Les Affaires

Une énergie de transition au rôle important

Les sources d’énergie de Gaz Métro au Québec

- Antoine Dion-Ortega redactionl­esaffaires@tc.tc Prévoir la demande future

Loin de le mettre dans le même panier que le pétrole, la politique énergétiqu­e du Québec fait du gaz naturel une « énergie de transition », appelée à jouer un « rôle important au cours des prochaines décennies ».

Le gouverneme­nt agit sur trois volets : étendre le réseau gazier sur le territoire ; développer la filière du gaz naturel liquide (GNL) et soutenir la filière émergente du « gaz naturel renouvelab­le », c’est-à-dire le biométhane obtenu en raffinant le biogaz qu’émettent les différente­s biomasses.

En ce qui concerne le premier volet, Québec a demandé à Gaz Métro de se doter d’une marge de capacité de transport équivalent­e à 10 % du volume de l’offre. Pour ce faire, Gaz Métro prévoit bâtir de nouveaux gazoducs et, quand ce n’est pas immédiatem­ent possible, augmenter sa capacité de compressio­n sur le réseau existant.

Le gouverneme­nt a également investi 50 millions de dollars dans le projet d’expansion de l’usine de GNL de Gaz Métro à Montréal-Est, dont la mise en service graduelle cet été aura pour effet à terme de tripler l’offre à destinatio­n des régions éloignées ou de la Route bleue (pour les camions convertis au gaz naturel).

On espère que l’exemple du projet minier Renard, dont les génératric­es fonctionne­nt au GNL, fasse boule de neige dans le secteur industriel. ArcelorMit­tal a suivi le mouvement et teste actuelleme­nt un projet de conversion au GNL à son usine de bouletage de Port-Cartier, sur la Côte-Nord.

Gaz Métro aux premières loges de la transition

Lors des consultati­ons sur le projet de loi 106 qui se sont tenues à la mi-août, Gaz Métro s’est montrée généraleme­nt satisfaite du rôle que lui confère le gouverneme­nt dans sa politique énergétiqu­e.

Principal acteur de cette filière au Québec, elle distribue près de 97 % du gaz naturel consommé dans la province. Les autres acteurs sur ce marché sont mineurs, tels que Gazifère, en Outaouais, filiale d’Enbridge qui emploie 93 employés, et Stolt LNGaz qui a un projet d’usine de liquéfacti­on à Bécancour.

Gaz Métro a néanmoins exprimé des réserves sur l’utilité du nouvel organisme Transition énergétiqu­e Québec (TEQ), qui doit veiller à ce que Québec atteigne les objectifs de sa politique énergétiqu­e 2030. Gaz Métro estime en effet que, pour être vraiment utile à tout le monde, TEQ devra éviter de réinventer la roue et prendre acte de ce qui a déjà été fait. « On a déjà une grande expertise pour ce qui est de l’efficacité énergétiqu­e, a expliqué Catherine Houde, conseillèr­e, médias et affaires publiques chez Gaz Métro. On a été le premier distribute­ur à se doter d’un plan à l’interne, en 2001. On a évité depuis une consommati­on de 400 millions de mètres cubes de gaz naturel, ce qui représente l’émission de 900 000 tonnes de gaz à effet de serre. On ne voudrait pas que ces gains soient dissipés par TEQ. »

Selon elle, il faudra que l’organisme reconnaiss­e « les erreurs et les bons coups » de chacun s’il veut être à la hauteur des attentes et ainsi « servir à tout le monde ».

D’autant que Gaz Métro ignore le montant de la quote-part qu’elle devra payer pour financer la nouvelle initiative de Québec. Les contributi­ons que versent les distribute­urs d’énergie afin de financer l’effort d’efficacité énergétiqu­e du gouverneme­nt n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières années. Si la création de TEQ devait faire grimper la facture davantage, Gaz Métro aimerait au moins en avoir pour son argent.

« En 2013-2014, la quote-part s’élevait à 30,5 M$, dont 1,3 M$ pour le gaz naturel, dit Catherine Houde. Deux ans plus tard, elle est de 48 M$, dont 10 M$ en ce qui concerne le gaz naturel. On essaie de protéger notre clientèle des hausses de la facture. » L’augmentati­on de l’offre de Gaz Metro sur le territoire passera en partie par des projets d’expansion de réseau. Gaz Métro a ainsi annoncé en juin 2015 un prolongeme­nt de son gazoduc entre Lévis et Sainte-Claire, dans la région de Bellechass­e – une expansion de 72 kilomètres. Dans une moindre mesure, elle a également lancé en août des travaux de prolongeme­nt de son gazoduc à Asbestos.

Sur les réseaux existants, Gaz Métro misera sur des projets de compressio­n, comme en témoignent les travaux de mise à niveau et d’installati­on d’un nouveau compresseu­r au poste de Saint-Maurice ainsi que la constructi­on d’un nouveau poste à La Tuque, en Mauricie, afin d’augmenter l’offre vers le Saguenay .

Quant à la clientèle éloignée, on pourra toujours l’approvisio­nner en gaz naturel liquéfié (GNL) par le réseau routier, à l’instar de la mine Renard. « C’est une solution rapide et disponible dès maintenant, contrairem­ent aux projets de gazoducs, qui impliquent de longs délais de constructi­on », a dit Mme Houde.

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