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Le Québec devrait être un chef de file de la réforme des subvention­s aux hydrocarbu­res

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Courrier des lecteurs — Le tout premier accord en matière de changement climatique à réunir toute la communauté internatio­nale, soit les 191 États qui l’ont adopté en décembre dernier à Paris, a atteint un seuil critique en octobre à la suite d’une ratificati­on et d’une entrée en vigueur plus rapides que prévu. Ce processus donne aux gouverneme­nts les outils nécessaire­s pour mettre rapidement en oeuvre diverses mesures, notamment celle de réformer les subvention­s octroyées aux combustibl­es fossiles, comme le suggère l’Agence internatio­nale de l’énergie.

Alors qu’une tarificati­on sur le carbone deviendra réalité au Canada à partir de 2018, il est primordial que les subvention­s aux hydrocarbu­res soient aussi éliminées à l’échelle du pays. Imposer un tarif sur l’émission de gaz carbonique tout en subvention­nant les hydrocarbu­res s’apparente à une taxe sur le tabac qu’on accompagne de subvention­s aux cultivateu­rs du tabac. Cela n’a aucun sens.

Selon notre évaluation, les gouverneme­nts fédéral et provinciau­x octroient environ 3,3 milliards de dollars en subvention­s aux producteur­s de gaz naturel et de pétrole. Les provinces canadienne­s accordent également des subvention­s aux consommate­urs d’énergies fossiles, induisant ainsi les prix à la baisse. L’an dernier, ces subvention­s ont été de 682 millions de dollars en Ontario et de 182 M$ en Saskatchew­an.

Au Québec, nous évaluons que ces subvention­s attribuées à la consommati­on du gaz naturel et du pétrole se chiffraien­t à 270 M$ l’an dernier. Celles-ci ont pris la forme de taux réduits de la taxe sur les carburants pour certains secteurs de l’économie. Entre autres, la réduction à l’égard des aéronefs et des locomotive­s sur rail et la baisse dans certaines régions ont respective­ment représenté 99 M$ et 88 M$ en 2015, tandis que le remboursem­ent accordé aux entreprise­s agricoles, forestière­s et minières a été de 38 M$ cette même année.

Les subvention­s aux hydrocarbu­res rendent moins concurrent­iels les combustibl­es qui sont moins polluants, ce qui nuit aux efforts déployés pour atteindre les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’éliminatio­n des subvention­s aux hydrocarbu­res dégage aussi une marge budgétaire qui peut être réinvestie en infrastruc­tures, en création d’emplois et dans l’éducation.

Nous sommes conscients que l’existence de certaines de ces subvention­s est légitime. Lorsque certains secteurs de l’économie, des travailleu­rs ou des communauté­s sont touchés par l’éliminatio­n des subvention­s, le gouverneme­nt peut utiliser une portion des sommes économisée­s afin d’encourager ces secteurs à mieux faire face à cette transition. Malgré tout, ces subvention­s continuero­nt à se transposer en plus fortes émissions de gaz à effet de serre à l’avenir et à nuire à la mise en oeuvre de solutions moins polluantes et à la création d’emplois verts.

Le gouverneme­nt fédéral s’est engagé à éliminer les subvention­s aux hydrocarbu­res à plusieurs reprises. Pour y arriver, il aura besoin de la concertati­on des provinces. Le Québec devrait prendre le taureau par les cornes. La province est depuis longtemps l’une des plus proactives dans sa volonté de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, s’étant donné une cible de réduction de 20 % de ses émissions sous le seuil de 1990 pour 2020 et de 37,5 % pour 2030. Sa stratégie visant l’atteinte de ces cibles devrait inclure l’éliminatio­n des subvention­s aux hydrocarbu­res dans la province.

Le Québec a été la première administra­tion infranatio­nale à contribuer au Fonds pour les pays les moins avancés, un geste fort louable qui doit être reconnu. La province joue également un rôle de premier plan au sein de la Francophon­ie dans sa lutte contre les changement­s climatique­s.

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