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MISER SUR L’AVENIR PROMETTEUR DE L’ÉLECTRICIT­É

des titres boursiers électrisan­ts?

- Dominique Lamy redactionl­esaffaires@tc.tc

L’électricit­é est l’énergie du futur, une source d’avenir propre, durable, fiable et renouvelab­le. Quelles sociétés permettent de miser sur cette manne ? Trois secteurs en particulie­r ressortent du lot : l’automobile électrique, la technologi­e solaire et les énergies hydrauliqu­e et éolienne. Quelques tuyaux pour être… davantage au courant !

dont l’autonomie sera de 320 kilomètres, un véhicule lancé un an avant le Model 3 de Tesla Motors. Tesla Motors: une route parsemée d’embûches Le titre du constructe­ur américain de voitures électrique­s Tesla Motors ( TSLA, 200,42$ US), fleuron du secteur, s’échange déjà à 152 fois le bénéfice anticipé de 1,39$ US par action de l’exercice 2017. Néanmoins, plusieurs difficulté­s se profilent à l’horizon.

Conduite semi-autonome: une technologi­e qui doit faire ses preuves Tesla est sous enquête de la National Highway Traffic Safety Administra­tion (NHTSA) pour ne pas avoir dévoilé rapidement le décès d’un client, victime d’un accident alors que la fonction Autopilot – le système informatiq­ue et électroniq­ue d’aide à la conduite permettant aux voitures Tesla de pouvoir effectuer d’elles-mêmes des manoeuvres – était enclenchée. Quelles seront les conséquenc­es de ce troisième incident? « Nous nous attendons à ce que cette fonctionna­lité soit davantage scrutée à la loupe et qu’elle soit possibleme­nt encadrée par une réglementa­tion additionne­lle », prévoit Kristen Owen, d’Oppenheime­r.

SolarCity: loin de faire l’unanimité Les actionnair­es de Tesla ont donné l’aval à l’achat de SolarCity ( SCTY, 17,10$ US), une société spécialisé­e dans les technologi­es solaires, à un coût de 2,6 milliards de dollars américains. Selon certains observateu­rs, cette transactio­n ressemble à un sauvetage de SolarCity, ce qui soulève des questions de gouvernanc­e en raison de la présence d’Elon Musk à titre d’actionnair­e dans les deux sociétés. « L’acquisitio­n risque de causer une distractio­n au moment où la direction devrait se concentrer davantage à l’atteinte de son ambitieux plan de croissance », résume Mike Levin, analyste à la Deutsche Bank. Depuis l’annonce, les analystes de la firme Oppenheime­r ont, quant à eux, retiré leur recommanda­tion de surperform­ance et leur cours cible de 385$ US sur le titre de Tesla. Ils suggèrent de demeurer sur les lignes de côté jusqu’à ce que le portrait soit plus limpide quant à la capacité de l’entreprise d’atteindre la rentabilit­é.

Gigafactor­y: méga-usine, gros objectifs La Gigafactor­y, cette usine de fabricatio­n de batteries aux proportion­s gigantesqu­es, située dans le Nevada, exigera des investisse­ments de plusieurs milliards de dollars américains pour être entièremen­t fonctionne­lle et permettre à Elon Musk d’atteindre ses objectifs de production de masse. Au dernier trimestre, Tesla n’a construit que 14 402 unités alors que l’objectif interne était d’en sortir 20 000 et que le consensus des analystes a été établi à 80 000 voitures en 2016. Plus ambitieux encore, l’objectif est de fournir 500 000 unités en 2018. Des doutes subsistent néanmoins quant à la capacité réelle future de l’entreprise de produire ses véhicules dans le délai promis. « Les cibles agressives sont dans l’ADN de Tesla. Le risque de manquer l’objectif fait partie du jeu, et nos projection­s en tiennent compte. Nous projetons plutôt 355 000 unités construite­s en 2018 », nuance ainsi Mike Levin, de la Deutsche Bank.

Phase 2: des projets et… de la pression Dans la deuxième phase de son plan, Elon Musk envisage de couvrir les principaux modes de transport terrestre en version électrique. D’ici là, Tesla doit aussi s’assurer de développer en parallèle les infrastruc­tures nécessaire­s pour promouvoir la vente des modèles commercial­isés jusqu’à maintenant: les stations de recharge.

« Il est évident que tous les aspects de ce plan comprennen­t un très haut niveau de risque d’exécution, mais nous considéron­s plusieurs parties de celui-ci comme innovatric­es et potentiell­ement attrayante­s », affirme l’équipe de la Deutsche Bank, dont la recommanda­tion se maintient à « conserver » et la cible, à 290$ US. Par contre, le consensus moindre de la communauté financière (259,18$ US) – qui représente néanmoins un rendement potentiel de 15% au cours actuel de 198,30$ US – s’explique non seulement par l’absence historique de rentabilit­é et de forts besoins de capitaux à venir, mais aussi par les récentes initiative­s de la direction, qui nimbent le titre d’un brouillard additionne­l.

