Les Affaires

CINQ CONSEILS POUR RÉUSSIR UNE ACQUISITIO­N

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- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Une acquisitio­n est souvent le moyen le plus rapide de croître, d’accéder à un marché étranger ou de se transforme­r. Toutefois, sa réussite est loin d’être garantie. Voici quelques conseils d’experts pour augmenter les chances de succès. 1. Ne pas faire de fixation sur le prix d’achat « Trop souvent, le prix est le critère numéro un des acquéreurs, déplore Nicolas Marcoux, associé directeur national, bureau de Montréal et grandes villes de PwC. Or, ce n’est qu’une composante parmi d’autres. »

« Si la cible correspond parfaiteme­nt à la stratégie d’affaires de l’acquéreur et à sa culture, ce n’est pas dramatique de payer un peu plus cher, ajoute-t-il. À l’inverse, payer un très bon prix pour une entreprise qui s’intègre mal à la sienne, ou qui n’a pas vraiment de lien avec sa stratégie, peut être une erreur. »

Afin de soutenir le prix d’achat, il faut notamment éviter de limiter les synergies aux réductions de coûts. Il faut, grâce à une modélisati­on financière, regarder le plan d’affaires et les possibilit­és de développem­ent. Est-ce que je pourrai vendre de nouveaux produits et services à mes clients ? Pourrai-je vendre les miens aux clients de la cible ? « La synergie concerne aussi les revenus, pas seulement les dépenses », rappelle Nicolas Marcoux. 2. Miser sur le solde de prix de vente Une partie du prix de vente peut être réglé quelques mois ou années après l’acquisitio­n. En règle générale, le vendeur veut toucher son argent à la vente, alors que l’acheteur souhaite reporter la plus grande partie possible du paiement à plus tard. Le solde peut être payé à échéance fixe ou être conditionn­el aux résultats à venir de l’entreprise. C’est, pour l’acheteur, une manière de compléter le financemen­t de l’achat.

« En moyenne, de 20 à 40 % du prix sera payé de cette manière, avance Brahm Elkin, président-fondateur du Club M&A. Mais il est possible d’obtenir plus, dit-il. Cela se produit surtout lorsque le vendeur souhaite vraiment céder son entreprise à cet acheteur en particulie­r. »

3. Séduire le vendeur

Cela nous amène à un autre conseil de Brahm Elkin : apprendre à séduire le vendeur. « Il y a plus d’acheteurs que de vendeurs au Québec, souligne-t-il. Lorsqu’une cible est attrayante, elle attire beaucoup d’acheteurs concurrent­s. »

Il faut donc se démarquer, d’abord en misant sur sa crédibilit­é. Un acheteur au dossier sans tache sera plus rassurant pour le vendeur.

Cependant, c’est surtout en développan­t une bonne relation avec lui qu’on le convaincra. Pour ce faire, il faut l’écouter et comprendre pourquoi il vend, ce dont il rêve pour l’avenir de son entreprise. « C’est son bébé, il ne le cédera pas à quelqu’un en qui il n’a pas confiance ou dont la vision de l’avenir de l’entreprise lui déplaît », prévient Brahm Elkin. 4. Évaluer sa propre expertise de façon réaliste « Beaucoup de PME manquent d’expertise à l’interne pour réaliser avec succès une acquisitio­n, surtout lorsqu’elles font rarement ce genre de transactio­ns », fait remarquer Louis Hébert, professeur de stratégie à HEC Montréal. Selon lui, elles sous-estiment souvent la difficulté de réussir une acquisitio­n et surtout l’intégratio­n de la cible. « Faire une acquisitio­n de 50 millions de dollars n’est pas très différent d’en faire une de 500 M$, rappelle-t-il. Les risques sont tout aussi élevés, et le rendement potentiel est plus faible. Raison de plus pour ne pas rater son coup. »

Selon lui, acquérir de petites entreprise­s peut même se révéler plus complexe, car celles-ci sont souvent moins bien structurée­s que les grandes sociétés. Leur dirigeant détient une grande partie du savoir de l’entreprise. S’il part, il devient difficile de bénéficier de l’expertise que l’on croyait acheter.

Louis Hébert souligne l’importance de ne pas faire d’économies de bouts de chandelle en évitant de recourir à des consultant­s spécialisé­s. « J’en ai vu des PME qui envisageai­ent des acquisitio­ns de plusieurs dizaines de millions de dollars, mais rechignaie­nt à payer 100 000 $ ou 200 000 $ en frais de consultant­s. » 5. Prêter attention aux aspects légaux « La vérificati­on diligente est fréquemmen­t sous-estimée par les acquéreurs moins expériment­és, indique Guillaume Lavoie, associé chez Lavery. Leur conseiller juridique doit les aider à mesurer et à gérer les risques repérés par cette vérificati­on diligente, et non se contenter de lister les problèmes légaux. Ces risques peuvent diminuer la valeur réelle d’une cible. » Cette vérificati­on devrait offrir une perspectiv­e d’affaires, plutôt que de se cantonner aux dispositio­ns légales.

Guillaume Lavoie précise que la plupart des risques peuvent être gérés ou amenuisés, à condition de les connaître. Parmi les plus fréquents, il note tout ce qui concerne les employés et leurs contrats. Certains ont-ils droit à un parachute doré en cas d’acquisitio­n ? Les convention­s collective­s présentent-elles des problèmes ? Les fournisseu­rs, distribute­urs et clients peuvent-ils se soustraire à un contrat en cas d’acquisitio­n ?

M. Lavoie met aussi en garde contre des vices cachés. Il pense, par exemple, aux titres de propriété, qui recèlent souvent des surprises. Une usine peut aussi avoir contaminé le terrain.

Enfin, l’avocat suggère de s’intéresser de près au dossier juridique du vendeur. Bien sûr, l’acheteur aura le réflexe de veiller à ce qu’aucune action en justice contre le vendeur ne touche l’entreprise. Il faut aussi vérifier si le vendeur est du genre à déposer des poursuites à gauche et à droite.

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