SIM conquiert le monde en surfant sur les grosses vagues
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Lorsque j’ai joint Chantal Trépanier par téléphone pour vérifier quelques détails, elle était en partance pour Winnipeg, pour discuter avec un client actuel de développement des affaires vers l’international.
C’est tout à fait dans la ligne de pensée de la présidente de SIM. Chantal Trépanier a compris qu’il n’existe pas de meilleur ambassadeur qu’un client satisfait.
SIM a pignon sur rue en plein coeur de Shawinigan. Elle y compte 85 employés, plus une trentaine d’autres répartis à Toronto, Sept-Îles et Port-Cartier. Pourquoi Port-Cartier ? À cause d’ArcelorMittal. Les clients satisfaits…
Dans les faits, ses activités se déploient aujourd’hui dans une soixantaine de pays. Comme c’est souvent le cas, le succès de l’entreprise vient du fait qu’elle a investi une niche où elle fait aujourd’hui figure d’autorité : la santé et la sécurité au travail.
Imaginez une multinationale avec une foule de sous-traitants. Les questions de santé et sécurité sont incontournables, ne serait-ce que parce que des dérapages éventuels vont finir par éclabousser la maison mère, qui ne peut pas toujours avoir prise sur tout.
Arrive SIM et sa plateforme Web Cognibox, conçue expressément pour garantir que les employés des organisations participantes sont dûment formés aux règles essentielles en la matière. Et on ne parle pas ici de diplômes de complaisance… la formation est rigoureuse et vérifiée.
« Nous pouvons savoir quels employés dans le monde ont suivi quel cours et à quel moment, dit Mme Trépanier Et le dossier suit l’employé. » De quoi conforter les donneurs d’ordres qui tiennent à éviter les mauvaises surprises.
Comme pour d’autres, l’élan de SIM est venu de contrats locaux, dans ce cas de la défunte Alcan. Créée en 1999, SIM a pris son envol en 2004 avec un mandat accordé par l’aluminerie pour veiller à ce que ses employés soient rompus aux consignes essentielles. Elle ne cesse depuis de croître aux côtés des grands donneurs d’ordres.
« C’est une question d’arborescence, dit Mme Trépanier. ArcelorMittal fait affaire au Québec, en Chine, au Brésil, en Islande et ailleurs dans le monde… ses sous-traitants doivent être certifiés. Elle va alors leur signifier que leurs employés doivent passer avec succès le cheminement offert par notre plateforme. Ce sont ces mandataires qui nous paient. S’ils ne suivent pas la consigne, ils ne recevront plus de contrats. Dans les faits, quand nous gagnons une grande entreprise, nous gagnons en même temps tout son réseau ! »
Parlez d’un modèle d’affaires : en obtenant l’adhésion d’une grande entreprise, voire d’une multinationale, l’ensemble de ses sous-traitants doivent par la suite recevoir votre aval ! Pour pénétrer un marché international, pourquoi ne pas surfer sur les grosse vagues ?
Un parcours peu habituel
C’est la stratégie que suit SIM, dirigée depuis bientôt 20 ans par Chantal Trépanier, qui en a pris la direction en 1999, avec un parcours plutôt atypique. Elle vient du milieu de l’enseignement, du primaire jusqu’à l’université. Au moment d’entrer chez SIM, elle enseignait depuis cinq ans à l’UQTR en formation des maîtres. Ses goûts et les besoins de l’entreprise se sont rejoints.
Son travail pour propulser SIM a d’ailleurs été reconnu en 2015 par l’Association québécoise des technologies. Elle a alors été élue « pdg de l’année » lors de la rencontre annuelle, à Tremblant, de ces dirigeants d’entreprise en technologies de l’information et des communications qui élisent leur champion… qui était, pour une première fois, leur championne !
Elle reconnaît évidemment que le potentiel de croissance est à l’international et qu’il faut miser sur l’exportation de sa plateforme, en utilisant ses mandats d’ici comme tremplin, ce qui est bien amorcé.
Oui, mais quand on touche des marchés aux quatre coins du monde, et qu’il faut assurer le service dans une multitude de langues, 24 heures par jour et sept jours sur sept, comment y parvenir à partir de Shawinigan, où ne se trouvent pas autant de polyglottes qu’on le voudrait ?
Elle n’est pas la seule pdg d’une PME québécoise axée sur les marchés extérieurs à se le demander.
« Il va nous falloir trouver les ressources et nous adapter, dit-elle, d’autant plus que d’autres questions surgissent quant à ces environnements toujours différents. Les normes varient, les lois fiscales aussi, la stratégie de prix doit tenir compte des réalités locales… Plus on va loin, plus le défi d’accompagnement grandit, il faut des avocats, des fiscalistes, des interprètes et plein d’autres gens qui nous aident, mais c’est le chemin obligé. »
En tout cas, sur la 5e rue de la Pointe à Shawinigan, chez SIM, le personnel s’active tous les jours à faire valoir, à l’échelle du monde, le savoir québécois en matière de santé et sécurité au travail. C’est une autre preuve du passage de Shawinigan au XXIe siècle !
