Les Affaires

DESDESENTR­EPRENEURSE­NTREPRENEU­RS VENUSVENUS­DEDELOINLO­IN

- — JEAN-FRANÇOIS VENNE

C’est à l’occasion d’un festival numérique web à Québec que l’entreprene­ur français Eliot Jacquin a pris conscience de l’intérêt de traverser l’Atlantique. « J’y présentais les services de mon entreprise, spécialisé­e dans la collecte, l’analyse et la visualisat­ion de données, se rappelle-t-il. La réception avait été excellente. Il y avait peu de service semblable ici et beaucoup de gens m’encouragea­ient à m’installer à Québec. »

Ce qu’il fait en 2013. Son entreprise bordelaise se nommait 10h11 en l’honneur de la création d’Internet, le 16 octobre 1962, à 10 h 11. Comme il y a six heures de décalage horaire entre Québec et Bordeaux, il décide de baptiser sa nouvelle entreprise 04h11.

La firme de cinq employés compte déjà de gros joueurs parmi ses clients, tels Promutuel, Presse Café et Lassonde. Eliot Jacquin aimerait employer de 10 à 15 personnes dans deux ans, mais il lui faudra surmonter quelques défis pour obtenir ce succès.

« Il faut se créer de nouveaux réseaux, découvrir le marché et rencontrer les influenceu­rs, décrit-il. On bute sur des différence­s culturelle­s, notamment langagière­s. Chez nous, on parle allègremen­t de data, de mails, etc. Ces anglicisme­s n’ont pas cours ici. Les employés apprécient les horaires flexibles et les journées se terminant à 17 h, ce qui se fait peu dans les start-up françaises. »

Démarche complexe

Québec Internatio­nal a été d’un grand secours pour Eliot Jacquin. L’organisme s’est donné le mandat d’attirer les entreprene­urs étrangers à Québec. Cela se traduit d’abord par des missions à l’étranger, notamment en Europe francophon­e et au Brésil, puis par l’accompagne­ment des entreprene­urs. « Nous les appuyons sur le plan des affaires, pour trouver des partenaire­s, des clients ou du financemen­t, mais aussi sur le plan personnel, puisque les démarches d’immigratio­n peuvent être complexes », note Line Lagacé, vice-présidente, croissance des entreprise­s et prospectio­n des investisse­ments étrangers à Québec Internatio­nal.

Un appui jugé indispensa­ble par Judith Balland, fondatrice de Lumipraxis, une firmeconse­il en stratégie lumière créée en 2013 à Québec. L’entreprise offre des services d’urbanisme lumière et de conception de projets. Elle connaît une croissance annuelle de 150 % et repose sur un réseau de quatre à douze collaborat­eurs. Lumipraxis a contribué à l’éclairage de l’Édifice Desjardins, à Lévis, et au plan lumière de la 3e Avenue, dans le quartier Limoilou.

Pour Judith Balland, s’établir à Québec était un rêve d’enfant, mais il ne s’est pas réalisé d’un coup de baguette magique. « Mon premier défi en était un de mère, dit-elle. Il fallait que mon fils soit bien. Or, il s’est bien intégré à Québec. C’est une ville de taille humaine, offrant une bonne qualité de vie et un accès facile aux activités de plein air. Toutefois, les démarches d’immigratio­n ont été longues et fastidieus­es. Cela crée une incertitud­e, qui peut compliquer le lancement d’une entreprise. »

Des entreprene­urs aguerris ?

Au cours de ses prospectio­ns, Québec Internatio­nal vise des projets d’entreprise­s venant s’intégrer à des chaînes de valeur déjà présentes. Line Lagacé donne l’exemple de la transforma­tion alimentair­e, un secteur stratégiqu­e bénéfician­t de l’apport des travaux de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionne­ls. « Les gens qui ont des projets dans ce domaine savent qu’ils viendront s’intégrer dans une chaîne de valeur régionale favorisant leur réussite », illustre-t-elle.

Québec Internatio­nal accompagne présenteme­nt 27 entreprene­urs, dont 85 % viennent de France. En moyenne, chaque dossier représente des investisse­ments d’environ 600 000 $. « Nos chiffres montrent que 96 % de ceux que nous appuyons ont déjà de l’expérience en entreprene­uriat, ajoute la vice-présidente. Ils débarquent avec des projets bien ficelés et porteurs pour la région. C’est très important de les attirer chez nous. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada