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La démarche « spéciale » de Mark Schmehl

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Àpremière vue, Mark Schmehl, gestionnai­re du Fonds Fidelity Situations spéciales, semble avoir une double personnali­té. Il aime à la fois les titres très en vogue ayant du « momentum ». Mais il aime aussi les titres délaissés où il cherche de la valeur. « J’investis dans des situations hors normes, à la périphérie des marchés, où les autres investisse­urs ont peur d’aller parce que les évaluation­s sont trop élevées ou trop basses. Je veux détenir des sociétés où les choses changent en mieux, et cela se produit en général plus rapidement aux extrémités du marché. Je passe tout mon temps à chercher où le changement se produit rapidement », résume-t-il.

Il semble que le changement se produise rapidement dans le domaine de l’intelligen­ce artificiel­le (IA). La pondératio­n en titres de technologi­e de son fonds est passée de 13% au 30 avril à 21,4% au 31 juillet. La moitié de cette pondératio­n est associée à l’intelligen­ce artificiel­le.

« L’IA connaît une croissance exponentie­lle et est la voie de l’avenir dans le domaine technologi­que. Je veux posséder tous les titres qui y sont associés, parce que cette technologi­e va transforme­r le monde. Tellement de problèmes peuvent être résolus par l’intelligen­ce des machines. Pensez entre autres aux voitures autonomes et à la génomique. Il y a six mois, Google nous indiquait qu’elle réaffectai­t la moitié de ses ingénieurs en informatiq­ue à la connaissan­ce en profondeur de l’IA. C’est une révolution palpitante », plaide-t-il.

Les titres de technologi­e que favorise Mark Schmehl sont ceux d’entreprise­s qui sont aimées, dont les résultats sont bons, qui augmentent leur part d’un marché qu’elles dominent déjà, qui accroissen­t leurs marges bénéficiai­res, bref, qui font montre de changement­s positifs: « La technologi­e est un secteur de momentum. Tant que les choses s’améliorent, vous pouvez ignorer les évaluation­s, qui sont souvent très élevées. Je n’utilise aucune mesure d’évaluation fondamenta­le comme le ratio cours/ bénéfice, le ratio cours/valeur comptable ou le rendement de dividende pour choisir ces titres. Je ne me préoccupe pas vraiment du prix que je paye », confie-t-il, candidemen­t. C’est « spécial », non?

L’exemple parfait réside dans le titre de Nvidia, que Mark Schmehl qualifie d’« hyperdispe­ndieux ». La société vend des processeur­s graphiques à plus de 80 sociétés développan­t des voitures autonomes. « La société est petite, alors que l’univers des titres de technologi­e est tellement grand que la société peut croître rapidement sans que j’aie à m’en préoccuper pour les cinq ou six prochaines années », soutient-il.

Mais Mark Schmehl s’intéresse aussi aux sociétés délaissées et incomprise­s où il perçoit du changement. Parmi celles-ci, il cite BlackBerry, dont la valeur refait lentement surface, de sorte que le titre devrait valoir plus dans deux ou trois ans qu’aujourd’hui. « Les choses s’améliorent et personne n’y porte plus attention. Son portefeuil­le de brevets aura toujours de la valeur et il y aura toujours une niche pour ses téléphones, dont la sécurité reste la meilleure. »

« Mais ce qui échappe aux investisse­urs, c’est que BlackBerry occupe une place importante dans le segment des voitures réseautées ( connected cars). Cette division vaut bien plus que ce que les gens ne pensent. Des titres de sociétés oeuvrant dans le même secteur se négocient pourtant à des multiples astronomiq­ues. Pendant ce temps, la division de logiciels qu’elle bâtit peut paraître ennuyeuse, mais elle affiche une croissance raisonnabl­e dans un segment où il n’y a pas de concurrenc­e. Les investisse­urs ne voient pas la valeur de ces deux divisions pour le moment, mais les choses devraient changer », affirme M. Schmehl.

Malgré son engouement pour la technologi­e, le secteur des matières premières était le plus important du fonds au 31 juillet, à 27,4%. Cette position est en très grande partie en titres aurifères, qui agissent comme couverture au cas où les expérience­s de ce qu’il qualifie de « folie monétaire » des banques centrales tourneraie­nt mal.

Il note que les titres énergétiqu­es, qui comptaient pour 13,7% du portefeuil­le à la même date, s’essoufflen­t. Il ne voit pas la poussée du premier semestre se poursuivre, le prix du pétrole devant à ses yeux être de 40 à 60$ US le baril pour les 10 prochaines années. C’est pourquoi il juge plus probable que la proportion de ces titres dans le fonds baisse au cours des prochains mois.

L’indice auquel Fidelity compare le fonds Situations spéciales regroupe l’indice complément­aire S&P/TSX à 70% et l’indice Russell 2500 à 30%. Le fonds a dégagé un rendement annualisé de 14,5% pour la période de cinq ans terminée le 31 juillet, comparativ­ement à 8,39% pour cet indice, et ce, avec seulement 14% plus de volatilité.

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