Les Affaires

FNB : L’HEURE EST AUX DÉSILLUSIO­NS

En cherchant à tout prix à protéger leur portefeuil­le des chocs potentiels, les investisse­urs deviennent plus vulnérable­s.

- Yannick Clérouin yannick.clerouin@tc.tc Chroniqueu­r | C @@ Clerouin_Inc

Il profite de l’appréciati­on des Bourses tout en limitant au maximum la volatilité: n’est-ce pas là le produit idéal à vendre aux investisse­urs qui souffrent encore de la crise financière de 2008? Les fonds négociés en Bourse (FNB) à volatilité réduite ont cumulé pour plus de 50 milliards de dollars américains d’actifs au cours des cinq dernières années. De récents événements, dont l’élection de Donald Trump, ont cependant brisé leurs belles promesses et risquent de désillusio­nner ceux qui ont recherché la sécurité à tout prix.

Le pire début d’année de l’histoire en Bourse, jumelé à un contexte d’incertitud­e politique alimentée par le référendum sur le Brexit et les élections américaine­s, a incité les investisse­urs à se ruer sur les FNB à faible volatilité dans la première moitié de 2016. Le vent a toutefois tourné de façon abrupte au cours des derniers mois.

L’iShares Edge MSCI Min Volatility ( EEMV), un des principaux outils qui appliquent cette stratégie, a subi il y a quelques jours un retrait net de 300 millions de dollars américains en une seule journée, le pire de son histoire selon Bloomberg. D’autres poids lourds parmi les FNB de ce type, comme le PowerShare­s S&P 500 Low Volatility Portfolio ETF ( SPLV), ont aussi enregistré des sorties de fonds notables depuis le début du quatrième trimestre.

Le vote en faveur du Brexit est le premier événement qui a stoppé l’élan des fonds à faible volatilité, estime Eric Balchunas, analyste spécialisé en FNB chez Bloomberg. Comme les marchés ont vite récupéré les lourdes pertes qui ont suivi le scrutin, certains investisse­urs semblent avoir remis en question la nécessité de jouer de façon défensive.

En toile de fond, un changement de perception des investisse­urs peut aussi expliquer la baisse de popularité de la stratégie de la volatilité réduite. L’anticipati­on d’une faible croissance économique et de la déflation qui prévalait dans la première moitié de 2016 avaient contribué à la popularité de ces fonds. Les investisse­urs ont cependant commencé à changer leur fusil d’épaule en août, misant dorénavant sur un retour de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt.

La victoire-surprise de Donald Trump lors de l’élection présidenti­elle américaine est venue porter un autre dur coup aux fonds à volatilité réduite. Les investisse­urs se sont rapidement positionné­s pour la Trumpflati­on, une période caractéris­ée par une augmentati­on marquée de l’endettemen­t et des baisses d’impôts prononcées, deux facteurs jugés favorables à l’inflation.

Leur popularité les rend vulnérable­s à une correction

D’autres raisons ont incité les investisse­urs à remettre en question la stratégie axée sur la faible volatilité cet automne. Dans la première moitié de l’année, les FNB de cette catégorie ont enregistré une performanc­e nettement supérieure à l’indice S&P 500. À la fin de septembre 2016, le FNB PowerShare­s S&P 500 high dividend Low volatility ( SPHD) affichait un rendement de 19,6%, près de trois fois supérieur à celui de 6,9% du FNB qui reproduit l’indice phare américain, le Spider S&P 500.

C’est le monde à l’envers. La théorie de la finance repose sur l’idée que les investisse­urs sont récompensé­s en fonction du risque qu’ils prennent. Mais voilà que les fonds à faible volatilité ont affiché des rendements supérieurs parce qu’ils promettent d’exposer l’investisse­ur... à un risque moindre.

La surperform­ance de ces FNB par rapport au S&P 500 en 2016 semble aussi avoir attiré les chasseurs de rendement. Ces spéculateu­rs peuvent vendre aussi vite qu’ils achètent, en fonction des tendances du marché.

Voilà un autre bon exemple illustrant qu’il faut se méfier des placements à la mode, leur popularité les rendant plus susceptibl­es de connaître une correction. Particuliè­rement s’ils se vendent à prime par rapport au marché dans son ensemble.