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Trois ans à peine après sa création, la montréalaise Potloc obtient 800 000 $ de financement. Une somme considérable pour la jeune pousse spécialisée en études de marché nouveau genre pour le secteur du commerce de détail.
Et la croissance, estiment les cofondateurs, devrait suivre une courbe exponentielle. Cette injection de capitaux a été effectuée par des investisseurs québécois et français, dont font partie Robert Dutton, ex-pdg de Rona, ainsi que la Banque de développement du Canada (BDC). « Cela nous permet d’aspirer à une courbe de croissance en “bâton de hockey” [caractérisée par une croissance soudaine et vigoureuse] », lance Rodolphe Barrère, cofondateur et coprésident de l’entreprise avec Louis Delaoustre.
La moitié des fonds investis sera consacrée à l’amélioration du produit et de l’algorithme prédictif. L’autre partie sera utilisée afin de conquérir de nouveaux marchés. D’abord la France, où Potloc a récemment ouvert un bureau à Lille, puis le reste du Canada.
« Le Québec représente environ 90 % de notre chiffre d’affaires en ce moment, explique M. Barrère. C’est le coeur de notre entreprise, et Montréal est notre siège social. Mais nous sommes prêts à grandir à vitesse grand V. »
Les résultats du bureau français leur permettront de mesurer à quelle vélocité et avec quelle efficacité ils peuvent s’implanter à l’étranger. Les fondateurs ne s’en cachent pas : ils espèrent une deuxième ronde de financement, début 2018, pour s’attaquer aux États-Unis. En effet, les 800 000 $ de financement ne constituent pas le seul grand coup de la jeune pousse. Un partenariat a aussi été conclu avec Desjardins. L’institution québécoise devient donc un commanditaire et un allié financier pancanadien.
L’entreprise collige les opinions des citoyens afin de réaliser des études de marché à la fine pointe de la technologie pour le secteur du commerce de détail. Par l’intermédiaire du site Web de Potloc, les citoyens sont amenés à choisir quels commerces ils souhaitent voir s’implanter dans leurs quartiers.
Un immense sondage d’opinion
Les données ne sont pas théoriques; elles proviennent de vraies personnes, qui ont un intérêt réel à voir s’implanter (ou non) un commerce ou une bannière particulière dans leur voisinage. C’est comme un immense sondage d’opinion, couplé à des données très précises, comme la géolocalisation. En anglais, on parle de crowdsourcing (« externalisation ouverte »).
« Les études de marché dites “classiques” ne fonctionnent plus, affirme de but en blanc Rodolphe Barrère. C’est bien beau, étudier les données de Statistique Canada, mais notre degré de précision est bien plus grand, parce que ce sont de vrais clients potentiels qui nous parlent. »
De plus, estime le cofondateur, « ce n’est pas parce que les gens d’un quartier veulent un café qu’ils sont prêts à accepter n’importe quelle bannière. Les membres de la génération Y [moins de 35 ans], notamment, ne pensent pas en termes de produits ou de services. Ils veulent un Starbucks ou un café indépendant, par exemple, mais ils ne veulent pas n’importe quel café. La bannière est très importante. »
Une mine de données
Plus de 100 000 citoyens, pour la seule grande région de Montréal, sont inscrits sur la plateforme de Potloc, selon l’entreprise. Une vraie mine d’or pour les municipalités, les entreprises et les gestionnaires d’espaces commerciaux. Potloc leur permet de valider une idée de projet ou de comprendre quels types de commerces il leur faut, afin de revitaliser une artère ou d’accroître l’achalandage dans un centre commercial.
La cinquantaine de clients de la jeune pousse, dont Joliette, Montréal, Cogir ou Okaïdi, payent donc de 10 000 à 25 000 $ pour une étude. Si les données sont précises, l’opération leur permet de constituer une base de clients potentiels, avant même l’ouverture. Un outil grâce auquel ils peuvent envoyer des offres aux gens intéressés par leur existence.
Et si l’on en croit Rodolphe Barrère, les succès signés Potloc se multiplient. « En deux ans, grâce à nos services, le nombre de locaux commerciaux vides dans le Quartier latin [à Montréal] a été divisé par deux. Autre exemple : nous avions déterminé qu’il fallait un restaurant de déjeuners dans un centre commercial. Le succès a été phénoménal. »
Créée par deux anciens de HEC diplômés de l’accélérateur Innocité MTL, la start-up compte à l’heure actuelle une quinzaine d’employés. Un nombre qui pourrait passer à 20 d’ici la fin de l’année.