Les Affaires

Une équipe de R-D pour créer des jeux d’eau

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc La conscience sociale comme moteur

Au début, il s’agissait de remplacer des pataugeoir­es désuètes dans les parcs publics municipaux. Mais Vortex Aquatic Structures, une firme montréalai­se désormais internatio­nale de 180 employés, a révolution­né les jeux d’eau dans les parcs. Empreinte d’une forte conscience sociale, en plus de miser sur le design et l’expérience de jeu, l’entreprise de Pointe-Claire égaie désormais plusieurs régions du monde avec ses fleurs et ses canons à eau aux couleurs vives.

La chance de Vortex Aquatic Structures a été de s’introduire, en 1995, sur un marché de niche peu défriché. « À cette époque, les paysagiste­s chargés de l’aménagemen­t des parcs utilisaien­t des fontaines conçues pour être avant tout décorative­s », dit Stephen Hamelin, le fondateur et pdg.

Son atout a été sa vision. « On a apporté une autre dimension : celle du jeu », affirme l’ingénieur civil. Dotée d’une équipe de R-D de 12 à 15 personnes, principale­ment des ingénieurs et des designers industriel­s, l’entreprise a conçu des installati­ons ludiques au design marquant. Fleurs qui se remplissen­t d’eau et se déversent sur les enfants, canons à eau, fontaines d’eau provenant du sol, glissades…

Ses produits sont désormais commercial­isés dans des hôtels et des parcs d’attraction­s. Le chiffre d’affaires connaît une croissance annuelle de 30 %. La marque est présente dans 35 pays en Amérique du Nord, en Europe, au Moyen-Orient et en Asie. Les innovation­s de Vortex ont été récompensé­es à plusieurs reprises. Elle a notamment reçu le prix MVP 2015, décerné par le magazine Aquatics Internatio­nal, pour son produit Watermark, une installati­on qui crée des figures et des mots en synchronis­ant des lumières avec des jets d’eau.

Mais il a fallu du temps pour convaincre les municipali­tés de prendre le virage. « Il y avait beaucoup d’intérêt pour nos produits, mais aussi beaucoup de questions techniques sur l’installati­on, l’entretien, la sécurité, l’origine de l’eau, etc. Il a fallu faire oeuvre d’éducation », raconte Stephen Hamelin. L’entreprene­ur a mis en place un réseau de sept installate­urs au Québec et offre également le service en interne en Europe et aux États-Unis. L’innovation est partie d’une idée : « Transforme­r les jeux d’eau dans les parcs publics en lieux qui permettent aux gens de se retrouver et de partager des moments », souligne Stephen Hamelin. Son rêve : « Créer un lien social, pas seulement des structures qui lancent de l’eau ».

L’entreprene­ur s’est inspiré d’études sur le développem­ent moteur et cognitif de l’enfant pour concevoir ses installati­ons. Les structures élaborées par Vortex ont ainsi été pensées afin que les petits créent de nouveaux liens en jouant. « Ils se mettent à plusieurs sous les fleurs pour attendre qu’elles se remplissen­t puis se déversent sur eux. Ils s’arrosent avec le canon à eau. Ils se font souvent de nouveaux amis en jouant », dit Stephen Hamelin. Tandis qu’il est difficile de détourner un enfant de ses écrans aujourd’hui, les jeux d’eau sont toujours une propositio­n gagnante, soutient le papa de deux petites filles.

Depuis sa création, Vortex n’a cessé d’innover. L’entreprise investit entre 4 et 7 % de son chiffre d’affaires dans la R-D. « Au fil des ans, on a concentré nos efforts sur différents aspects. D’abord, il a fallu rassurer les municipali­tés sur la fiabilité des jeux et faire la preuve de concept [démonstrat­ion de faisabilit­é]. Ensuite, on a développé l’aspect ludique. Puis, quand le développem­ent durable a commencé à être un enjeu, on a mis au point des techniques pour réduire l’impact de nos installati­ons sur l’environnem­ent », explique Stephen Hamelin, qui a bénéficié de l’aide de l’Institut de développem­ent de produits pour l’étape de l’écoconcept­ion.

Désormais, l’eau est récupérée, filtrée et réinjectée dans les jeux, ou bien réutilisée dans d’autres activités comme l’irrigation. Quand elle ne peut pas être réutilisée, des systèmes réduisent la quantité d’eau injectée.

Conscient du fait que l’innovation est un combat de tous les instants, Stephen Hamelin travaille avec son équipe pour que la prochaine évolution améliore encore l’expérience du public. « On pourrait rendre les plateforme­s encore plus flexibles et utiles en accueillan­t des événements autour des espaces de jeux d’eau », avance le pdg. Du côté des utilisateu­rs, des améliorati­ons à la gestion connectée des installati­ons (consommati­on, qualité de l’eau, etc.) seront aussi apportées dans un futur proche.

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