Les Affaires

Les firmes remboursen­t au compte-gouttes

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc directeur général de Beaudoin Hurens

Il ne reste que deux mois aux firmes voulant se prévaloir du programme de remboursem­ent volontaire (PRV) mis en place par le gouverneme­nt du Québec. Ce programme vise à récupérer les sommes payées injustemen­t par des organismes publics en raison de fraudes perpétrées dans le cadre de contrats publics.

Le principe: les entreprise­s qui considèren­t qu’elles ont perçu des sommes supérieure­s à ce qu’elles auraient dû recevoir dans le cadre d’un contrat passé avec un organisme public au cours des 20 dernières années peuvent déposer une déclaratio­n d’intention de remboursem­ent à l’organisme ou demander un règlement global pour un ensemble de donneurs d’ordres publics. Dans ce dernier cas seulement, la démarche des firmes est rendue publique.

Depuis l’entrée en vigueur du PRV, en novembre 2015, six entreprise­s de constructi­on ont déposé une déclaratio­n d’intention pour une quittance globale. Il s’agit, dans le domaine de la constructi­on, de Constructi­on DJL, de Constructi­on Frank Catania et de Constructi­on IREBEC (ex-Mivela Constructi­on) et, dans le secteur du génie, de CIMA+, de Corporoche, dont fait partie Norda Stelo (exRoche), et de SNC-Lavalin. Impossible de connaître le nombre de sociétés qui auraient déposé des propositio­ns plus parcellair­es.

Quant aux sommes en jeu, le processus de négociatio­n est confidenti­el. Or, « il faut de 240 à 270 jours pour aboutir à un règlement final. On ne connaîtra donc qu’en 2017 les montants issus des différente­s ententes », explique Anne Dongois,

Plus que deux mois pour déclarer son intention

Les firmes ont jusqu’au 1er novembre 2016 pour signifier leur intention de participer au PRV et jusqu’au 2 novembre 2017 pour en arriver à un règlement. « Les entreprise­s qui s’engagent dans ce processus évitent d’éventuelle­s poursuites au civil, mais pas au criminel ni au pénal, le cas échéant », précise Anne Dongois.

Le programme ne couvre pas seulement les firmes de génie et de constructi­on, mais tout contrat conclu avec des organismes publics au cours des 20 dernières années. Il pourra donc y avoir des démarches concernant d’autres secteurs.

L’équipe de l’administra­teur du programme, François Rolland, ancien juge à la Cour supérieure du Québec, « fait beaucoup de sensibilis­ation non seulement auprès des firmes de génie, mais également auprès des organismes publics, notamment les villes, pour les inciter à revoir leurs contrats des 20 dernières années. C’est le moment d’envoyer des mises en demeure aux entreprise­s quand cela leur semble pertinent », explique Anne Dongois.

La Ville de Montréal a d’ores et déjà lancé plus de 300 mises en demeure à des sociétés et intenté une poursuite contre l’entreprise Sintra, qui refusait de s’engager dans le processus proposé par le programme, alors que la Ville l’avait sommée de le faire.

L’Associatio­n des firmes de génie-conseil recommande à ses membres de participer au programme. « On espère qu’elles saisiront cette occasion de tourner la page. C’est une opportunit­é qui se présente d’offrir un règlement à la société », estime André Rainville, le pdg de l’Associatio­n.

C’est dans cet esprit que SNC-Lavalin s’est engagée dans le programme en mai dernier. « Dès 2012, une grande réflexion a eu lieu chez SNC-Lavalin, indique Louis-Antoine Paquin, porte-parole. On a toujours dit qu’on voulait en venir à une entente. Le programme de remboursem­ent volontaire est le cadre parfait pour y arriver. »

D’autres entreprise­s déclareron­t probableme­nt leur intention au cours des prochaines semaines. Certaines sont encore en réflexion. « Le dilemme pour nous est de nous positionne­r correcteme­nt afin de clore la crise. On veut participer au processus pour prouver qu’on n’a pas gagné d’argent illégaleme­nt. Par contre, le simple fait de s’y engager pourrait faire croire qu’on a quelque chose à se reprocher », explique Norman Hurens, directeur général de Beaudoin Hurens.

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