Les Affaires

La start-up qui rentabilis­e l’espace

- Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc C @@ MatthieuCh­arest

Il est beau, ce studio sur le Plateau-Mont-Royal, ou ce « micro-condo » de 300 pi2 au centre-ville, mais bonne chance pour y ranger vos skis, vos raquettes ou, pire, votre motomarine adorée. Alors, imaginez devoir garer votre voiture sans stationnem­ent réservé ! S’amorce donc la quête d’un espace. Il y a bien l’option des espaces d’entreposag­e privés, à la U-Haul et StorageMar­t, ou encore les vignettes. Mais, souvent aussi, il y a celle-ci : les voisins. L’un d’entre eux peut détenir un garage ou une remise à moitié vide qu’il pourrait vous louer.

C’est l’idée derrière Sharebee, une start-up fondée il y a six mois à peine. Comme l’américaine Airbnb, la plateforme veut créer des liens entre locataires et locateurs. À la différence près que la montréalai­se ne cherche pas à héberger des personnes, mais plutôt des biens mobiliers.

« Quand ma femme est tombée enceinte, il nous fallait plus grand. Nous avons trouvé un très bel appartemen­t, mais avec garage double, raconte le pdg et cofondateu­r, Maxime Villemure. Et cet espace, nous n’en avions pas du tout besoin. Pour le rentabilis­er, je l’ai loué. »

Le jeune entreprene­ur en est alors convaincu : l’idée a du potentiel, il y a un marché à conquérir, notamment auprès des étrangers qui font des aller-retour ou des entrepôts de taille moyenne qui peinent à se démarquer. Ce type de plateforme existe déjà en France et aux États-Unis, notamment. Au Canada, il y aurait environ 3 000 entrepôts en libre-service. Au pays de l’Oncle Sam, c’est un marché de 25 milliards de dollars US, selon ce que rapportait le Toronto Star en 2015.

Maxime Villemure débauche alors deux anciens collègues chez son ancien employeur, et le trio se met à travailler à partir de son sous-sol. Pour se différenci­er des mastodonte­s de l’entreposag­e, Sharebee mise d’abord et avant tout sur un prix ultra-compétitif pour le locataire. « Un entrepôt traditionn­el peut charger entre 1,50 $ et 3,50 $ du pi2, explique Jean-François Dubé, directeur marketing et cofondateu­r. Nous, c’est au moins moitié moins cher. »

En fait, il revient au locateur de choisir son prix, tout comme les conditions du contrat qu’il offre. Tant que l’endroit est sec, chauffé et éclairé, il peut décider du terme jusqu’aux conditions d’accès sur les lieux. La plateforme permet même d’évaluer si votre prix est compétitif par rapport au marché. Quant au locataire, il peut laisser des commentair­es et payer par le site de Sharebee. Et c’est à ce moment que la start-up prélève sa commission, entre 10 et 15 %.

La cordialité de l’économie du « partage »

Autre avantage du concept selon Jean-François Dubé, le visage humain du processus. Les locataires et locateurs se parlent directemen­t, tout est personnali­sé, alors que certains grands entrepôts sont un peu « louches le soir », lance-t-il. Le site promet même un service de support à la clientèle 24/7. Les Affaires l’a testé un vendredi vers 17 h 30, ça fonctionne. Un système cordial au point où le pdg reçoit même des cartes de Noël du locataire de son garage, depuis la France.

Des garanties sont offertes, soit 1 000 $ sur les biens entreposés et un mois de loyer en cas de défaut de paiement. La start-up songe cependant encore à mieux et pourrait s’allier à un partenaire d’assurances pour élargir son offre.

La très jeune pousse est aussi à la recherche de financemen­t, 500 000 $, afin d’accélérer sa croissance. Déjà, elle gère près de 500 000 pi2 dans la grande région de Montréal. Mais attention, l’idée n’est surtout pas de se limiter géographiq­uement. « Notre marché, c’est aussi Toronto, Québec, Ottawa et Vancouver. C’est l’Amérique du Nord », lance Maxime Villemure.

Le trio espère atteindre 1,3 M $ de chiffre d’affaires en 2017. Nul doute que le partenaria­t qu’ils viennent de signer avec le constructe­ur en série Samcon est un pas vers l’atteinte de cet objectif.

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Jean-François Dubé, Maxime Villemure et Olivier Jean sont les cofondateu­rs de Sharebee.

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