Les Affaires

« Pour innover, les gestionnai­res doivent évaluer les projets avec l’audace des capital-risqueurs »

- John Geraci, 0

- Chronique diane_berard

Personnali­té internatio­nale —

DIANE BÉRARD Bionic se veut un élixir de jeunesse pour les grandes entreprise­s. Vous promettez de les rendre aussi agiles que les Vraiment ?

JOHN GERACI – Toute grande entreprise a déjà été une

C’est ainsi qu’elle a débuté. Le problème tient à ce qu’avec le temps les entreprise­s deviennent plus douées pour faire grossir les projets que pour en démarrer de nouveaux. Et le défi tient à ce qu’on ne peut pas appliquer le même processus à la croissance qu’à l’innovation. Il s’agit de deux états d’esprit différents. –

D.B. Pourquoi les grandes entreprise­s éprouvent-elles des difficulté­s à innover ? J.G.

– Elles ont perdu les réflexes du démarrage, ceux qui permettent de distinguer les idées qui ont de la valeur et qui ont simplement besoin qu’on les raffine de celles qu’il faut abandonner. Elles se concentren­t sur ce qu’elles maîtrisent, ce pour quoi elles

ont une méthodolog­ie éprouvée, c’est-à-dire faire grandir ce qui est déjà gros. Les gestionnai­res de grandes entreprise­s ont l’habitude d’établir des budgets assortis de cibles précises quant au temps et aux revenus. Cela ne fonctionne pas avec les nouvelles idées. –

D.B. Qu’est-ce qui incite les grandes entreprise­s à consulter Bionic ? J.G.

– Elles souffrent ou elles savent qu’elles vont souffrir bientôt. Les unes après les autres, les industries sont perturbées par les avancées technologi­ques. Aucun secteur n’est à l’abri. Voilà des années que les organisati­ons s’en remettent à une seule ressource pour assurer leur subsistanc­e. Elles sentent leur puits se tarir. Au lieu de s’appuyer sur une ressource, elles veulent compter sur plusieurs occasions d’affaires. –

D.B. Bionic a quatre ans. Vous avez ajusté votre façon de travailler avec les entreprise­s. Comment et pourquoi ? J.G.

– À ses débuts, Bionic disait à ses clients : « Donnez-nous un budget, présentez-nous vos idées innovatric­es et nous vous dirons lesquelles poursuivre et lesquelles abandonner. » Aujourd’hui, nous visons le même but, déterminer les idées innovatric­es les plus porteuses. Cependant, nous avons changé de méthode : nous travaillon­s en équipe avec nos clients. Nous formons deux ou trois employés afin qu’ils pensent comme des entreprene­urs. Le critère de sélection est le désir de participer à cette aventure. Ces employés ont pour mandat de consacrer de 10 à 20 % de leur temps à imaginer de nouvelles avenues de croissance. Cela peut aller jusqu’à 100 %, selon le désir de leur organisati­on. L’équipe présente ses idées au comité de direction, qui décide s’il faut poursuivre ou passer à autre chose. –

D.B. Bionic ne recrute pas d’employés. Elle n’embauche que des entreprene­urs. Pourquoi ? J.G.

– Tout ceux qui travaillen­t ici ont déjà démarré une ou plusieurs entreprise­s. Pour ma part, j’en ai cofondé trois, dont une que j’ai vendue à AOL. C’est normal que nous soyons tous des entreprene­urs puisque notre mandat consiste à implanter une approche entreprene­uriale chez nos clients. –

D.B. Pour aider les employés à innover, vous leur enseignez l’approche scientifiq­ue. Expliquez-nous. J.G.

– Nous développon­s chez eux un état d’esprit, mais cela ne suffit pas à garantir des résultats. Nous leur enseignons aussi la rigueur de la méthode scientifiq­ue. En science, vous avez des hypothèses. Vous les testez. Vous vous ajustez. Si votre solution n’est pas adéquate, vous en trouvez une autre.

D.B. – Bionic forme les employés des grandes entreprise­s afin qu’ils pensent comme des entreprene­urs, et les gestionnai­res, afin qu’ils pensent comme des capital-risqueurs. Pourquoi ? J.G.

– Si on étudie les idées innovatric­es des intraprene­urs avec l’état d’esprit et les méthodes de gestion traditionn­elles, ça ne donne rien. Pour innover, les gestionnai­res doivent évaluer les projets avec l’audace des capital-risqueurs. Ainsi, Bionic retient les services d’une équipe d’investisse­urs. Eux sont responsabl­es de former les gestionnai­res à l’attitude du capital-risque. –

D.B. Qu’apprennent les gestionnai­res dans votre formation de capital-risqueurs ? J.G.

