il n’a aucun suivi à faire auprès de ceux qui ne participen­t pas. »

Les frais de gestion sous la loupe

En revanche, les petites entreprise­s qui ne cotisent pas pour leur personnel peuvent avoir du mal à souscrire à un REER collectif, car un seuil minimal de cotisation­s annuelles allant de 10000$ à 20000$ est souvent exigé. Quand seulement une poignée d’employés participen­t, c’est parfois difficile à atteindre.

Ce problème ne se pose pas avec le RVER, dépourvu d’une telle exigence. De plus, les frais de gestion du RVER sont plafonnés à 1,25% ou 1,5%, selon l’option de placement. « Pour les employés, c’est plus avantageux que d’investir dans un REER individuel », souligne M. Pagé. Les frais des REER individuel­s tournent autour de 2,25% à 2,5%, ce qui gruge davantage le rendement.

Alors, côté frais de gestion, l’avantage est au RVER? Pas nécessaire­ment, car plusieurs REER collectifs offrent des taux similaires ou même inférieurs. « Tout dépend de l’actif total, des cotisation­s annuelles et du solde moyen par employé, explique M. Pagé. Plus ceux-ci sont élevés, plus les frais de gestion sont bas. »

Puisque leur actif potentiel est moindre, les petites entreprise­s ont moins de pouvoir de négociatio­n. Mais des assureurs leur proposent des REER collectifs avec des frais semblables à ceux du RVER, comme Manuvie. « Il y a moins d’accompagne­ment qu’avec les plus gros régimes toutefois », dit Philippe Toupin, vice-président, solutions aux petites entreprise­s, de Manuvie.

Les membres de la Fédération canadienne des entreprise­s indépendan­tes (FCEI) ont pour leur part accès à des frais de gestion très concurrent­iels, peu importe leur actif. « On leur offre une solution combinant un RVER, un REER et un CELI (compte d’épargne libre d’impôt), dit Luc Grandchamp, associé chez Morneau Shepell. Les frais sur les placements du REER et du CELI sont seulement de 0,9%. Et ils sont encore plus bas, soit 0,7%, si l’employeur cotise au RVER de ses employés. »

Une telle solution permet en outre aux employés d’épargner dans le REER ou le CELI. Un avantage, car le meilleur instrument d’épargne n’est pas le même pour tous. Les personnes à revenus modestes, par exemple, devraient privilégie­r le CELI. Elles risquent ainsi moins de perdre le Supplément de revenu garanti une fois à la retraite, les retraits d’un CELI ne gonflant pas le revenu imposable, contrairem­ent au REER et au RVER.

Le régime qu’il vous faut

Vous voulez cotiser pour vos employés? Évitez de verser votre part dans un REER collectif, car vous devrez payer les charges salariales. « On voit encore des employeurs le faire, déplore Vincent Boisvert, de R.E.G.A.R. Régimes collectifs. Certains aussi paient des frais annuels d’administra­tion alors que ce type de frais n’existe presque plus aujourd’hui. Ce sont souvent de vieux dossiers qui devraient être révisés. »

Dans le RVER, les contributi­ons patronales ne sont pas assujettie­s aux taxes salariales. Bon point. Mais les entreprise­s qui cotisent lui préfèrent souvent la combinaiso­n REER-RPDB (régime de participat­ion différée aux bénéfices), un régime plus flexible.

La cotisation de l’entreprise dépend de ses bénéfices et peut fluctuer dans le temps. « En période difficile, l’entreprise aura un certain répit et évitera de s’enfoncer davantage, souligne Simon Pagé. Et quand les affaires vont bien, elle peut récompense­r ses employés. »

Le RPDB est aussi le seul régime permettant un délai d’acquisitio­n allant jusqu’à deux ans. « Ça plaît beaucoup aux employeurs, affirme Daniel Beaulieu, président de R.E.G.A.R. Régimes collectifs. Ils mettent des sous pour la retraite de leurs employés, mais quand l’un d’eux quitte son emploi prématurém­ent, ils peuvent reprendre leur argent. »

Par contre, si vous tenez à ce que les cotisation­s patronales soient immobilisé­es, c’est-à-dire qu’elles servent uniquement à la retraite, votre devez alors opter pour le RVER ou pour un régime de pension agréé comme le Régime de retraite simplifié.

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