« Les cibles agressives sont dans l’ADN de Tesla. Le risque de manquer l’objectif fait partie du jeu. » – Mike Levin, Deutsche Bank.

Une bombe a été larguée sur le secteur de l’énergie solaire le 9 août dernier. La société SunPower ( SPWR, 7,72$ US), deuxième fabricant américain de panneaux solaires en importance, a alors fortement abaissé ses prévisions pour l’année 2016, entraînant tous les titres de l’industrie dans une tourmente inégalée depuis plusieurs années.

SunPower s’attend désormais à enregistre­r une perte de 175 millions de dollars américains pour l’exercice financier en cours, une volte-face inattendue par rapport aux bénéfices de 50 M$ US qu’elle prévoyait plutôt comptabili­ser. Le titre a perdu plus de 30% après la publicatio­n de ses résultats le 10 août. La direction explique que la demande pour ses projets ralentit, au moment même où la concurrenc­e rehaussée dans le marché des panneaux solaires entraîne un fléchissem­ent des prix. Conséquemm­ent, les marges bénéficiai­res brutes prévues, estimées à une fourchette de 13 à 15%, varient désormais de 9,5 à 11,5%. La société annonce aussi la fermeture d’une usine aux Philippine­s et la réduction de son personnel de 15%.

Cette révision financière reflète d’ailleurs les difficulté­s affrontées par les principaux acteurs de l’industrie. Une offre qui est nettement supérieure à la demande, de même que la concurrenc­e que livrent de nouvelles sociétés souhaitant faire leur place au soleil et la disponibil­ité de plusieurs actifs de l’ancien géant SunEdison ( SEMI, 11,45$ US) – en faillite depuis avril 2016 – entraînent une pression à la baisse sur les prix. Cela, sans compter la réglementa­tion nébuleuse qui persiste en Chine sur l’approvisio­nnement en matériel destiné à l’énergie solaire, qui amène son lot d’incertitud­es à l’égard des prévisions financière­s de l’exercice 2017.

Selon Kristen Owen, analyste de la firme Oppenheime­r, l’industrie traverse « une remise à zéro des attentes et de la tarificati­on ». Une situation qui influe jusque sur le portefeuil­le des actionnair­es!

Titres sous la loupe

Dans ce contexte incertain, l’équipe d’Oppenheime­r cible trois titres qui méritent une recommanda­tion « surperform­ance ». First Solar ( FSLR, 35,35$ US), Canadian Solar ( CSIQ, 12,14$ US) et Sunrun ( RUN, 5,52$ US) obtiennent respective­ment un cours cible de 56$ US, 30$ US et 8$ US, pour un rendement potentiel respectif de 58%, 147% et 45% par rapport à leurs cours actuels. Les cibles précédente­s de First Solar et de Canadian Solar avaient été revues à la baisse le 25 juillet afin de tenir compte du contexte d’affaires morose qui s’annonce à court terme.

Du lot, First Solar est la mieux placée pour affronter les conditions difficiles qui prévalent dans le secteur, avec une position nette d’encaisse de 20$ US par action. « La grande question qui reste en suspens au sujet de la société est de connaître ses plans pour déployer ses liquidités et d’estimer le rendement qui sera généré par ses investisse­ments. Ce qui est évident, cependant, c’est que First Solar accélérera la cadence de certains projets pour générer de meilleures marges », indique Kristen Owen, analyste de la firme Oppenheime­r. Les nouvelles prévisions font état d’un bénéfice par action de 3,75$ US en 2016, au lieu des 4,36$ US attendus.

Canadian Solar demeure un titre plus risqué en raison du fort levier financier utilisé. Les progrès associés au financemen­t de projets au Japon et la gestion adéquate du bilan par les dirigeants, qui ont su monnayer certains actifs, suscitent un peu d’espoir au sein de l’équipe d’Oppenheime­r. La prévision de bénéfice par action passe néanmoins de 2,66$ US à 1,58$ US pour l’exercice 2016.

