Des fonds commodes pour détenir de l’or physique
epuis la crise financière de 2008, un nombre croissant d’investisseurs songent à inclure de l’or physique dans leur portefeuille. Pour plusieurs conseillers, l’or physique sert à assurer un portefeuille contre des périls économiques et financiers imprévisibles, de la même manière qu’on assure sa voiture et son habitation.
C’est que, pendant une bonne partie de l’histoire de l’humanité, l’or physique a été un moyen de paiement, au point où l’on peut dire que l’or a été, bien avant le dollar américain, une devise mondiale. D’ailleurs, ce n’est qu’en août 1971 que les États-Unis ont abandonné la convertibilité du billet vert en or, dont le prix avait été fixé à 35$ US en 1944 par les accords de Bretton Woods.
Et même si ce système d’étalon-or a été abandonné par l’adoption forcée du papier-monnaie, le métal jaune demeure pour certains la seule véritable monnaie. Surtout lorsqu’ils voient les banques centrales des États-Unis, du Japon et de l’Europe inonder les marchés de liquidités. Contrairement aux Nord-Américains qui associent le métal précieux à de la bijouterie, les citoyens de l’Inde et de la Chine voient encore dans l’or un endroit où placer leur épargne.
« Il est recommandé de détenir de 5 à 6% d’un portefeuille dans l’or à titre de police d’assurance. Lorsque cette proportion double, il vaut mieux en vendre pour retrouver le même pourcentage. À l’inverse, si l’or ne vaut plus que 3% d’un portefeuille, il faut vendre d’autres actifs pour acheter de l’or afin de revenir à la proportion initiale. Si vous faites cela, vous pouvez cesser de vous inquiéter au sujet de l’or », affirme Kevin McLean, gestionnaire principal du Fonds de croissance de métaux précieux Sentry.
Plusieurs possibilités d’investir
Il y a plusieurs façons de détenir de l’or physique dans un portefeuille. Certains investisseurs achètent directement des pièces ou des lingots auprès d’institutions financières pour les entreposer dans leur propre coffret de sûreté. Les pièces permettent plus de flexibilité que les lingots lorsqu’il s’agit de revendre une partie de son or. Les lingots sont plus pratiques en ce qui concerne les sommes importantes.
Toutefois, plusieurs investisseurs préfèrent une façon plus commode de détention. Ainsi, il est possible d’acheter auprès de courtiers en valeurs mobilières des lingots conservés en chambre forte. C’est pratique lorsqu’on veut détenir de l’or dans un REER.
Les divers fonds de placement qui détiennent de l’or physique sont encore plus pratiques. Parmi eux, les reçus de transactions boursières (RTB) de la Réserve d’or canadienne, cotés au TSX sous le symbole MNT, offrent une formule intéressante. C’est que, contrairement aux autres fonds, les RTB représentent une propriété directe dans de l’or physique détenu par la Monnaie royale canadienne. Puisque cette dernière est une société d’État, ses obligations à l’égard des RTB sont entièrement reconnues et garanties par le gouvernement du Canada.
Un investisseur qui détient au moins 10 000 RTB peut choisir de les faire racheter et se faire livrer de l’or physique, et ce, une fois par mois. Ceux qui en ont moins peuvent se les faire racheter en espèces. Les frais de gestion de la Monnaie royale canadienne sont de 0,35% par année. Une version négociée en dollars américains est aussi possible ( MNT.U).
On compte trois autres fonds négociés en Bourse (FNB) détenant de l’or, cotés au TSX. Le plus important est la version cotée à Toronto ( IGT) de l’iShares Gold Trust, inscrit à New York ( IAU). C’est d’ailleurs à New York que le titre est activement négocié. Son actif oscillait récemment autour de 6,3 G$ US.
« Nous aimons ce fonds en raison de son ratio de frais de gestion [RFG] de 0,25%, ce qui est 37,5% moins élevé que le RFG de son principal concurrent, le SPDR Gold Shares [ GLD], dont le RFG est de 0,40%. La version inscrite à Toronto de l’iShares Gold Trust s’achète en dollars canadiens, mais vous restez exposé aux fluctuations du dollar américain », prévient Daniel Straus, chef de l’équipe de recherche sur les FNB à la Financière Banque Nationale.
Si vous êtes d’avis que le dollar canadien va s’apprécier par rapport au dollar américain, Daniel Straus recommande plutôt d’acheter l’iShares Gold Bullion Fund ( CGL). En pratique, son rendement devrait être le même pour un Canadien que celui reçu par un Américain détenant l’iShares Gold Trust cité précédemment, du moins avant les frais. Justement, c’est là que ça se gâte: à 0,55%, le ratio de frais de gestion de l’iShares Gold Bullion est plus du double de l’iShares Gold Trust.
D’autres avenues intéressantes
Il existe aussi des sociétés d’investissement à capital fixe ( closed-end funds) spécialisées dans la détention d’or: le Central Gold Trust ( GTU. UN) et le Central Fund of Canada ( CEF.A), tous deux inscrits au S&P/TSX. Ceux-ci offrent des versions négociées en dollars américains. Le premier ne détient que de l’or, alors que le second détient aussi de l’argent.
Contrairement aux autres types de fonds qui émettent de nouvelles parts pour chaque achat, une société à capital fixe émet un nombre limité de parts, lesquelles s’échangent entre acheteurs et vendeurs à la Bourse. Or, il y a souvent un écart entre le prix auquel les investisseurs s’échangent ces parts et la « valeur » du fonds, que l’on appelle la « valeur liquidative par part » (VLPP). Pour déterminer cette VLPP, la société de fonds calcule la valeur de l’or et des autres actifs du fonds et en soustrait une partie pour se rémunérer. Le montant qui reste est ensuite divisé par le nombre de parts émises.
Ainsi, en fin de journée le 24 avril 2015, la VLPP du Central Gold Trust s’établissait à 53,13$. Cependant, la part s’échangeait à 50,62$ à la clôture du TSX, soit à un escompte de 4,7% par rapport à la VLPP. Pour une raison ou une autre, les investisseurs ne veulent pas payer la « vraie » valeur de la part. Il est possible qu’ils craignent que le prix de l’or ne baisse. Néanmoins, pour ceux qui songent à investir à l’heure actuelle, payer 95,3 ¢ pour 1$ est tout de même mieux que de payer 1$ pour 1$, comme c’est le cas des autres fonds de placement. Le ratio de dépenses du fonds est de seulement 0,36%.