Les Affaires

Le cycle des émotions

La courbe des émotions boursières

- Investir Philippe Le Blanc Expert invité « Wow, ce placement est fantastiqu­e ! » Point culminant de risque financier Point culminant d’occasions de placement Où nous situons-nous sur la courbe?

On dit que le génie est constitué de « 1% d’inspiratio­n et de 99% de transpirat­ion ». Je crois que le contrôle de ses émotions est tout aussi important pour l’investisse­ur qui veut réussir en Bourse. Bien sûr, il faut posséder les notions de base afin d’évaluer le titre d’une société. Mais si c’étaient les seuls prérequis, tous les comptables et les évaluateur­s agréés seraient des millionnai­res boursiers. La capacité de bien gérer ses émotions est, à mon avis, la qualité plutôt rare qui sépare les bons investisse­urs des investisse­urs ordinaires.

Vous pourrez trouver l’illustrati­on qui accompagne cette chronique un peu partout sur Internet. Il reste que, avec les années, je la trouve de plus en plus pertinente. Elle explique une foule de phénomènes qui se sont produits en Bourse au cours des dernières décennies.

Cette illustrati­on me rappelle la citation de Sir John Templeton: « Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, progressen­t dans le scepticism­e, atteignent la maturité dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie ».

De l’euphorie à la dépression

Prenez le temps d’analyser les diverses étapes qui marquent le parcours de la courbe des émotions. On part de l’état d’optimisme et on évolue tranquille­ment vers l’état d’euphorie. Serions-nous présenteme­nt quelque part entre ces deux états dans le marché boursier? À ce stade, les rendements boursiers sont favorables depuis un certain temps et les investisse­urs sont généraleme­nt optimistes quant aux perspectiv­es du marché. Puis, avec le temps, on approche de ce que j’appellerai­s l’emballemen­t ( thrill, en anglais), pour éventuelle­ment atteindre le paroxysme du risque financier, l’« euphorie ».

C’est généraleme­nt à ce moment que surviennen­t les correction­s ou les krachs boursiers. Il est assez bizarre que les marchés trouvent presque toujours le moyen de faire un maximum de victimes… Après une telle correction, par exemple en 2009, les investisse­urs passent au stade de l’anxiété, puis au déni. À ce stade, bon nombre se disent toujours des investisse­urs à long terme et se convainque­nt que la correction ne sera que temporaire. Puis, alors que le marché poursuit sa correction, vient la crainte… Suivie du désespoir et de la panique – tout le monde semble vouloir sortir par les mêmes portes. C’est ainsi que des titres jusqu’alors très liquides deviennent des titres illiquides, car il n’y a plus beaucoup d’acheteurs. Enfin, viennent la capitulati­on et le découragem­ent. Non seulement de nombreux investisse­urs vendent-ils leurs placements boursiers, mais ils se disent qu’« ils ne s’y feront plus jamais prendre ».

C’est aussi à peu près à ce stade que le marché représente la meilleure occasion d’investisse­ment. Les évaluation­s sont très faibles par rapport aux évaluation­s historique­s du marché et les aubaines foisonnent. Je pense notamment à 2009-2010 où à peu près n’importe quel titre était une belle occasion d’achat pour l’investisse­ur assez courageux pour regarder plus loin que le trimestre suivant. Bien entendu, pour profiter des occasions à ce stade, il faut être courageux, car le sentiment général est très négatif. Il est possible de se situer approximat­ivement sur la courbe des émotions boursières, mais on ne peut pas vraiment savoir quand nous passerons d’une étape à l’autre. Sans pouvoir arrêter un positionne­ment exact sur la courbe, force est d’admettre que nous ne sommes pas en période de capitulati­on, de découragem­ent ou de dépression, mais plutôt quelque part dans la portion ascendante. À cet égard, il y a toujours des occasions dans le marché, mais elles se font plus rares.

Autre point important, la courbe des émotions touche des titres spécifique­s et même des secteurs entiers, peu importe où le marché boursier se situe sur la courbe des émotions. C’est ce qui explique qu’il y ait toujours des occasions d’achat dans le marché boursier, même si ce dernier est bien évalué. Et que dire des titres de sociétés spécifique­s? Il y a pratiqueme­nt tous les jours des titres qui connaissen­t leur propre marché baissier, alors même que les indices fracassent de nouveaux records.

Pour réussir en Bourse, il faut avant tout maîtriser ses émotions et rester calme face à l’euphorie ou à la dépression ambiante. Pour l’investisse­ur qui recherche des aubaines, il est bon de comprendre le cycle des émotions que les investisse­urs éprouvent inéluctabl­ement. Ce sont les émotions qui produisent les occasions pour les investisse­urs rationnels.

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