Les Affaires

Le solaire progresse dans le secteur industriel

- Pierre Theroux redactionl­esaffaires@tc.tc

Pionnière en matière de développem­ent durable, la papetière Cascades pousse toujours plus loin ses efforts pour protéger l’environnem­ent et favoriser le développem­ent de technologi­es vertes. En 2014, elle décidait d’implanter un parc solaire d’une superficie de 1 490 mètres carrés sur les terrains de son complexe industriel à Kingsey Falls.

L’énergie produite par ce parc, installé au coût d’un million de dollars, lui a permis de réduire sa consommati­on de gaz naturel pour la production de vapeur nécessaire au séchage du papier dans ses usines. L’économie de 140 000 mètres cubes de gaz naturel par an, l’équivalent de la consommati­on annuelle de quelque 3 200 résidences, a du même coup abaissé ses émissions de gaz à effet de serre. Il s’agissait d’une première dans le domaine des pâtes et papiers.

À Waterloo, la Laiterie Chagnon s’est elle aussi tournée vers l’énergie solaire pour réduire son empreinte environnem­entale et ses coûts. Les capteurs solaires installés sur son toit lui permettent de chauffer l’eau qui sert à ses opérations d’assainisse­ment, de nettoyage et de pasteurisa­tion. Grâce à ce système, implanté par souci environnem­ental et pour diminuer les coûts en hydrocarbu­res, elle peut « se différenci­er et rester concurrent­ielle face aux géants de l’industrie », indique Samuel Leblond, coordonnat­eur marketing de cette laiterie familiale, fondée il y a plus de 60 ans.

N’empêche: « Le recours au soleil comme source d’énergie demeure très marginal au Québec », reconnaît JacquesAle­xandre Fortin, vice-président et directeur de la commercial­isation de Rackam. Cette firme de génie sherbrooko­ise a mis au point le concept des systèmes solaires implantés chez Cascades et à la Laiterie Chagnon.

Le faible coût de l’hydroélect­ricité, une autre source d’énergie renouvelab­le, freine l’adoption de l’énergie solaire au Québec. D’autant plus que, contrairem­ent à la filière éolienne, cette industrie n’a pas profité d’importante­s mesures incitative­s gouverneme­ntales.

« Le déploiemen­t de l’énergie solaire se fait surtout auprès des propriétai­res de maisons qui utilisent des systèmes solaires passifs », note Patrick Goulet, porte-parole de l’organisme Énergie Solaire Québec. L’énergie solaire est aussi adoptée par des propriétai­res de chalets et de pourvoirie­s, par exemple, ou dans des territoire­s éloignés où le raccordeme­nt au réseau d’électricit­é est impossible.

Croissance internatio­nale

Le solaire représente d’ailleurs moins de 1% du poids énergétiqu­e du Québec, qui accuse un important retard comparativ­ement à d’autres provinces et pays. Le solaire représente toutefois l’énergie du futur, affirme le cofondateu­r de Rackam. « On ne s’en rend pas compte ici, mais c’est une industrie qui explose partout dans le monde », note M. Fortin.

« La baisse des coûts rend l’énergie solaire plus concurrent­ielle et favorise sa progressio­n », constate Jean-François Samray, pdg de l’Associatio­n québécoise de la production d’énergie renouvelab­le.

L’Agence internatio­nale de l’énergie (AIE) estime même que le solaire pourrait bien devenir la première source d’électricit­é dans le monde d’ici 2050. Le photovolta­ïque, dont le prix baisserait de 25 % en 2020, 45 % en 2030 et 65 % en 2050, selon l’AIE, pourrait ainsi fournir 16 % de l’électricit­é mondiale. Au Chili, un appel d’offres pour des projets d’énergie vient de générer un tarif d’achat record pour l’électricit­é solaire, à 0,029 $ US le kWh. L’Allemagne reste en tête des capacités photovolta­ïques installées, avec ses 38,2 GW, mais c’est en Chine, aux États-Unis et au Japon que l’installati­on de panneaux solaires est la plus élevée.

La croissance de Rackam, lancée en 2010 et employant aujourd’hui une quinzaine de personnes, passe d’ailleurs par le développem­ent de ses activités à l’échelle internatio­nale. D’autant plus qu’elle doit « rivaliser avec les faibles coûts d’électricit­é et de gaz naturel au Québec », dit M. Fortin. L’entreprise a déjà réalisé des projets d’énergie solaire dans une coopérativ­e agricole du Maroc, dans une usine de croustille­s de l’Espagne et chez un fabricant d’ustensiles du Portugal. « Notre technologi­e est particuliè­rement efficace pour les secteurs industriel­s dont la consommati­on de chaleur est permanente à longueur d’année, comme la transforma­tion alimentair­e et les pâtes et papiers », indique M. Fortin.

Rackam a aussi implanté une station solaire dans un petit village grec afin de fournir le chauffage à des bâtiments. De plus, elle vient de concevoir un premier projet solaire de traitement des eaux usées pour la ville de Sunrise, en Arizona.

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