Les Affaires

Développer le tourisme grâce au numérique

- Étienne Plamondon Emond redactionl­esaffaires@tc.tc

Au départ, les fondateurs de la jeune pousse Swipecity, de Québec, désiraient créer une applicatio­n pour faire découvrir et pour promouvoir des commerces sur les appareils mobiles. Mais rapidement, les entreprene­urs se sont tournés vers la mise en valeur de la culture locale auprès des touristes.

Ce virage a été entrepris lors du Hackathon des Journées de la culture, en septembre 2015. L’équipe de Swipecity y a gagné une bourse de 2 000 $. Elle a ensuite reçu une aide financière de 15 000 $ du Lab culturel, relevant de Culture pour tous, consentie dans le cadre du Plan culturel numérique du Québec.

En avril dernier, l’entreprise a lancé une version pilote de son applicatio­n sur Android pour la ville de Québec, téléchargé­e à ce jour par 415 utilisateu­rs. Un visiteur qui la télécharge et se promène dans le Vieux-Québec reçoit une notificati­on sur son appareil mobile lorsqu’il passe près de l’un des 20 monuments ou attraction­s dotés d’une borne signalétiq­ue installée à proximité. L’alerte l’invite à lire un texte informatif écrit sur un ton ludique. Cette formule vise les touristes qui ne sont pas portés vers les applicatio­ns proposant des parcours à suivre.

« Il y a des gens qui veulent juste se promener librement, visiter et découvrir par eux-mêmes », indique Julien Mbony, président de Swipecity, tout en précisant que leur offre peut aussi être complément­aire à d’autres services.

Des données précieuses sur les visiteurs

La jeune PME prévoit lancer en 2017 la version améliorée de l’applicatio­n. Elle espère notamment y ajouter l’offre culturelle. Le plan d’affaires prévoit engranger des revenus auprès d’établisse- ments, comme des salles de spectacle, qui voudraient payer pour voir leurs activités affichées dans l’applicatio­n.

Mais surtout, les villes constituen­t la clientèle cible de Swipecity. Comme un échange d’informatio­n se produit entre l’appareil mobile et les bornes signalétiq­ues, des données sont récoltées et permettent d’obtenir des statistiqu­es, par exemple le nombre de touristes qui se promènent à un endroit selon le moment de la journée ou la provenance des visiteurs. L’entreprise envisage de vendre ces données aux villes et aux organismes touristiqu­es et culturels intéressés.

« On essaie d’intégrer la ville intelligen­te », dit Julien Mbony, qui planifie des discussion­s avec des administra­tions municipale­s et des organismes publics dans les prochains mois.

L’importance d’une action coordonnée

Mohamed Reda Khomsi, professeur au Départemen­t d’études urbaines et touristiqu­es à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, s’est penché sur le mariage entre la ville intelligen­te et le tourisme, en analysant plus particuliè­rement le cas de Montréal. Il croit que, « pour l’améliorati­on de l’expérience touristiqu­e, il faut que les acteurs travaillen­t de façon coordonnée, qu’il y ait une certaine synergie ».

À ses yeux, « le problème, c’est que de nombreux acteurs développen­t des applicatio­ns sans que ce soit intégré à un projet global ».

L’organisme Montréal en Histoires a tout de même collaboré avec la Ville de Montréal et le Palais des congrès à la création du réseau Wi-Fi du Vieux-Montréal, qui sert entre autres au parcours Cité Mémoire. Lancé en mai 2016, ce parcours met en scène une vingtaine de tableaux multimédia­s et donne accès à son applicatio­n de réalité augmentée, disponible depuis juillet 2015. « On a travaillé avec eux pour déployer la fibre optique », indique Martin Laviolette, directeur général et producteur délégué à Montréal en Histoires. D’autres discussion­s sont à prévoir, car l’organisme à but non lucratif veut prolonger le parcours vers le centre-ville et le canal Lachine.

L’applicatio­n Montréal en Histoires, offerte en français, en anglais, en espagnol et en mandarin, a été téléchargé­e par 80 000 utilisateu­rs : 80 % d’entre eux proviennen­t du Canada, 10 %, des États-Unis, 5 %, d’Europe, et 5 %, d’autres régions du monde.

S’il concède que les réalisatio­ns de Montréal en Histoires ont probableme­nt pesé beaucoup dans le choix de l’Intelligen­t Community Forum dans la désignatio­n de Montréal comme la ville intelligen­te de 2016, Mohamed Reda Khomsi constate que dans l’argumentai­re, « il n’y avait pas vraiment de dimension touristiqu­e pour dire que l’applicatio­n va nous permette de chercher tel type de touriste ou telle clientèle ».

Il constate que les projets mis de l’avant par le Bureau de la ville intelligen­te de Montréal visent surtout les citoyens, et que ses consultati­ons ont peu impliqué les acteurs du tourisme. Il souligne que développer une ville intelligen­te ne stimule pas automatiqu­ement l’attractivi­té d’un lieu comme destinatio­n voyage.

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