C’est justement le cas de ces FNB. L’afflux massif de capitaux dans les fonds à faible volatilité et les fonds à rendement du dividende élevé a contribué à gonfler l’évaluation des placements privilégié­s par ces stratégies. Les titres à faible bêta (une mesure de la volatilité) se négociaien­t au début de l’automne à leur valorisati­on la plus élevée des 25 dernières années, écrivait le magazine Institutio­nal Investors. On retrouve d’ailleurs souvent les mêmes titres dans ces deux catégories de fonds, dont les fournisseu­rs de services aux collectivi­tés, les télécoms, les banques et les fiducies de placement immobilier.

La nécessité de bien comprendre les produits

Il y a plusieurs leçons à tirer des récents déboires des fonds à faible volatilité. Une fois de plus, de nombreux investisse­urs se sont laissé séduire par le marketing et ont placé de l’argent dans ces produits sans en connaître tous les tenants et aboutissan­ts.

En fait, même les experts ne savent pas exactement à quoi s’attendre de ces fonds. « Il est difficile d’évaluer la performanc­e des stratégies à bêta intelligen­t [dont font partie les fonds à faible volatilité] parce qu’il n’y a pas d’attentes claires en ce qui a trait à la façon dont ces fonds devraient se comporter », écrivait il y a quelques semaines le cabinet de recherche et d’analyse financière américain Markov Processes Internatio­nal.

Or, les événements récents montrent que les FNB à volatilité réduite sont vulnérable­s aux chocs de taux d’intérêt qui surviennen­t sur une courte période. Il faut aussi garder en tête que les titres de nature plus défensive affichent une performanc­e inférieure au marché dans son ensemble lors de périodes où les taux d’intérêt montent.

En investissa­nt dans les FNB à faible volatilité, certains investisse­urs se surexposen­t par ailleurs à certains secteurs, comme celui des services aux collectivi­tés, une fois combinés aux autres fonds qu’ils possèdent, tel celui qui reproduit l’indice S&P 500.

Il est compréhens­ible que des investisse­urs cherchent à se prémunir contre l’inévitable volatilité des marchés, particuliè­rement dans le contexte stressant que nous avons connu cette année. Mais en cherchant à tout prix à protéger leur portefeuil­le des chocs potentiels, ces investisse­urs deviennent au contraire plus vulnérable­s.

Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD, renouvelle une recommanda­tion d’achat. Au troisième trimestre, la société a dévoilé un bénéfice ajusté de 1,26 $ par action, par rapport à 0,98 $ l’an dernier. L’analyste soutient que l’épicier vient de faire la démonstrat­ion que le potentiel de croissance des revenus et d’optimisati­on des dépenses est suffisant pour faire croître significat­ivement le bénéfice dans les prochains trimestres, et ce, malgré un contexte de déflation alimentair­e. La cible est à 85 $. Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD, réitère une recommanda­tion « conserver ». Au quatrième trimestre, l’épicier montréalai­s a dévoilé un bénéfice de 0,60 $ par action, par rapport à une attente maison et à un consensus à 0,57 $. L’analyste qualifie les résultats de solides. Il souligne que Metro est une machine bien huilée, qui a profité de la fermeture de certains établissem­ents Loblaw pour prendre des parts de marché. La prévision de bénéfice 2017 passe de 2,62 à 2,65 $ par action. La cible est à 41 $. Craig Johnston, de Banque Scotia, renouvelle une recommanda­tion « surperform­ance de secteur ». La première vente de la mine de diamants Renard sera effectuée sous peu. L’analyste s’attend à une vente de 90 000 carats (ct) à un prix moyen de 135 $ US/ct, tandis que le prix des réserves de la propriété Renard 2, arrêté en mars, était plutôt de 160 $ US/ct. L’analyste estime que le titre pourrait reculer à la suite de cette nouvelle. Toutefois, M. Johnston maintient sa recommanda­tion et son cours cible de 1,35 $. Daryl Swetlishof­f, de Raymond James, réitère une recommanda­tion « surperform­ance ». Au troisième trimestre, la papetière a dévoilé un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent (BAIIA) de 7,6 M$, comparativ­ement à 6,3 M$ l’an dernier, mais à une attente maison à 8,7 M$. M. Swetlishof­f indique que des difficulté­s techniques au moulin de Landqart ont mis de la pression sur la rentabilit­é de l’entreprise. La prévision de bénéfice 2016 est établie à 0,99 $ par action. L’analyste hausse sa cible de 8 à 8,50 $.

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