Les Affaires

Près de 4 000 emplois perdus en un an

- Anne Gaignaire redactionl­esffaires@tc.tc

Près de 4 000 emplois ont été perdus depuis un an au sein des 30 firmes de génie les plus importante­s du Québec, selon les données compilées par Les Affaires (3 957, précisémen­t). Un résultat qui démontre que l’industrie n’est pas encore totalement sortie de la crise.

Le palmarès du trio de tête des firmes qui comptent le plus d’employés est le même qu’en 2015, soit SNC-Lavalin, WSP Global et Tetra Tech.

SNC-Lavalin bénéficie de son modèle intégré

SNC-Lavalin, qui a annoncé au début d’août un résultat net de 88,5 millions de dollars pour le deuxième trimestre de 2016, comparativ­ement à 26,5 M$ pour la période correspond­ante de 2015, conserve la première place avec 3 846 employés au Québec, malgré des pertes de 1 154 emplois de 2015 à 2016. Une baisse que la firme explique par l’impartitio­n de son service des technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion (TIC) à CGI en cours d’année, dans le but de recentrer ses activités sur son expertise propre.

La firme tient la barre grâce à son modèle intégré. « Notre force, c’est de pouvoir faire les investisse­ments, la conception, la constructi­on et de maintenir l’unité par la suite. On peut aller du plan stratégiqu­e jusqu’à la décontamin­ation des sols », dit Marc Rivard, vice-président directeur, ingénierie des infrastruc­tures, de SNC-Lavalin. Mais dans ces temps troubles, la société se montre prudente : « Pour gérer nos risques, on noue des partenaria­ts, par exemple avec des firmes en constructi­on très spécialisé­es », poursuit Marc Rivard.

SNC-Lavalin, dont la valeur du carnet de commandes se chiffrait à 12,5 milliards de dollars à la fin de juin 2016, travaille à de nombreux chantiers, dont celui du pont Champlain et la ligne de train léger sur rail Eglinton Crosstown, dans la région de Toronto. Par conséquent, la firme, qui a recruté 520 personnes pour le chantier du pont Champlain depuis 2014, affirme avoir un effectif stable, hormis le départ de ses ressources en TIC, et « des perspectiv­es d’embauche pour les prochains mois », selon le vice-président.

La croissance pourrait prendre un nouveau virage dans les prochains mois, puisque SNC-Lavalin a créé un nouveau poste de chef du développem­ent d’entreprise en juin dernier « dans le but d’accroître notre présence à l’internatio­nal et de faire des acquisitio­ns », dit M. Rivard.

« On voulait d’abord montrer qu’on pouvait nous faire confiance avant d’aller plus loin. On a pris du recul, et on est toujours aux aguets et en train de nous reposition­ner selon les cycles des différents marchés », ajoute-t-il.

Hauts et bas du marché

En deuxième position, WSP Global, qui participe aux chantiers de l’échangeur Turcot et du pont Champlain (comme sous-traitant), fait partie des 12 firmes à avoir affiché un gain d’emplois cette année : elle a connu une progressio­n de près de 7 % de son effectif, pour atteindre le cap de 2 500 employés au Québec.

Stantec (4e rang), qui a acquis les actifs canadiens d’ingénierie de Dessau en janvier 2015, a gagné une place en raison du maintien de ses marchés traditionn­els au Québec, où la firme possède 25 bureaux, indique Rebecka Fortin, chef d’équipe, communicat­ions, Québec, chez Stantec. La firme est engagée dans les grands travaux au pont Champlain et dans le métro de Montréal, mais aussi sur plusieurs chantiers dans le secteur de la santé, dont la constructi­on du nouveau pavillon de l’hôpital de Saint-Jérôme.

Dans l’ensemble, les firmes qui ont descendu dans le palmarès (15) sont plus nombreuses que celles qui ont gravi des échelons (7). Celle qui a le plus gagné d’employés (+ 30,4 %) est Beaudoin-Hurens, passée de la 16e à la 14e place, avec 300 employés. La firme, spécialisé­e notamment dans l’environnem­ent, s’est taillé une place sur les marchés municipaux.

« On a saisi l’occasion qui s’est créée en raison du départ de plusieurs firmes impliquées dans les scandales », explique Norman Hurens, directeur général de Beaudoin-Hurens. L’entre- prise a aussi profité de sa taille moyenne, du fait qu’elle est une société québécoise à l’heure où plusieurs firmes se faisaient racheter par des intérêts étrangers, et d’une image sans tache : elle clame qu’elle a été la première à avoir obtenu l’autorisati­on de l’Autorité des marchés financiers quand celle-ci a été rendue obligatoir­e pour pénétrer ce marché pourtant difficile.

La firme travaille actuelleme­nt sur le chantier de la Place Bell à Laval ainsi que sur des chantiers relativeme­nt à des écoles et des complexes sportifs. Elle tire son épingle du jeu grâce à certaines spécialité­s, par exemple la démolition d’ouvrages d’envergure, les travaux dans les aéroports ou encore les complexes aquatiques.

Beaudoin-Hurens aimerait prendre de l’expansion hors du Québec, notamment dans le reste du Canada et aux États-Unis, ce que rend possible l’augmentati­on de ses effectifs et de son chiffre d’affaires, en croissance annuelle d’environ 12 % ces trois dernières années. « Avant, on n’avait pas la taille suffisante », juge M. Hurens.

Les autres firmes du palmarès ont été stables ou ont perdu des emplois de façon modérée ou dans des proportion­s importante­s. Ainsi, Johnston-Vermette (30e) qui, sur des marchés traditionn­els en perte de vitesse comme les mines ou le gaz et pétrole, a perdu 41,7 % de ses effectifs pour passer de 60 à 30 employés.

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