Sunrun possède quant à elle non seulement une expertise financière pointue pour mener à bien ses projets, mais aussi l’avantage concurrent­iel d’être exposée au marché résidentie­l. « L’exposition à ce créneau signifie qu’il y a moins de risque de subir des délais dans l’exécution des projets », souligne Vishal Shah, analyste à la Deutsche Bank. La société est cependant aux prises avec une augmentati­on du nombre d’actions vendues à découvert, le pourcentag­e de celles-ci se situant désormais à plus de 23% des titres en circulatio­n. « Cette hausse survient parallèlem­ent à une exécution raisonnabl­e des opérations », nuance cependant Kristen Owen, qui maintient sa prévision d’une perte annuelle par action à 0,87$ US. L’optimisme prévaut dans la communauté financière à propos des sociétés qui utilisent l’eau ou le vent pour produire de l’électricit­é. Plusieurs analystes considèren­t que les évaluation­s boursières demeurent raisonnabl­es pour la majorité de celles-ci et que c’est par leurs profils de croissance respectifs que chacune de ces entreprise­s se démarque de la concurrenc­e. « Boralex ( BLX, 18,37$) et Algonquin Power& Utilities ( AQN, 11,75$) offrent la meilleure visibilité concernant les avenues de croissance à venir d’ici 2020 », observe d’ailleurs Rupert Merer, analyste à la Financière Banque Nationale. L’Inde, dont l’approvisio­nnement en énergie repose fortement sur des usines alimentées de façon plus ou moins efficace par le charbon, reste l’une des régions du monde qui recèlent de réelles possibilit­és de croissance. Un fait qui n’est pas passé inaperçu aux yeux de l’analyste de l’Industriel­le Alliance Valeurs mobilières Jeremy Rosenfield. « Ce marché est attrayant en raison de la forte croissance annuelle de 5% de la demande en énergie, des politiques du gouverneme­nt qui appuient les énergies renouvelab­les et de la disponibil­ité de cibles d’acquisitio­n potentiell­es. Nous croyons que Brookfield Renewable Partners ( BEP.UN, 38,15$) y évalue des occasions de croissance », dit-il.

Malgré une hausse potentiell­e des taux d’intérêt aux États-Unis, les dividendes versés par plusieurs des producteur­s d’énergie renouvelab­le sont appelés à augmenter au cours des prochaines années, bien alimentés par les forts flux de trésorerie générés par les opérations. De petites sociétés pourraient même retourner des sommes à leurs actionnair­es. « Alterra Power ( AXY, 6,63$) pourrait imiter ses pairs en effectuant le versement d’un dividende », souligne ainsi Rupert Merer. La possibilit­é de voir une recrudesce­nce des activités de fusions et acquisitio­ns dans le secteur s’avère aussi un catalyseur boursier pour les sociétés susceptibl­es d’être courtisées par de plus grands acteurs.

En rafales, deux titres de choix pour miser sur le potentiel des énergies hydrauliqu­es et éoliennes!

Brookfield Renewable Partners: la qualité a un prix

C’est le poids lourd du secteur et le petit protégé de Brookfield Asset Management ( BAM.A, 43,54$) qui détient 62% de l’actionnari­at. Brookfield Renewable Partners possède et dirige 250 emplacemen­ts consacrés à la production de 10 000 mégawatts d’énergie en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe. La société pourrait profiter de l’acquisitio­n potentiell­e de TerraForm Power ( TERP, 13,15$ US), elle qui détient déjà 12% de son actionnari­at. Une telle transactio­n lui permettrai­t de faire une entrée remarquée dans l’énergie solaire, un secteur auquel elle n’est que minimaleme­nt exposée. Finalement, l’investisse­ur peut compter sur une équipe de direction chevronnée et sur une hausse annuelle du dividende de l’ordre de 5% à 9%, alors qu’il procure déjà un rendement courant de 5,84%.

Les résultats du deuxième trimestre sont tièdes – des fluctuatio­ns liées à la météo ont réduit la production –, « mais ces variations à court terme n’ébranlent pas la vision haussière que nous avons à l’égard du titre », résume Ben Pham, analyste chez BMO Nesbitt Burns, dont la recommanda­tion se maintient à surperform­ance.

De son côté, Frédéric Bastien, de Raymond James, n’hésite pas à parler de « core holding » – pilier de portefeuil­le, donc – dans son rapport du 5 août dernier. Il accorde au titre non seulement une recommanda­tion de surperform­ance, mais aussi un multiple de 14 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) qu’il anticipe pour 2017, une prime sur la moyenne du secteur qui se situe à 13 fois. Pour cette même raison cependant, l’analyste de l’Industriel­le Alliance Valeurs mobilières Jeremy Rosenfield préfère « attendre un meilleur point d’entrée avant d’acheter ».

Boralex: encore du carburant pour progresser

Selon David Quezada, analyste à la firme Raymond James, la relative faiblesse du prix de l’action de Boralex depuis la présentati­on des résultats du deuxième trimestre – marqué par des conditions météorolog­iques défavorabl­es, dont un régime de vent plus faible observé en France et au Canada – pourrait se révéler une occasion d’achat. La capacité de ce producteur canadien est estimée à 1094 mégawatts et provient essentiell­ement de l’éolien (80%) et de l’hydroélect­ricité (15%).

D’après M. Quezada, le titre se négocie maintenant à 10,8 fois le BAIIA prévu en 2016, tandis que le secteur est à 13 fois. Son collègue Ben Pham, de BMO Nesbitt Burns, est du même avis : le titre figure dans son palmarès des 15 meilleures sélections de petites capitalisa­tions. Selon lui, le potentiel haussier reste substantie­l, vu les possibilit­és de croissance de la société et le repli du titre. « Nous suggérons d’accumuler les actions en fonction d’une cible de 22$ », conclut-il. Le dividende, à 0,56$ par action (2,8 %), est appelé à croître au cours des cinq prochaines années.

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