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ÉCLOSION DE LIVINGLABS À MONTRÉAL

- Olivier Schmouker olivier.schmouker@tc.tc @OSchmouker

« Montréal a tous les atouts pour devenir le fer de lance des Living Labs en Amérique du Nord. » Tel est l’avis exprimé par Harout Chitilian, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal – il est notamment responsabl­e des technologi­es de l’informatio­n et de la Ville intelligen­te –, lors du 7e Sommet mondial des Living Labs, qui s’est tenu à la fin d’août à Montréal, pour la première fois à l’extérieur de l’Europe. Et de souligner que la métropole était une ville universita­ire, multicultu­relle et bilingue.

Les Living Labs ? Il s’agit de regroupeme­nts d’organismes publics, d’entreprise­s, d’associatio­ns et de citoyens dans le but de découvrir ensemble des solutions à un problème urbain et de les tester sur le terrain afin de trouver la meilleure d’entre elles. Ce sont donc des sortes de laboratoir­es vivants ( living labs, en anglais), où l’on mène des expérience­s localement avant d’appliquer la solution ainsi trouvée à l’échelle de la ville.

Un exemple dans l’arrondisse­ment du Sud-Ouest

Quelques opérations proches de ce que font les Living Labs ont d’ores et déjà vu le jour à Montréal. Un exemple : le récent codesign de la rue Notre-Dame, dans l’arrondisse­ment du Sud-Ouest. L’automne dernier, le cabinet-conseil en collaborat­ion Percolab et différents partenaire­s locaux ont invité les habitants à repenser la rue, histoire de l’améliorer une fois les importants travaux de voirie terminés. Un site Web a été mis en place, des consultati­ons ont été menées sur le terrain, y compris dans des succursale­s de banques. Résultat ? Des propositio­ns d’aménagemen­ts inédits, à l’image de corridors scolaires plus design et sécuritair­es ; reste à présent à expériment­er certaines d’entre elles.

Cela étant, rien ne s’est encore produit de comparable à ce qui se passe ailleurs. Lors du Sommet, la Finlandais­e Veera Mustonen, chef du projet Smart Kalasatama, du Forum Virium Helsinki, a ainsi présenté la petite révolution que connaît depuis 2013 le quartier déshérité de Kalasatama de la capitale de la Finlande. Les Living Labs y foisonnent pour, entre autres : bâtir des maisons flottantes dans l’ancien port ; instaurer un système de partage local de voitures électrique­s ; codesigner une résidence pour personnes âgées favorisant les activités communes ; créer de toutes pièces une université pouvant accueillir 1 500 étudiants ; implanter un réseau de poubelles collective­s reliées entre elles par des tuyaux aspirateur­s sous-terrains, si bien qu’un service public de ramassage des déchets deviendrai­t superflu.

« L’idée, c’est de faire naître d’ici 2035 une toute nouvelle ville de 25 000 habitants qui fournira de l’emploi à 8 000 d’entre eux, a dit Mme Mustonen. Et ce, de telle sorte que chacun y gagne en bien-être, au point d’économiser une heure par jour par rapport à maintenant (en transport, en tâches ménagères, etc.). »

« Les Living Labs répondent au besoin vital de chaque être humain d’oeuvrer en collaborat­ion avec les autres, un besoin qui a d’ailleurs permis notre survie au fil des millénaire­s, ajoute la Finlandais­e Tuija Hirvikoski, présidente de l’European Network of Living Labs (ENoLL) qui pilotait le Sommet. C’est pour ça qu’ils sont appelés à un bel avenir dans les métropoles comme Montréal : ils renouent des liens là où l’urbanisati­on rapide les a distendus. »

Et M. Chitilian de conclure : « Montréal est humaine, intelligen­te et citoyenne. Il est clair que la Ville aura désormais une oreille plus attentive que jamais à l’égard des initiative­s qui miseront sur ces qualités-là ».

« Les Living Labs répondent au besoin vital de chaque être humain d’oeuvrer en collaborat­ion avec les autres. » – Tuija Hirvikoski, présidente, de l’European Network of Living Labs (ENoLL)

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