Les Affaires

Le clown et l’ingénieur

- Julie Cailliau Rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

Stéphane Bellavance est un clown. C’est lui qui le dit, et il faut le prendre dans le bon sens du terme. Il amuse, c’est son métier. Un métier qu’il exerce avec talent, comme il l’a démontré en animant le Gala Les Mérites STIQ (pour sous-traitance industriel­le Québec) la semaine dernière.

Un clown parmi une flopée d’ingénieurs, qui a terminé la soirée fort impression­né par les PME manufactur­ières qui se sont illustrées au palmarès : IEL Sous-traitance industriel­le, Paber Aluminium, Vic Mobilier de magasins, Sixpro, Nétur et AddÉnergie, sans parler des finalistes.

Je n’ai pas de talents d’artiste. Je suis une ex-ingénieure doublée d’une journalist­e économique. Et pourtant, tout comme Stéphane Bellavance, j’ai été éblouie par la démonstrat­ion d’expertise technologi­que qui nous a été donnée. Il y a, au Québec, souvent dans de toutes petites municipali­tés (pensez à Notre-Dame-de-Bonsecours, 260 habitants), des ateliers d’usinage et des fabricants hautement spécialisé­s, fin prêts à conquérir le monde.

AddÉnergie, et ce n’est qu’un exemple parmi plusieurs, ne se contentera pas d’être une championne canadienne des bornes de recharge pour véhicules électrique­s. Elle ambitionne rien de moins que de devenir leader dans son domaine aux États-Unis et en Europe.

Bien sûr, ne nous emballons pas : si tous nos manufactur­iers étaient de ce calibre, on n’aurait pas besoin de la bonificati­on de 125 millions de dollars pour l’innovation manufactur­ière annoncée dans le budget 2017-2018 du Québec, qui s’ajoute à une enveloppe de 700 M$ promise l’an dernier. Et encore moins d’un événement comme le Forum stratégiqu­e sur le manufactur­ier innovant, qui se tient cette semaine à Montréal, en point d’orgue de la tournée Initiative manufactur­ière d’Investisse­ment Québec.

Il reste du travail. D’après une note de l’Institut de la statistiqu­e du Québec parue fin mars, le secteur de la fabricatio­n a généré des revenus de 154,9 milliards de dollars en 2015, légèrement plus (1,1 %) que l’année précédente. Cela portait sa contributi­on à 24 % du revenu total canadien. (Pour mémoire, notre population compte pour 23,2 % de celle du pays.) Peut-on faire mieux ? Certaineme­nt ! La fabricatio­n ontarienne, elle, compte pour 47 % (et sa population, pour 38,3 %).

Il n’y a pas de secret. Le rebond manufactur­ier passera par la réconcilat­ion de l’ancienne et de la nouvelle économie. Et vous savez pourquoi ça presse ? Parce que l’Europe foisonne de manufactur­iers hautement compétitif­s et que l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne entre en vigueur sous peu. Pas dans deux ans. Pas dans un an. Incessamme­nt.

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