« Peu de gestionnaires de fonds comprennent les attentes des investisseurs d’impact »
– Andrea Armeni,
D.B. – Vous avez combattu certaines idées reçues... A.A.
– En effet, nous sommes financés aux deux tiers par des fondations. Celles-ci ont l’habitude d’investir dans les OBNL qui travaillent avec les collectivités ou avec des entreprises à impact social. Pas avec les investisseurs. Il a fallu convaincre les fondations que, si nous voulons des changements sociaux significatifs et pérennes, nous ne pouvons pas laisser la finance de côté. Cet univers abrite beaucoup de pouvoir, il faut l’employer à générer un impact positif.
D.B. – Parmi vos trois clientèles se trouvent les investisseurs d’impact. Qu’est-ce que l’investissement d’impact? A.A.
– Je vous répondrai par ce qu’il n’est pas. Ce n’est pas une question de secteur. Les sommes investies dans l’agriculture subsaharienne ne sont pas nécessairement de l’investissement d’impact. Il en est de même pour les projets sanitaires. Permettent-ils aux collectivités locales de prendre le contrôle des installations? Pourront-elles, sauront-elles les entretenir une fois les promoteurs du projet et les investisseurs repartis? L’argent règle peut-être le problème à court terme, mais qu’en est-il des sources de celui-ci? L’investissement d’impact est lié au comment, pas au quoi.
D.B. – Un projet d’électrification à partir de l’énergie renouvelable en Afrique n’est-il pas forcément un projet d’investissement d’impact? A.A.
– Non, pas si les promoteurs ne se sont pas d’abord demandé pourquoi il n’y a pas d’électricité dans cette région. Et puis, qui aura accès à cette électricité ? Va-t-on créer davantage d’inégalités ?
D.B. – Quelle différence faites-vous entre l’investissement d’impact et l’investissement responsable? A.A.
– L’investisseur responsable désire éviter que ses placements engendrent des conséquences négatives. Mais il n’est pas nécessairement soucieux que son argent génère un impact positif. L’investisseur d’impact souhaite que son argent soit investi de façon à créer un impact social positif. Il aspire à des changements sociaux et estime que ses investissements peuvent y contribuer.
D.B. – Donnez-nous un exemple d’investissement d’impact. A.A.
– Prenons le cas des déserts alimentaires. Ce sont des quartiers ou des régions dont les habitants peuvent difficilement se procurer des aliments nutritifs, frais et abordables. Surtout s’ils n’ont pas de véhicules. L’investissement d’impact peut contribuer à bâtir un écosystème d’approvisionnement et de distribution pour ces endroits afin de régler le problème définitivement.
D.B. – Parlez-nous des investisseurs de la communauté Transform Finance.... A.A.
– Ils se situent à plusieurs endroits sur le spectre de l’investissement d’impact. Mais ils désirent tous investir davantage en fonction de leurs valeurs. Nous les accompagnons à partir du point où ils se trouvent. Ensemble, ils ont 1,1 milliard de dollars américains qu’ils souhaitent consacrer à l’investissement d’impact. Ce sont des fondations aussi bien que des caisses de retraite ou des individus.
D.B. – Trois principes guident l’investissement d’impact que vous encouragez. Lesquels? A.A.
– D’abord, un engagement sincère envers la collectivité. Cela se manifeste autant par la façon dont le projet est élaboré que par la gouvernance de celuici. Ensuite, nous ne favorisons aucune forme d’extraction, c’est-à-dire de captation de valeur, au détriment d’une collectivité. Enfin, la conscience. L’investisseur d’impact est conscient du pouvoir de ses investissements. Il se soucie d’une allocation équitable des risques et des rendements entre les différentes parties prenantes. Supposons que je pratique la microfinance. Mon but est d’avoir un impact positif sur les emprunteurs. S’ils n’arrivent pas à rembourser leur prêt, je peux saisir leurs biens. Mais en ai-je besoin? Est-ce équitable? Cela sert-il le but pour lequel j’ai choisi ce secteur? Qui doit assumer le risque? Ce sont des réflexions auxquelles l’investisseur d’impact devrait se livrer.
D.B. – Quels services offrez-vous aux investisseurs? A.A.
