Les Affaires

Un marché à l’avantage des locataires… pour le moment 11 millions

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc La récréation achève

Le taux d’inoccupati­on élevé de 12% au centre-ville de Montréal procure un solide avantage aux locataires depuis deux ans. Et l’ajout de plus de 1,5 million de pieds carrés de nouveaux locaux pour bureaux de catégorie « A » livrés au cours des derniers mois (le 900 Maisonneuv­e, la tour Aimia et la tour Deloitte), contribue à ce rapport de force en leur faveur.

« Jamais je n’ai vu des taux de location aussi agressifs, réduits d’au moins 20% », observe Jean Laurin, président et chef de la direction chez NKF Devencore. Par conséquent, tout est négociable lors des renouvelle­ments de baux, poursuit-il.

Qui peut négocier?

Tout le monde peut négocier son loyer. Certains acteurs ont toutefois plus de poids que d’autres. Plus la crédibilit­é des locataires est élevée (entreprise­s financière­s, bureaux gouverneme­ntaux, sociétés bien établies avec profits…), plus les demandes de ces derniers peuvent être bonifiées de mois gratuits et de travaux d’aménagemen­t.

En fait, explique M. Laurin, les deux parties ont avantage à connaître leurs forces et leurs faiblesses au moment d’entamer les négociatio­ns. Et, surtout, à connaître les perception­s que les parties concernées ont l’une de l’autre. Un locataire conscient qu’il bénéficie d’un pouvoir d’attraction auprès d’autres entreprise­s peut espérer obtenir un peu plus sur son bail. Un immeuble de catégorie A qui perd, en peu de temps, d’importants locataires peut présenter de belles aubaines pour des entreprise­s en quête de locaux contigus.

À ce propos, sans connaître les détails du bail qui lie la Banque Laurentien­ne à sa future adresse située au 1360, boul. RenéLévesq­ue Ouest, certains avancent que l’institutio­n financière a sans doute bénéficié de très bonnes conditions de location pour occuper 240 000 pi2 de l’immeuble. D’autant plus que l’immeuble, détenu par la société allemande KanAm Grund, est actuelleme­nt en vente. D’avoir des locataires de prestige contribue à augmenter la valeur de vente.

Par ailleurs, puisque la Banque Laurentien­ne s’apprête à quitter le 1981, avenue McGill College, on peut supposer que de belles occasions attendent les locataires qui seront intéressés par cette adresse du centre-ville. Plus de 290 000 pi2 ont été mis en disponibil­ité.

Lorsque les appels d’offres ont été publiés au printemps 2015, l’institutio­n financière avait le choix entre une dizaine d’adresses comprenant plus de 200 000 pi2 contigus. « Ce qui n’est plus le cas ces jours-ci. Contrairem­ent aux locaux de moins de 50 000 pi2 qu’on trouve assez facilement, les locataires qui recherchen­t de grands blocs d’espace contigus ont très peu d’options présenteme­nt à Montréal. Les superficie­s de 200 000 pi2 disponible­s se comptent sur les doigts de la main », dit M. Laurin. Bien que le taux d’inoccupati­on au centrevill­e de Montréal soit l’un des plus élevés que la métropole ait connu (le taux d’inoccupati­on du secteur Westmount a même atteint 15,2%), le prix des loyers a, par contre, tendance à rester stable, voire à augmenter légèrement.

« Les propriétai­res souhaitent maintenir la valeur de leurs immeubles au centrevill­e », précise M. Laurin. Le prix moyen de location au pied carré brut des immeubles de catégorie A et B est passé de 32,52$ à 33,04$. Cet indice, dit-il, laisse présager la fin du cycle à l’avantage des locataires. Les belles occasions devraient diminuer d’ici les 18 prochains mois. Tout au plus d’ici deux ans, estime Jean Laurin.

Enfin, il y a toujours eu un jeu de chaise musicale, et la musique continuera de jouer, note cet expert en immobilier. Il aime d’ailleurs citer l’exemple du secteur de la Cité du Multimédia qui, il y a deux ans, affichait l’un des taux d’inoccupati­on les plus élevés du centre-ville, avec 15%. Aujourd’hui, il se situe sous la barre des 6%.

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