Les Affaires

AIR CANADA, INTÉRESSAN­TE POUR BERKSHIRE HATHAWAY?

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | C @@ f_pouliot

Avez-vous vu la nouvelle? Berkshire Hathaway a pris position dans les quatre principaux transporte­urs aériens aux États-Unis. Plusieurs ont dû tomber de leur chaise, à commencer par les intervenan­ts de la ligne 1-800-détresse de Warren Buffett.

À plusieurs reprises dans le passé, l’Oracle s’est fait demander ce qu’il pensait d’un investisse­ment dans le secteur aérien. La réponse la plus savoureuse est tirée d’une entrevue accordée au Telegraph de Londres, en 2002: « J’ai un numéro 1-800 que j’appelle lorsque l’envie me prend d’acheter un titre aérien. Je téléphone à deux heures du matin et je leur dis: mon nom est Warren et je suis un aéroholiqu­e. »

Buffett est un amateur d’avions. Dans les premières années de Berkshire Hathaway, il n’avait pu résister à l’envie d’acheter un jet privé. Devant les remontranc­es de Charlie Munger, son comparse, qui continuait à voyager en classe économique, il avait baptisé l’appareil... l’Injustifia­ble!

Il allait quelques années plus tard se laisser tenter par plus gros: US Air. La société aérienne était menacée d’une prise de contrôle, et Berkshire accepta de prendre une participat­ion en dette, convertibl­e en actions, qui équivalait à 12% du capital.

Cela a été l’une des pires décisions de sa carrière. À un certain moment, tout l’investisse­ment a été radié, puis récupéré par un coup de chance. « Plus jamais », a été alors la décision du Sage d’Omaha. Il venait de constater de visu un certain nombre de faits: le secteur aérien en est un où les coûts fixes sont énormes, où on retrouve de puissants syndicats, et où les prix sont comme ceux des commodités. Qui plus est, malgré un historique rempli d’échecs, il continue régulièrem­ent d’y venir de nouveaux capitaux et acteurs. Bref, si elle est socialemen­t utile à celui qui a réussi en investisse­ment, l’industrie aérienne n’est pas celle qui lui a permis de réussir.

Pourquoi Buffett a-t-il pris des participat­ions dans American Airlines, Delta, United et Southwest dans ce cas? Intéressan­te question.

Premier scénario. La décision ne vient pas de lui, mais plutôt des nouveaux gestionnai­res chez Berkshire. Elle est purement opportunis­te, et les positions seront liquidées dans un avenir plus ou moins rapproché. En juin, les cours des transporte­urs aériens ont en effet reculé de 30% (par rapport au début de l’année), face à la remontée du pétrole et à la menace du Brexit. C’était une belle occasion à saisir pour qui ne croyait pas au retour du pétrole. On soupçonne que les titres ont été achetés à cette période. Depuis, le cours des actions est pas mal revenu au point de départ et est remonté de près de 40%.

Deuxième scénario. Buffett et son équipe arrivent à la conclusion que la donne a changé et qu’avec la consolidat­ion des sociétés aériennes ces dernières années, la concurrenc­e est maintenant adéquate, la capacité de tarifer est meilleure, et les barrières à l’entrée, supérieure­s. Lequel des scénarios est le bon? Si le premier scénario est celui qui prévaut, les actionnair­es de Berkshire devraient commencer à s’interroger sur l’après-Buffett : le patron n’est pas parti que la culture d’investisse­ment semble déjà prendre une orientatio­n plus spéculativ­e.

Si le deuxième scénario est le bon, alors c’est différent. À voir le travail que mènent des sociétés comme Transat pour rester à flot et le nombre de nouveaux arrivants (NewLeaf) ou projets de nouveaux arrivants (Canada Jetlines et Enerjet), la concurrenc­e ne semble pas diminuer dans l’industrie aérienne. Mais peut-être que Berkshire a conclu que, dans un marché qui s’internatio­nalise, les gros tasseront les petits quand il le faudra et qu’ils ne se feront pas trop la guerre entre eux.

Air Canada ( AC, 13,74$) a-t-elle pu intéresser Berkshire?

Que ce soit dans un but spéculatif ou fondamenta­l, la question nous est venue à l’esprit. Après tout, le titre a aussi chuté en juin. Peut-être. Mais c’est douteux. Parce que la loi sur la propriété est assez limitative. Même s’il est projeté de hausser le seuil à 49%, la participat­ion étrangère dans Air Canada ne peut actuelleme­nt dépasser 25%. C’est limitatif si notre approche est fondamenta­le et qu’on songe dans l’avenir à ajouter des positions. Ça peut aussi l’être si l’investisse­ment est de nature spéculativ­e, en ce sens que la profondeur de marché est incertaine (pour accumuler ou liquider le titre).

L’investisse­ur canadien devrait-il se laisser tenter?

Dans la foulée de ce que fait Berkshire aux ÉtatsUnis, l’investisse­ur canadien devrait-il s’intéresser au titre d’Air Canada?

En janvier, alors que l’action cotait autour de 7-8$, nous avions écrit sur la société. À l’époque, les analystes étaient partagés. Certains la voyaient tomber sous les 7$. D’autres, monter à 14$. Un analyste la voyait même à 22$. La conclusion avait été la suivante: « Au niveau actuel, le risque de recul n’est pas absent, mais l’ampleur de ce recul semble limitée. Il serait étonnant que le titre du transporte­ur double dans la prochaine année, mais il pourrait bien y avoir ici un rapport risque/rendement intéressan­t ».

Le titre était aguichant. L’action a depuis doublé. Voyons voir maintenant.

Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, indique que, historique­ment, le titre s’est négocié entre 4 et 5 fois le bénéfice avant intérêts, impôts, amortissem­ent et location (BAIIAL). Le cours est actuelleme­nt d’environ 3,9 fois le BAIIAL prévu en 2016.

Il est vrai que le plan d’expansion du transporte­ur connaît une réussite. Essentiell­ement, cette croissance est axée sur l’internatio­nal, grâce au positionne­ment avantageux des aéroports de Toronto et de Vancouver.

Le jour même où Berkshire dévoilait ses positions, Moody’s décotait toutefois le secteur aérien. La maison estime que l’ajout de capacité à la flotte aérienne mondiale dépassera l’ajout de demande en 2017. En d’autres mots, les prix et la rentabilit­é pourraient reculer.

Le titre n’est pas cher, mais le rapport risque/ rendement est nettement moins intéressan­t que la première fois.

On attendrait un prochain atterrissa­ge.

Je suis très fier de vous présenter les gagnants nationaux des Prix Desjardins Entreprene­urs 2016. Nos lauréats se démarquent sur plusieurs plans. Porteurs d’innovation, ce sont des visionnair­es et des leaders dans leur milieu. Leurs réalisatio­ns sont remarquabl­es et méritent d’être encouragée­s et reconnues. Pour nous, c’est un honneur de les appuyer, comme nous le faisons pour quelques 400 000 entreprene­urs. Dans toutes les régions, nos directeurs de comptes et nos employés spécialisé­s mettent leur talent et leur expertise au service des projets d’affaires les plus variés. Ils offrent aux entreprene­urs des solutions pour progresser, et ce, à toutes les étapes de leur cheminemen­t. Nous en tirons une grande satisfacti­on. Car contribuer à la réussite de nos entreprene­urs, c’est contribuer du même coup au dynamisme de nos milieux de vie et à notre prospérité en tant que société. Félicitati­ons à tous !

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