« On vend 50% de nos voitures d’occasion à des Ontariens »
– Gilles Poirier,
Elle est révolue depuis longtemps l’époque où une seule voiture suffisait pour toute la famille, en particulier pour les ménages de la banlieue. En 2015, 8 227 294 voitures étaient immatriculées au Québec, selon Statistique Canada, alors que le ministère de la Famille recensait 6 243 540 Québécois vivant au sein d’une famille.
Dans un même foyer, il n’est pas rare que tous les membres en âge de conduire possèdent leur propre voiture. Or, ce véhicule, qui sera souvent le deuxième ou même le troisième de la famille, n’a pas à avoir le même prestige que la voiture principale. Évidemment, si votre véhicule principal est une Rolls-Royce Phantom, votre second véhicule pourrait très bien être un Range Rover d’à peine plus de 100 000$. Un parent pauvre, quoi. Et aux enfants qui commencent l’université, pourquoi ne pas offrir une petite BMW Série 3? Cependant, la réalité est autres les Chevrolet Impala et Malibu, la Buick Regal, la Ford Fusion et la Nissan Maxima; toutes se révèlent fiables, confortables et technologiquement au point.
Cependant, deux modèles se distinguent particulièrement à ce chapitre. Tout d’abord, la Subaru Legacy et sa contrepartie familiale, l’Outback. Dotée d’un six-cylindres à plat de 256chevaux, elle est puissante, et sa consommation, moyenne, pour un utilisateur qui parcourt davantage de kilomètres sur la grande route que dans la ville, peut se situer aux alentours de 8,0ou 8,5 litres (L). Il existe aussi un quatre-cylindres de 2,5 L, mais il est moins puissant, moins raffiné et moins fiable. Toutefois, il consomme environ un litre de moins tous les 100 kilomètres.
Qui dit Subaru dit rouage intégral. Ce dernier assure un niveau de sécurité très élevé lorsque les conditions de la route se détériorent, un élément à ne pas négliger, surtout si vos déplacements vous amènent souvent dans des régions nordiques.
La Toyota Avalon est une autre option intéressante. Son habitacle offre un confort royal et un silence quasi monacal. Le V6 de 3,5 L qui loge sous le capot n’est pas le plus moderne qui soit, mais il autorise des accélérations et des dépassements rapides, donc sécuritaires. Sur la grande route, il est tout à fait envisageable d’atteindre une consommation de 8,0 ou même 7,5 L tous les 100 km. De plus, la légendaire fiabilité Toyota vous assurera la paix de l’esprit.
Les concessionnaires automobiles situés près des frontières provinciales doivent composer avec des réalités propres à leur marché. C’est le cas de Gilles Poirier, propriétaire de la concession Hull Hyundai, en Outaouais. Dans la région de Gatineau, près du quart des voitures immatriculées au Québec ont été achetées en Ontario.
– Pourquoi les gens préfèrent-ils acheter leurs véhicules en Ontario? Est-ce pour échapper à la TVQ? GILLES POIRIER –
Ceux qui souhaitent le faire pour cette raison sont déçus. Il existe une entente faisant en sorte que les consommateurs québécois qui achètent une voiture en Ontario n’échappent pas à la taxe provinciale du Québec. En fait, d’autres raisons expliquent cette situation. La première : les consommateurs ont l’habitude d’acheter leur véhicule chez un concessionnaire près de leur domicile ou près de leur milieu de travail. Et dans la région, le premier employeur est le gouvernement fédéral, dont les bureaux se trouvent en majorité de l’autre côté de la rivière des Outaouais, à Ottawa et dans les environs.
L.A. – Les prix sont-ils plus alléchants en Ontario? G.P. –
Au Canada, les prix des voitures sont semblables d’une province à l’autre. Il arrive néanmoins, une à deux fois par année, que les promotions du constructeur diffèrent en Ontario et au Québec. Par exemple, à l’approche de l’automne, les pneus d’hiver seront offerts sur les modèles neufs achetés de ce côté-ci de la frontière. En Ontario, le constructeur proposera plutôt un rabais sur un modèle donné. Plusieurs consommateurs qui travaillent en Ontario regardent d’abord sur le Web les promotions offertes du côté d’Ottawa.
ter le nombre de véhicules automobiles « zéro émission » au Québec? G.P. –
Le gouvernement québécois compte imposer un système de crédits aux constructeurs pour qu’ils atteignent des quotas de vente. Je crains, comme plusieurs concessionnaires de l’Outaouais, que ces crédits soient assumés par nous. Ce qui risque d’augmenter le prix des voitures québécoises de 500$, de 1000$, voire de 2000$. En fait, ce sera un problème non seulement pour les concessionnaires qui se trouvent près de la frontière de l’Ontario, mais aussi pour ceux qui se situent près du Nouveau-Brunswick.
L.A. – En attendant, comment récupérer la clientèle qui achète en Ontario? G.P. –
En offrant un excellent service à la clientèle lors des entretiens mécaniques et des changements de pneus. Car, s’ils achètent de l’autre côté de la frontière, c’est au Québec que ces consommateurs feront effectuer, la plupart du temps, leurs travaux d’entretien du véhicule. Au Qué- bec, le tarif horaire des techniciens est d’au moins 15% moins cher que celui de leurs collègues de l’Ontario. Notre équipe technique a donc tout avantage à se surpasser pour convaincre les clients de revenir nous voir après l’achat de leur prochaine voiture.
L.A. – Cela constitue-t-il le seul avantage d’être à proximité de l’Ontario? G.P. –
Il y en a un autre. Notamment, le marché des véhicules d’occasion. En règle générale, le prix d’un véhicule de seconde main pour un modèle de même marque, de même kilométrage, de même couleur, de même année, sera 10% moins cher au Québec qu’en Ontario. Bien que l’on vende à peine plus de 5% de nos véhicules neufs à des consommateurs ontariens, ces derniers comptent pour 50% de notre clientèle du marché des véhicules d’occasion. Cette clientèle peut venir d’aussi loin que de Cornwall, ou de Kingston qui se trouve à deux heures de route de Gatineau, pour acheter un modèle précis.