Les Affaires

OBJECTIF 2030

Hydroélect­ricité, gaz naturel, biomasse, hydrogène, énergies éolienne et solaire. Portrait d’une transition annoncée, filière par filière.

- Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc Un guichet unique

La transition énergétiqu­e annoncée par Québec est bel et bien en marche. Et elle a le pouvoir de dynamiser l’ensemble de son économie et de ses régions. « C’est la Baie-James du 21e siècle! Le Québec a la possibilit­é d’en faire un moteur économique aussi grand que l’a été ce projet au siècle dernier », s’enthousias­me Jean-François Samray, pdg de l’Associatio­n québécoise de la production d’énergie renouvelab­le (AQPER).

Réduire de 40% la quantité de produits pétroliers consommés, augmenter de 25% la production totale d’énergies renouvelab­les, accroître de 50% la production de bioénergie, éliminer l’utilisatio­n du charbon thermique, améliorer de 15% l’efficacité énergétiqu­e: la politique énergétiqu­e du Québec nourrit de grandes ambitions.

Le Québec est l’un des plus grands consommate­urs d’énergie du monde, au prorata de sa population. En 2013, la consommati­on totale d’énergie de la province a atteint 40 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), soit une hausse de 1,6% par rapport à 2012. Mais les énergies renouvelab­les comblent près de la moitié de ses besoins énergétiqu­es. À 47%, cette part surpasse celle de la majorité des pays du monde.

Néanmoins, Québec souhaite hausser la part des énergies renouvelab­les à 61% de toute l’énergie consommée. « Le Québec a toutes les ressources et l’expertise requise pour être un des leaders en énergie renouvelab­le », dit M. Samray.

Miser sur l’internatio­nal

Hydro-Québec, qui compte doubler ses revenus au cours des 15 prochaines années, sera au coeur de cette transition. « La Politique énergétiqu­e confirme le rôle primordial d’Hydro-Québec comme moteur du développem­ent économique du Québec », commente son pdg, Éric Martel.

Patrick Lemaire, président et chef de la direction de Boralex, se réjouit d’ailleurs de voir le plan stratégiqu­e d’Hydro-Québec faire de la place au développem­ent de l’énergie éolienne. La société d’État « aura besoin d’autres types d’énergie que l’hydroélect­ricité pour satisfaire ses besoins d’exportatio­n », précise-t-il.

Les différente­s filières énergétiqu­es québécoise­s n’auront d’ailleurs d’autres choix que de miser davantage sur les marchés étrangers pour assurer leur développem­ent. « En ces périodes de surplus énergétiqu­e, l’industrie doit exporter sa production, mais aussi son expertise », note Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal. Le Québec entend consacrer quatre milliards de dollars d’ici 2030 à la réalisatio­n de ses objectifs en matière d’énergie. Un nouvel organisme, Transition énergétiqu­e Québec, aura le mandat de coordonner tous les services et programmes de subvention­s offerts aux particulie­rs, aux entreprise­s et aux institutio­ns.

La mise en place de ce guichet unique réjouit Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec. « Il y avait des programmes d’efficacité énergétiqu­e dans presque tous les ministères. C’était facile de se perdre ou, pire, de ne pas recevoir de contributi­on financière parce que les délais d’approbatio­n avaient été trop longs », dit-il en exemple.

Pourtant, il n’y a plus de temps à perdre pour agir. « Pour atteindre les objectifs visés par la politique, il faut s’y mettre dès maintenant », indique Jean-François Samray.

« C’est assez unique, en Amérique du Nord, d’avoir un gouverneme­nt qui s’engage aussi fermement à atteindre des objectifs importants de réduction de gaz à effet de serre », constate PierreOliv­ier Pineau. Mais, ajoute-t-il, « réduire la consommati­on de pétrole de 40%, c’est énorme. Ce n’est pas un défi technique, mais davantage une question de culture et d’organisati­on ».

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