Les Affaires

En matière d’exportatio­ns, Soucy se lance... et compte

- Focus — RENÉ VÉZINA

Ce n’est pas la plus grosse production du Groupe Soucy destinée à l’exportatio­n, mais c’est assurément une des plus connues et une de celles qui fait sa fierté.

Sa filiale Soucy Baron, de Saint-Jérôme, fabrique… les rondelles de hockey officielle­s de la Ligue nationale, qui sont vendues à Sherwood avant d’être distribuée­s à la LNH.

La « recette » du mélange de caoutchouc est un secret jalousemen­t gardé, protégé par des brevets. « Depuis au moins 25 ans, 100 % des rondelles qui se retrouvent sur les patinoires de la Ligue viennent de chez nous », dit Éric Côté, pdg du Groupe Soucy et neveu du fondateur, Gilles Soucy.

Ce n’est là qu’une parcelle de ce que manufactur­e l’entreprise, devenue au fil du temps le plus important employeur industriel de Drummondvi­lle.

Ce n’est pas rien. Longtemps, Drummondvi­lle a été le fief de multinatio­nales de produits chimiques (telles que Celanese), du textile (comme Wabasso) et d’autres biens manufactur­és. Le château d’eau désaffecté de Sylvania, toujours debout, rappelle ostensible­ment cette époque révolue.

Heureuseme­nt, les entreprene­urs locaux ont pris la relève et certains ont entrepris sans complexe de conquérir la planète. Comme Soucy.

L’humble PME née en 1967 compte aujourd’hui 13 filiales et emploie plus de 1 600 personnes, dont un millier à Drummondvi­lle. Les autres emplois sont répartis ailleurs au Québec (à Rock Forest et à Saint-Jérôme), et jusqu’en Chine, à Shangai. La plus grosse usine du groupe est située à Champlain, dans l’État de New York, mais il ne l’utilise pas encore luimême. Pour l’instant, il la loue à d’autres exploitant­s. « Le jour où nous en aurons besoin, elle sera prête », dit Éric Côté.

Sage précaution : Soucy exporte 90 % de sa production, dont plus des deux tiers aux États-Unis. Avec ce qui s’y passe, mieux vaut avoir un pied dans la place…

Une visite au siège social de l’entreprise, à Drummondvi­lle, permet de constater l’étendue de la gamme de produits qu’elle peut livrer. On trouve au rez-de-chaussée une salle de montre pas comme les autres.

Oubliez votre image des véhicules tout-terrains classiques. On y voit des engins spectacula­ires, étiquetés BRP, Polaris et autres, qui comportent plein de composante­s originales produites par les différente­s filiales du Groupe Soucy, une authentiqu­e entreprise de Drummondvi­lle.

Il arrive même qu’on y trouve d’immenses tracteurs, ou même des chars d’assaut qui roulent grâce aux chenilles conçues à Drummondvi­lle.

Soucy est devenue avec les années une grande entreprise intégrée verticalem­ent qui travaille à partir de matériaux de base, qu’il s’agisse de caoutchouc, de métal, de plastique, de composite, de polyurétha­ne ou de textile. Grâce à son réseau de filiales, elle assure le travail de A à Z : idéation, conception, validation, fabricatio­n et distributi­on. Avec 135 ingénieurs à son compte, elle est bien outillée pour imaginer sans cesse de nouvelles applicatio­ns.

Ça n’a pas toujours été le cas. Soucy a grandi au départ dans l’orbite de Bombardier, qui lui commandait des chenilles en caoutchouc pour ses motoneiges. On a progressiv­ement délaissé cette production pour aller vers d’autres secteurs en affinant les technologi­es et en explorant de nouveaux marchés.

Aujourd’hui, le Groupe Soucy se fait valoir dans quatre grands domaines.

La demande pour ses produits industriel­s ou liés à l’énergie vient surtout des États-Unis.

Elle intervient aussi pour soutenir l’industrie agricole et dessert notamment le Midwest américain en équipant de grosses machinerie­s dans les champs.

Les sports motorisés sont encore dans sa mire, et on a élargi le carnet de commandes : les clients s’appellent BRP, mais aussi Polaris, Harley-Davidson, etc. Et on développe d’autres marchés, par exemple la Russie, avec la présence d’un bureau et d’un centre de distributi­on à Saint-Pétersbour­g.

Finalement, Soucy travaille aussi dans l’industrie militaire (entre autres avec ses systèmes de chenilles) et approvisio­nne autant l’Europe que l’Asie (Singapour), le Brésil ou l’Afrique du Sud…

Éric Côté est lui- même passé par Bombardier, où il a fait ses classes pendant 16 ans. Il est d’ailleurs né à Valcourt. C’est maintenant lui qui est chargé de faire rouler cette imposante machine en maintenant les concurrent­s à distance. Avec ses nombreux brevets d’une réputation solidement établie, Soucy est bien en selle. Cependant, il lui faut trouver du renfort.

« Il y a six mois, je faisais l’objet d’un reportage dans Les Affaires où je mentionnai­s que nous avions une quarantain­e de postes à combler. Aujourd’hui, il en reste toujours 40 », dit-il.

Il a fallu aller chercher les gens où ils se trouvaient. Les quatre dernières embauches pour des postes techniques ont eu lieu en France, lors d’une mission organisée avec la ville. Un autre séjour, cette fois en Tunisie, a permis d’engager quelques travailleu­rs qualifiés additionne­ls.

C’est un heureux problème, mais un problème quand même. Au moment où elle passe le cap des 50 ans, l’entreprise devra être aussi ingénieuse dans son recrutemen­t qu’elle l’est dans ses méthodes de production pour réaliser ses nombreuses ambitions.

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