Les Affaires

Des sociétés moches qui peuvent rendre riches

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

Les actions de sociétés aux perspectiv­es sombres procurent un rendement supérieur au marché, affirme un expert.

Ces entreprise­s sont moches. Leurs perspectiv­es de croissance sont démoralisa­ntes. L’investisse­ur averti devrait les fuir comme la peste. Pourtant, leurs actions vous auraient procuré un rendement supérieur au marché, affirme Jeff Evans, de Marchés mondiaux CIBC.

Le stratège a fait une curieuse expérience. Il a voulu voir ce qui arrivait quand on misait sur les sociétés en queue de peloton. Pour ce faire, il a bâti un portefeuil­le modèle de 35 titres inscrits au S&P/TSX. Leurs caractéris­tiques : ils avaient les plus faibles prévisions de croissance annuelle du bénéfice par action. La simulation commence en 2003.

Par la suite, il a rééquilibr­é son portefeuil­le de la façon suivante. Il a ajouté toute société dont les prévisions de croissance chutaient parmi les 15 pires de l’indice, si elle ne se trouvait pas déjà en portefeuil­le. L’ajout d’un titre entraînait la liquidatio­n d’un autre. La société ayant la « moins pire » prévision était celle dont l’action était vendue.

Un rendement supérieur

Le résultat surprend. Cette stratégie a généré un rendement qui s’est révélé supérieur de 8 % par année en moyenne à celui du S&P/TSX. M. Evans a refait l’exercice, cette fois avec l’indice S&P 500 à New York. La surperform­ance annuelle est de 8,6 %.

Comment cela est-il possible ? Les investisse­urs auraient tendance à réagir avec excès lorsqu’une société traverse un passage à vide. « Bien qu’il y ait des raisons d’éviter une société dont les perspectiv­es sont moroses, notre recherche laisse croire que le marché a des attentes trop basses », explique-t-il.

L’investisse­ur doit en tirer une leçon, souligne M. Evans. Quand les attentes connaissen­t un creux, il faut être prudent. La plupart du temps, il s’agit d’une occasion d’achat plutôt qu’une occasion de vente, estime-t-il. Cette stratégie peut être comparée à l’approche « valeur » (qui mise sur des titres sous-évalués par le marché), mais poussée à l’extrême.

Pour que la stratégie de « faible croissance » porte ses fruits, l’investisse­ur devra avoir un portefeuil­le plus concentré qu’un portefeuil­le « valeur » traditionn­el. M. Evans estime qu’un portefeuil­le de 30 à 35 titres est celui qui procure le meilleur rapport risque/rendement.

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