Les Affaires

Même le diable succombera­it à ces bières

- — RENÉ VÉZINA

Au début, c’était une idée un peu folle de cinq amateurs de bières, plus bohèmes qu’entreprene­urs, qui voulaient simplement en déguster de meilleures.

Ils ont décidé d’appeler leur microbrass­erie de Sahawiniga­n le Trou du diable, peut-être après une soirée où ils avaient bien profité de leurs produits naissants… Pourquoi ce nom? Parce que les chutes de la puissante Saint-Maurice y ont forgé, au fond, un trou si profond qu’on dit qu’il mène jusqu’en enfer et qu’on appelle justement le Trou du diable.

Serait-ce aussi parce que Shawinigan a, au début des années 2000, touché le fond quant à l’état de son économie? L’appellatio­n était, en soi, prémonitoi­re. De l’enfer, on est au moins passé au purgatoire et l’ascension se poursuit.

C’est donc en 2006, alors que commençait la vogue des microbrass­eries au Québec, que l’entreprise a offert ses premières bières sur le marché. Volume initial, 60000 litres. Faites le calcul en termes de bouteilles convention­nelles: à peine 180000, relativeme­nt peu pour faire vivre une entreprise.

Mais leurs bières ont rapidement attiré l’attention, aidées par le savoureux pub qui porte leur nom, près du Saint-Maurice et aujourd’hui, le Trou du diable produit plus d’un million de litres de bières par année et peine à répondre à la demande. Mieux, elles s’exportent maintenant à travers le monde, et qui plus est, même en Belgique!

Quand j’y suis passé, les dirigeants discutaien­t avec leur représenta­nt français de la prochaine offensive pour consolider l’offre dans les boutiques spécialisé­es, et même au-delà, dans les grandes chaînes.

Ce n’est pas une exception: on peut aujourd’hui trouver leurs bières dans 40 États américains tout comme dans plein de pays comme le Brésil, et le marché de l’Afrique est en plein essor… « La demande est telle que la production a été multipliée par huit depuis quatre ans », selon Isaac Tremblay, un des cofondateu­rs, aujourd’hui directeur du développem­ent des affaires, qui a de quoi s’occuper.

Et leurs bières maturent dans des barriques aux antécédent­s nobles, qui ont abrité auparavant des portos, des banyuls, du calvados, de quoi contribuer à leur saveur. Tout ça dans un édifice longtemps abandonné, cette ancienne filature de Wabasso qui renaît aujourd’hui grâce à l’inspiratio­n d’entreprene­urs du XXIe siècle. Si vous voulez vous en convaincre, tâchez, pour les amateurs de bières noires, de vous procurer une Sang d’encre, elle est sincèremen­t dans une classe à part…

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada