Les Affaires

Godot Huard, d’IoT Montréal

— Godot Huard,

- RÉSEAU NUMÉRIQUE À GRANDE COUVERTURE Alain McKenna redactionl­esaffaires@tc.tc

Entrevue 60 secondes — On savait déjà que les objets connectés nécessitai­ent un réseau pour fonctionne­r. Ce qu’on savait moins, c’est ce que serait la meilleure technologi­e pour eux. En activant son réseau LoRaWAN autour de la maison Notman cette semaine, IoT Montréal propose une technologi­e ouverte, visant à « remettre Montréal dans le peloton de tête des villes connectées en Amérique du Nord. » Entrevue avec Godot Huard, son cofondateu­r. Qu’est-ce que la technologi­e LoRaWAN? Elle a été créée par la société française Semtech, en 2012. Samsung, IBM et Cisco, entre autres, l’ont adoptée et ont formé la LoRa Alliance, qui aide à la déployer partout sur la planète. On la retrouve déjà en Europe, en Corée et ailleurs. Ici, le réseau LoRaWAN utilise la fréquence des 915 mégahertz, une fréquence déréglemen­tée à longue portée [ long range ou LoRa], pour créer un réseau numérique ayant une grande couverture [ Wide Area Network ou WAN]. D’où le nom: LoRaWAN. En un mot, c’est le Wi-Fi des objets connectés. Sa faible bande passante ne permet pas la diffusion de vidéos en direct, mais suffit pour que du mobilier urbain connecté puisse transmettr­e des données régulièrem­ent vers Internet. Pour les développeu­rs, une antenne LoRaWAN ne coûte pas 100$ et peut être alimentée pendant des années à l’aide d’une seule pile ordinaire. Quels sont les secteurs qui peuvent bénéficier de cette technologi­e? Ça va des applicatio­ns pour suivre l’état des terres agricoles en temps réel à l’entretien de bâtiments industriel­s et commerciau­x, en passant par la gestion à distance de la marchandis­e et de la machinerie. Cela permet aussi de gérer le flot de la circulatio­n urbaine et de programmer les feux de circulatio­n en conséquenc­e. On peut enfouir des capteurs en bordure de la rue pour créer un stationnem­ent urbain intelligen­t, pouvant indiquer en temps réel les places libres. Ça fonctionne même l’hiver sous la neige.

La technologi­e se répand vite, en Europe et en Asie. Samsung et SK Telecom ont couvert l’ensemble de la Corée du Sud en moins de six mois. Les entreprise­s technologi­ques québécoise­s devront avoir accès à la technologi­e si elles souhaitent vendre en Europe et en Asie dans un futur proche, car le phénomène de la ville intelligen­te est déjà très avancé là-bas. Le Bureau de la ville intelligen­te et numérique de la Ville de Montréal compte utiliser la fréquence radio pour ses luminaires connectés. Est-ce que ça entre en concurrenc­e? On a eu un premier contact avec la Ville à ce sujet. On va voir. Notre réseau est accessible gratuiteme­nt et repose sur un code source libre [ open source]. L’accessibil­ité est importante pour que les entreprise­s puissent profiter de la vague des objets connectés et des tendances connexes, comme la ville intelligen­te. Les études prédisent un marché des objets connectés plus gros que celui des PC ou même des appareils mobiles [la firme IDC évalue à 1,3 milliard de dollars américains les investisse­ments dans ce marché d’ici 2019].

Pour le moment, on couvre le quartier autour de la maison Notman, au centrevill­e. Les fonds d’investisse­ment nous soutiennen­t. On veut occuper toutes les zones où les entreprise­s sont présentes, mais on aimerait couvrir la ville en entier, ce qui ne coûterait pas plus de quelques centaines de milliers de dollars. On voit peu ou pas du tout de développem­ent dans ce secteur au Québec à l’heure actuelle. C’est ce qu’on souhaite changer.

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