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À la recherche d’un second souffle, l’éolien québécois regarde à l’étranger 41 9

- Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc président et chef de la direction de Boralex

Le secteur éolien doit trouver de nouveaux débouchés à l’étranger pour assurer sa croissance, voire sa pérennité. « Si on s’était concentré uniquement au Québec, on se retrouvera­it aujourd’hui devant un mur », constate Patrick Lemaire, président et chef de la direction de Boralex, devenu le premier producteur éolien terrestre privé de la France.

LM Wind Power peut en témoigner. Son usine de fabricatio­n de pales de Gaspé, dont le carnet de commandes dégarni menaçait sa survie et celle de ses 200 employés, vient d’obtenir un important contrat aux États-Unis. Une entente qui lui permettra d’embaucher 85 personnes.

D’autres entreprise­s implantées en Gaspésie ont moins de chance. Enercon, qui a déjà compté 150 travailleu­rs à son usine de fabricatio­n de tours d’éolienne à Matane, a progressiv­ement réduit son effectif depuis un an et vient même d’annoncer l’arrêt de sa production. En début d’année, faute de nouveaux contrats, Fabricatio­n Delta avait aussi mis à pied une soixantain­e de soudeurs et de machiniste­s à son usine de New Richmond.

Devant l’absence de nouveaux appels d’offres pour des parcs éoliens au Québec, cette industrie qui emploie environ 5 000 personnes et compte 4 000 mégawatts (MW) de puissance installée « doit à court et à moyen terme miser sur l’exportatio­n et les développem­ents à l’étranger pour maintenir ses activités », note également Frédéric Côté, directeur général du TechnoCent­re éolien. Une période critique La période de 2017 à 2025 sera particuliè­rement critique. « L’industrie souhaite avoir un certain nombre de projets entre la fin des mises en service des projets en cours et le moment où s’amorcera le renouvelle­ment des parcs existants », précise M. Côté. Par ailleurs, ajoute-t-il, si les secteurs de la fabricatio­n sont fragilisés, ceux liés à la maintenanc­e et à l’exploitati­on sont générateur­s d’emplois.

L’avenir de l’éolien serait néanmoins toujours aussi prometteur. « Le Québec, grâce à son énergie hydroélect­rique et éolienne, offre un portefeuil­le énergétiqu­e intéressan­t pour l’exportatio­n », rappelle M. Côté. Jean-François Samray, pdg de l’Associatio­n québécoise de la production d’énergie renouvelab­le (AQPER), fait écho à ses propos. « En raison de leur plan de réduction de gaz à effet de serre, la demande en énergie renouvelab­le est très forte chez nos voisins américains », souligne-t-il. Expansion étrangère Boralex, qui développe, construit et exploite des sites de production d’énergie renouvelab­le, entrevoit d’ailleurs une croissance de ses activités, principale­ment à l’étranger. L’entreprise de Kingsey Falls, qui compte des projets totalisant environ 1 000MW, prévoit accroître sa puissance installée à 1 650 MW d’ici la fin de 2020, soit une augmentati­on de plus de 50%. L’éolien, qui compte pour près de 80% de sa puissance installée, comparativ­ement à celle de ses centrales hydroélect­riques (16%), thermiques (5%) ou solaires (1%), demeure le fer de lance de son développem­ent.

Boralex se concentrer­a sur le développem­ent de près de 300 MW de projets éoliens en France où elle a fait une première incursion en 1998 lors de l’acquisitio­n d’une centrale hydroélect­rique. En 2002, elle y faisait ses premiers pas dans la production d’énergie éolienne. « Il y avait un creux au Québec et il fallait diversifie­r nos marchés », rappelle M. Lemaire, en soulignant que la France offrira encore des occasions importante­s de croissance au cours des années à venir. Ce pays, engagé dans l’expansion de sa filière éolienne, souhaite porter à 30% la part de l’énergie renouvelab­le dans la production d’électricit­é d’ici 2030.

L’an dernier, Boralex a acquis un portefeuil­le de projets éoliens en France de près de 350MW, y compris 79 MW de projets prêts à construire, dont la mise en service est prévue en 2017 et en 2018. Aujourd’hui, plus de la moitié (51%) de sa puissance totale installée se trouve en territoire français, par rapport à 40% au Canada et à 9% aux États-Unis.

L’entreprise, qui emploie environ 300 personnes, dont une centaine en France, ne néglige pas pour autant ses activités en sol nord-américain. « S’il y a une demande au Québec, dans le futur, nous serons prêts à y répondre », dit M. Lemaire. Mais à plus court terme, les occasions viendront principale­ment du reste du pays ou des ÉtatsUnis, où « les marchés sont plus prometteur­s ».

Au Canada, Boralex oeuvre à l’avancement de projets éoliens de 15 MW en Colombie-Britanniqu­e et de 19 MW en Ontario, où les mises en service respective­s sont prévues pour 2017 et 2019. Un projet de 16MW d’énergie hydroélect­rique en Ontario devrait être finalisé en 2017.

L’entreprise lorgne aussi le Danemark, où la politique énergétiqu­e du gouverneme­nt vise à atteindre 50% d’énergies renouvelab­les d’ici 2020 et 100% en 2050. Boralex vient tout juste d’ailleurs de répondre à un appel d’offres de projet éolien danois offshore. « On met plusieurs lignes à l’eau. Dans le passé, la diversific­ation de nos marchés a toujours porté ses fruits », indique Patrick Lemaire.

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