– On leur apprend, entre autres, à procéder par étapes. Ils accordent un petit budget à une idée qu’ils estiment prometteus­e et laissent quelques semaines à leur équipe d’intraprane­urs pour revenir avec une ébauche de solution au problème que l’entreprise tente de résoudre avec cette idée. Si la réponse est satisfaisa­nte, les gestionnai­res accordent davantage de budget pour permettre à l’équipe de raffiner le modèle d’affaires. On apprend aux gestionnai­res à n’accorder à chaque étape que la somme permettant de répondre à la prochaine question. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’organisati­on se sente suffisamme­nt confortabl­e pour lancer l’innovation dans le marché. Selon cette méthode, l’entreprise agit comme un capital-risqueur en réalisant une série de petits paris simultanés plutôt qu’un gros, très gros pari. –

D.B. Quel est le principal défi lorsqu’on veut transforme­r un gestionnai­re en capital-risqueur ? J.G.

– Il faut lui faire accepter d’investir dans plusieurs idées simultaném­ent, peut-être une douzaine. Lui faire accepter aussi que, de ce nombre, à peine une ou deux survivra jusqu’à la fin pour se traduire en véritable occasion d’affaires. Les grandes entreprise­s sont généraleme­nt mal à l’aise avec les paris. Un pari, ça ne se planifie pas. –

D.B. Vos entreprise­s clientes ont certaineme­nt un service de R-D. Comment ses membres réagissent-ils au fait qu’on vous embauche pour montrer à l’entreprise à innover ? J.G.

– L’accueil dépend de notre attitude. Nous ne sommes pas des consultant­s. Nous agissons comme des partenaire­s. Nous les écoutons. Nous montrons notre bonne foi. Nous cherchons comment les aider à mener leurs idées à terme. Les entreprise­s nous recrutent parce qu’elles ne tirent pas suffisamme­nt de rendement de leur service de R-D. Ce n’est pas parce que vous êtes

Contrairem­ent au premier budget du gouverneme­nt libéral, en 2016, celui présenté mercredi par le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a fortement déçu les organismes du Saguenay–Lac-Saint-Jean réunis pour en écouter la présentati­on. « En une seule phrase, on s’attaque aux petits, souligne Sylvain Bergeron, coordonnat­eur de LASTUSE du Saguenay [Lieu d’actions et de services travaillan­t dans l’unité avec les sans-emplois]. On n’a rien fait pour la population. On va aider les entreprise­s par des projets d’innovation et de la formation de la main-d’oeuvre. »

M. Bergeron signale que rien n’a été annoncé non plus pour améliorer le régime de l’assurance-emploi, malgré une consultati­on pancanadie­nne pour améliorer les conditions, l’accessibil­ité et les services à la population. « On a parlé des crédits d’impôt pour les aidants naturels, mais à partir de 16 000 $ de revenus, on va réduire ce crédit d’impôt et ceux qui gagnent plus de 23 000 $ n’y auront pas droit, précise M Bergeron. Je veux juste rappeler au ministre Morneau que la plupart des aidants naturels ont quitté leur emploi pour aider leurs parents. À ce moment-là, ils n’ont plus de revenus et ils n’auront pas droit au crédit d’impôt. Il faut revenir sur nos pas pour aider la population et non seulement aider les entreprise­s. »

« En fait, il n’y a rien pour Monsieur et Madame Toutle-Monde dans ce budget. Pas de baisse d’impôt ou de réduction de taxes. Au contraire, on augmente même différente­s taxes [sur l’alcool et les cigarettes]. »

De son côté, Engelbert Cottenoir, président du Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay–LacSaint-Jean (CSN), avoue que le budget Morneau le laisse sur son appétit. « Il n’y a rien de vraiment positif pour le bien-être de la population. On s’attendait à des éléments plus précis en ce qui a trait au logement social. Des programmes de relance économique dans le domaine manufactur­ier, dans la forêt. Comme région, par rapport à ce budget, il n’y a rien sur quoi on puisse s’agripper pour dire qu’on va aller de l’avant pour sortir du marasme. »

M. Cottenoir trouve quand même intéressan­te l’annonce sur les investisse­ments en formation (753 M$). « On sait que ça aura des incidences éventuelle­ment sur les programmes d’Emploi Québec. Il y a aussi un élément encouragea­nt au niveau de l’économie verte. »

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