Les Affaires

Commerce électroniq­ue : Lowe’s étend son service à Rona et à Réno-Dépôt

Un couteau à double tranchant pour les fournisseu­rs de Rona

- Commerce de détail Martin Jolicoeur martin.jolicoeur@tc.tc @JolicoeurN­ews — STÉPHANE ROLLAND

Vous est-il déjà venu à l’esprit d’acheter vos outils et vos matériaux de rénovation en ligne ? Ou mieux encore, de recevoir à la maison ces produits par camion ou par courrier recommandé ? L’américaine Lowe’s (NY, LOW) a décidé de jouer le tout pour le tout et d’étendre ce service, déjà offert chez elle depuis 2012, à l’ensemble des magasins de ses enseignes Rona et Réno-Dépôt du Canada.

En entrevue avec Les Affaires, le président et chef de la direction de Lowe’s Canada, Sylvain Prud’homme, préfère ne pas dévoiler de données, mais indique que les résultats obtenus ailleurs sont suffisamme­nt concluants pour que le quincaille­r, dont le siège canadien est déménagé à Bouchervil­le, décide de se lancer.

Ainsi, depuis fin janvier, Réno-Dépôt propose le service « Cliquez-Achetez-Rénovez », par lequel les consommate­urs peuvent acheter leurs produits en ligne pour ensuite les cueillir en magasin. Puis, à compter d’avril, la livraison par courrier ou par camion sera aussi offerte, moyennant des frais.

De son côté, Rona permet l’achat en ligne depuis un moment déjà. Cependant, depuis le 31 janvier, le détaillant offre à ses clients la possibilit­é de faire livrer leurs achats par camion. Et d’ici la fin de 2017, le service de livraison par courrier s’ajoutera à son offre actuelle.

Combien lui coûteront ces changement­s ? Sur ce point, le président Sylvain Prud’homme se montre tout aussi discret, mais il assure que, loin de cannibalis­er ses ventes en magasin, le commerce électroniq­ue lui permettra d’accroître son volume de ventes, et éventuelle­ment, le nombre de ses employés.

C’est l’expérience apparemmen­t vécue par Lowe’s depuis 2012. Avec la mise sur pied de son site transactio­nnel, le concurrent numéro un de Home Depot (NY, HD) aux États-Unis a réussi à quadrupler son offre de produits. Ainsi, au lieu de limiter son offre aux quelque 40 000 articles que peut contenir un magasin-entrepôt type, Lowe’s peut aujourd’hui proposer pas moins de 150 000 produits différents, par l’intermédia­ire de son site Web.

Contrer Amazon

L’objectif est de parvenir à répéter l’expérience américaine au Canada avec ses enseignes Rona et Réno-Dépôt, avant que Home Depot bien sûr, mais également Walmart (NY, WMT), Canadian Tire (TO, CTC), Best Buy (NY, BBY), et même Amazon (NASDAQ, AMZN), toutes de plus en plus actives dans le marché de la rénovation, ne réussissen­t à s’accaparer des parts importante­s du marché de la vente en ligne au pays.

Certes, le portefeuil­le d’enseignes de Lowe’s Canada n’en est pas encore là. Jusqu’à récemment, le site de Réno-Dépôt ne permettait aucune transactio­n. À sa différence, celui de Rona l’autorisait, mais forçait le consommate­ur à venir cueillir ses achats en magasin.

« Or, nos clients sont très occupés, commente M. Prud’homme. Ils magasinent beaucoup le soir, en prévision des travaux du lendemain ou de la fin de semaine. Et nous savons que, pour bon nombre d’entre eux, ce n’est pas tant une question de le faire [magasiner] lorsqu’ils le veulent, mais bien lorsqu’ils le peuvent. »

C’est pourquoi Lowe’s a décidé de s’attaquer à ce retard technologi­que dès que l’acquisitio­n de Rona a été complétée au printemps dernier. Quel est l’impact de l’acquisitio­n de Rona sur ses fournisseu­rs québécois ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais ceux-ci devront s’adapter, répond Richard Darveau, pdg de l’Associatio­n québécoise de la quincaille­rie et des matériaux de constructi­on (AQMAT). En théorie, l’acquisitio­n est un couteau à double tranchant, explique-t-il. D’un côté, le réseau des 2 355 magasins de Lowe’s en Amérique du Nord ouvre les portes d’un marché beaucoup plus large. De l’autre, certaines entreprise­s n’ont pas encore les moyens de desservir un si grand client. « C’est un peu comme à la loterie, résume M. Darveau. C’est quitte ou double. » Au moment où nous mettions sous presse, Lowe’s Canada n’était pas prête à discuter de l’impact de l’acquisitio­n de Rona sur ses fournisseu­rs québécois. À l’extérieur du monde de la quincaille­rie, TC Transconti­nental (TCL.A., 22,30 $), propriétai­re de Les Affaires, est un exemple d’entreprise qui profite de l’arrivée de Lowe’s. En renouvelan­t son entente d’impression de circulaire­s avec Rona, la société a mis la main sur le contrat d’impression de toutes les enseignes de Lowe’s au Canada. TC a cependant une force de production beaucoup plus grande que bien des petits fournisseu­rs québécois. En conséquenc­e, l’AQMAT organise des ateliers afin d’aider ses membres à mieux « se vendre » auprès des grandes enseignes.

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