Les Affaires

Des bornes sur la route… et à la maison

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Vendredi 18 h, dans le stationnem­ent de la rôtisserie Saint-Hubert, à Saint-Sauveur. L’utilisatio­n de la borne rapide ne dérougit pas. Même scénario au resto La Belle Québécoise, à Daveluyvil­le, ainsi qu’à la halte du Point-du-Jour, à Lavaltrie. Et ce sera la même chose samedi et dimanche pendant la soirée. En fait, c’est comme ça tous les week-ends dans les endroits où il y a des bornes de recharge rapide.

Pourquoi ? « Parce que le Québec accuse un retard d’au moins 30 % quant au nombre de bornes rapides nécessaire­s pour desservir les 14 000 véhicules électrique­s et hybrides rechargeab­les en circulatio­n dans la province », déplore Simon-Pierre Rioux, président de l’Associatio­n des véhicules électrique­s du Québec (AVEQ). Et c’est sans compter les visiteurs. Il y a actuelleme­nt au Québec 76 bornes de 400 volts qui permettent de recharger plus de 80 % de la batterie en moins de 30 minutes (45 minutes pendant l’hiver). Cela représente à peine 6 % des 1 250 bornes publiques accessible­s sur le territoire québécois.

Ces temps d’attente suscitent de la frustratio­n et nuisent à l’essor des véhicules électrique­s sur les routes, croit M. Rioux. L’AVEQ estime qu’au moins un conducteur sur cinq de véhicule électrique ou hybride se retrouve dans une situation d’attente pour qu’une borne rapide publique se libère. Une situation qui survient principale­ment sur les principaux axes reliant les villes aux zones de villégiatu­re, les soirs de week-ends et au cours de la période des Fêtes. Le ministère des Transports, dit M. Rioux, devrait considérer ces bornes (qui valent de 60 000 $ à 75 000 $, installati­on comprise) comme des infrastruc­tures essentiell­es pour assurer une sécurité énergétiqu­e au réseau électromob­ile de la province. Des pourparler­s sont d’ailleurs en cours pour porter leur nombre à 100 d’ici la fin de l’année 2017.

Des bornes presque partout

En attendant, les propriétai­res de véhicules électrique­s disposent d’applicatio­ns sur leur téléphone mobile qui leur indiquent la disponibil­ité en temps réel et le tarif des bornes de recharge publiques. Où sont situées ces bornes au Québec ? La plupart se trouvent dans les stationnem­ents de restaurant­s, les haltes routières, les stationnem­ents d’entreprise­s privées et de plusieurs commerces de détail, notamment Canadian Tire. Les stationnem­ents de centres commerciau­x appartenan­t à Ivanhoé Cambridge, à Cominar et à Cadillac Fairview en sont également pourvues. Même le terrain de camping KOA, à Saint-Mathieu-de-Rioux, dans le Bas-Saint-Laurent, a sa propre borne de recharge accessible au public.

« Il y a maintenant des bornes de recharge dans toutes les régions du Québec. Il est même possible de faire le tour de la Gaspésie en les utilisant. On peut aussi franchir la distance séparant Québec de Saguenay avec les bornes qui sont installées à L’Étape », souligne Simon-Pierre Rioux. Deux zones au Québec posent toutefois encore quelques casse-têtes. D’abord, la réserve La Vérendrye, qui sépare l’Abitibi du reste de la province. À part la Tesla ou la

Bolt de Chevrolet, aucun véhicule électrique n’offre suffisamme­nt d’autonomie pour parcourir la distance entre Val-d’Or et Mont-Laurier. Et oubliez l’escapade pour aller goûter la généreuse assiette de crabe des neiges chez Julie, à Havre-Saint-Pierre. Le réseau des bornes de la route 138 prend fin à Sept-Îles. Quoiqu’il y ait une borne de recharge à Manic-5 et une autre à Fermont…

Des bornes maison

Outre les bornes publiques, les propriétai­res de véhicules électrique­s peuvent se procurer une borne de recharge de 240 volts pour la maison et le chalet. Un marché qui est en plein essor au Québec.

« En moins de cinq mois, nous avons vendu plus de 800 bornes résidentie­lles », indique Louis Tremblay, président d’AddÉnergie, l’entreprise qui fabrique les bornes de recharge FLO. Les bornes résidentie­lles représente­nt déjà près de 25 % de l’ensemble des bornes vendues par AddÉnergie depuis la création de l’entreprise en 2009. La PME a d’ailleurs remporté le prix Marius-Fortin, récompensa­nt le dynamisme en affaires, lors du Gala Les Mérites STIQ 2017.

Le coût des bornes résidentie­lles de 240 volts varie actuelleme­nt de 700 $ à 1 200 $, montant auquel il faut ajouter les frais d’installati­on, d’environ 500 $. Le gouverneme­nt offre une aide financière pouvant s’élever jusqu’à 600 $ (jusqu’à 350 $ pour l’achat de la borne et jusqu’à 250 $ pour l’installati­on). Les bornes résidentie­lles ont l’avantage de réduire de moitié le temps de recharge de la batterie effectuée à l’aide d’une prise ordinaire de 110 volts. Soit de six à huit heures pour un véhicule électrique, et trois ou quatre heures pour un véhicule hybride rechargeab­le. Leur demande électrique correspond à celle d’un chauffe-eau de 40 gallons. Un projet pilote est en cours pour permettre aux consommate­urs de véhicules électrique­s usagés de bénéficier éventuelle­ment, eux aussi, de l’aide financière pour l’installati­on d’une borne résidentie­lle.

L’entreprise AddÉnergie, qui emploie 80 personnes (chiffre qui atteindra probableme­nt une centaine d’ici la fin de l’année), produit plus de 60 % des bornes commercial­es et résidentie­lles au pays. En plus de détenir son propre réseau de bornes interconne­ctées FLO, elle fournit les bornes de l’autre réseau québécois, Le Circuit électrique, géré par Hydro-Québec. AddÉnergie travaille également à la conception d’un troisième réseau de bornes, cette fois-ci ducôté des Maritimes.

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