– Nous produisons des webinaires et des rapports sur des sujets sur lesquels ils se posent des questions. Nous les aidons à porter un regard différent sur les occasions d’investissement. Et nous développons aussi les connaissances des gestionnaires de fonds qui doivent répondre à des demandes précises d’investisseurs d’impact.
D.B. – Et quels sont vos services pour les entrepreneurs sociaux? A.A.
– Nous les aidons à raffiner leur impact. Plusieurs se sont lancés dans des projets parce que c’était cool. Mais il leur manque une vision holistique de leur modèle d’entreprise. Qui bénéficie de leur produit ou de leur service? Ce produit ou ce service est-il la meilleure réponse au problème auquel ils s’attaquent? Pourraient-ils avoir un impact plus important autrement? Transform Finance donne des ateliers d’impact dans les accélérateurs et les incubateurs d’entreprises. Il nous arrive aussi d’accompagner individuellement un entrepreneur à la demande d’un investisseur. Celui-ci trouve l’entreprise intéressante, mais il aimerait qu’elle définisse mieux son impact.
D.B. – Que faudrait-il pour que l’investissement d’impact se répande davantage? A.A.
– Est-il souhaitable qu’il se répande davantage? Tout dépend. Pas si c’est en empruntant les mêmes voies que la finance traditionnelle et en reproduisant les mêmes problèmes. De nombreux gestionnaires de fonds ne comprennent pas les attentes des investisseurs d’impact et y répondent mal. Par exemple, on leur offre automatiquement d’investir dans l’énergie renouvelable. Saviezvous que le secteur de l’énergie renouvelable est très en retard dans son traitement des droits de la personne par rapport au secteur minier? Particulièrement en matière d’expropriation. Le secteur minier a été sous les projecteurs, il s’est amélioré. Pas celui de l’énergie renouvelable.
D.B. – On vend souvent l’investissement responsable en disant qu’il génère les mêmes rendements que l’investissement traditionnel. Vous n’aimez pas cet argument. A.A.
– Il n’y a aucune gloire à tirer du fait qu’un investissement d’impact offre des rendements égaux ou supérieurs à l’indice S&P, si c’est en mettant de côté ses principes. Certains investissements d’impact rapportent autant ou plus que le S&P, et c’est bien. D’autres rapportent beaucoup moins, et c’est bien aussi. Tout comme il n’existe pas de seuil du bien et du mal. On peut obtenir un rendement de 12% en générant un impact positif et un rendement de 5% en générant un impact négatif.
La Commission de la capitale nationale (CCN) a donné son aval à un projet d’hôtel-boutique dans la Maison O’Brien, située dans le parc de la Gatineau, qui lui a été présenté par le promoteur Wakefield Mill. Le projet est évalué 3,9 M$. La CCN, propriétaire de cette maison patrimoniale située près du lac Meech, se dit prête à faire les travaux de rénovation pour transformer cette maison en établissement qui comprendra onze suites et une salle à manger, en plus d’une salle où pourront être exposées des oeuvres appartenant au gouvernement du Canada. Une fois transformé, l’établissement sera loué au promoteur. Les travaux devraient commencer en octobre, et l’hôtel-boutique pourrait ouvrir en juillet prochain. Le promoteur doit toutefois obtenir certaines approbations, notamment sur le plan environnemental. — INFO07 - LA REVUE, GATINEAU L’entreprise d’emballage sous pellicule étirable Wulftec International, établie à Ayer’s Cliff, investira 2,2 millions de dollars pour l’agrandissement et l’amélioration de ses installations. Le directeur des opérations chez Wulftec, Guy Lopes, indique qu’un bâtiment ayant besoin de rafraîchissement sera démoli. « On en rebâtira un nouveau de deux étages. Il y aura la salle de démonstration et un laboratoire, ainsi qu’une salle de classe. On y trouvera également des locaux administratifs et commerciaux », dit-il. Le bâtiment administratif actuel sera lui aussi modifié afin d’accueillir de nouveaux bureaux. En 2014, l’entreprise s’était déjà agrandie de 10 000 pieds carrés. Ces locaux sont déjà remplis. Une expansion de 8 000 pi2 est donc encore nécessaire. « Ça va nous permettre d’avoir une capacité supérieure et de mieux répondre à la demande», indique M. Lopes. Wulftec emploie 210 personnes dans ses installations d’Ayer’s Cliff. — LE PROGRÈS DE COATICOOK, COATICOOK