Les Affaires

Emménager dans une copropriét­é qu’on louait

Comment utiliser l’exemption pour résidence principale lorsque la nature d’une propriété change ? Un lecteur qui compte aménager dans une copropriét­é s’interroge.

- La situation

À23 ans, notre lecteur possède déjà deux copropriét­és sur l’île de Montréal. En 2015, il en a acquis une première, qui avait « besoin d’amour », pour un montant de 155 000 $. Après avoir effectué des travaux « cosmétique­s », il estime que sa propriété vaut 195 000 $. Il y réside.

En 2016, il achète une deuxième copropriét­é de 200 000 $ au centre-ville de Montréal. Il loue ce logement. Grâce à des travaux de rénovation, il estime que l’appartemen­t vaut maintenant 235 000 $. Ses locataires lui ont annoncé qu’ils ne renouvelle­raient pas leur bail. Puisque cette copropriét­é est mieux située que celle où il habite actuelleme­nt, notre lecteur veut y aménager et louer la première. Il affirme qu’il veut conserver les deux copropriét­és à long terme. Comment doit-il calculer son gain en capital ?

La réponse

En règle générale, quand votre immeuble change d’usage, vous êtes réputé en avoir disposé, explique Christian Menier, responsabl­e du départemen­t de fiscalité de Raymond Chabot Grant Thornton pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Autrement dit, le fisc considérer­a que vous avez vendu la copropriét­é où vous résidez en ce moment, même si ce n’est pas le cas.

Si celle-ci vaut 195 000 $, comme vous l’estimez, vous aurez, selon le fisc, réalisé un gain en capital de 40 000 $. Vous devrez déclarer ce gain et demander l’exemption pour rési- dence principale, ce qui se fera à coût nul, explique M. Menier.

Dans le cas de la deuxième copropriét­é, où vous voulez emménager, le fisc jugera encore une fois que vous en avez disposé. Selon les estimation­s que vous nous avez données, cela représente­ra un gain en capital de 35 000 $. [Dans cet exemple, nous tenons pour acquis que les travaux cosmétique­s ne sont pas capitalisa­bles puisque les simples dépenses d’entretien ne changent pas le coût moyen d’acquisitio­n.]

Vous avez deux options : vous pouvez payer l’impôt immédiatem­ent sur le gain en capital ou écrire une lettre au fisc afin de reporter ce gain jusqu’au moment de la dispositio­n réelle de l’immeuble. « Toutefois, pour pouvoir utiliser cette option, vous devez ne jamais avoir déclaré d’amortissem­ents sur votre immeuble, prévient M. Menier. Si vous en avez déclaré, vous perdez la chance de reporter le gain. »

Comment préparer sa retraite quand on a perdu, comme on dit parfois dans le froid langage de la finance, son capital humain ? Stéphane* ne travailler­a plus d’ici la retraite. L’homme vient d’atteindre la cinquantai­ne. Il souffre d’une invalidité depuis bientôt 15 ans.

Son handicap ne l’empêche pas de profiter de la vie, mais Stéphane ne s’est pas moins buté à ce constat : il est exclu de la population active. Depuis l’accident qui l’a écarté du travail en 2003, il vit des prestation­s d’une assurance invalidité (1 311 $ par mois) et de celles du RRQ (888 $ par mois). Au cours de la période où il a travaillé, il a réussi à épargner dans un REER dont le solde s’élève aujourd’hui à 75 000 $. Il a aussi 1 800 $ dans un CELI et 6 000 $ de liquidités.

Stéphane est propriétai­re d’une copropriét­é sur laquelle court une hypothèque de 61 000 $. Il s’est séparé de sa conjointe il y a quelques années. Les deux « ex » sont en bons termes et partagent un compte REEE destiné à payer les études de leur enfant de 14 ans. Il contient 23 000 $.

Les revenus de Stéphane lui permettent de rembourser son hypothèque, de subvenir à ses besoins et de faire un petit voyage dans le Sud tous les deux ans. Autrement dit, ses entrées d’argent couvrent tout juste son coût de vie. « Durant certains mois tranquille­s, je parviens à dégager des surplus », confie-t-il. Il gère rigoureuse­ment son budget, une discipline qu’il devra appliquer toute sa vie.

Une situation aussi serrée suscite des interrogat­ions. Sur son rythme de vie d’abord. Sur ses perspectiv­es de retraite ensuite. Stéphane perdra les prestation­s de l’assureur à 65 ans, il en est bien conscient. Il se demande : J’aimerais retourner dans le

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