Les Affaires

Qui vous en donne le plus pour votre argent ?

Notre classement annuel du rendement des dirigeants d’entreprise­s québécoise­s cotées en Bourse.

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

Les hauts dirigeants des sociétés dont vous êtes actionnair­e vous en donnent-ils pour votre argent ? Dans l’ensemble, le lien est faible entre la taille de leur rémunérati­on et la création de valeur. C’est la conclusion de la quatrième édition de notre palmarès, mené en collaborat­ion avec les firmes Inovestor et Gestion de portefeuil­le stratégiqu­e Medici.

À 0,40, encore une fois cette année, la corrélatio­n entre les rémunérati­ons et notre indicateur de performanc­e est faible. En théorie, une corrélatio­n de 1 représente­rait un lien parfait. À 0,40, il existe un lien, mais il demeure faible. « C’est décevant de constater cela, déplore Karine Turcotte, gestionnai­re de portefeuil­le chez Gestion de portefeuil­le stratégiqu­e Medici. On dirait que les conseils d’administra­tion ont abandonné leur responsabi­lité de trouver un système de rémunérati­on qui est propre aux réalités de l’entreprise. »

Notre indicateur mesure le rapport entre la création de valeur au sein de 47 des 50 plus importante­s capitalisa­tions boursières québécoise­s au cours des quatre dernières années et la rémunérati­on versée à leurs cinq plus hauts dirigeants en 2016. Trois entreprise­s ont été retirées de l’échantillo­n, car nous n’avions pas les données requises au moment d’écrire ces lignes. Les trois années précédente­s, nous avions concentré notre attention uniquement sur le PDG. La performanc­e, pour sa part, est mesurée à l’aide de trois composante­s : le rendement du capital investi, la croissance du bénéfice par action et la taille de l’entreprise.

Lorsqu’on sépare les trois composante­s de notre indicateur, on constate que le lien entre la création de valeur et la rémunérati­on est plus faible qu’il n’y paraît. En fait, la corrélatio­n entre la rémunérati­on et la taille de l’entreprise est de 0,78, ce qui est très fort. Elle est de seulement 0,15 pour la croissance du bénéfice par action et de 0,31 pour le rendement des capitaux propres.

Le jeu des comparaiso­ns

Ces résultats montrent l’effet pervers du « jeu des comparaiso­ns », croit Mme Turcotte. Pour établir la rémunérati­on des hauts dirigeants, la norme est de recourir aux consultant­s externes, qui basent leur analyse sur des groupes comparable­s. Un processus qui accentue également l’inflation des rémunérati­ons à la tête des sociétés québécoise­s inscrites en Bourse. « Les administra­teurs affirment qu’ils se fient à l’opinion d’un expert neutre, commente-t-elle. Ça devrait être leur travail de faire cela. »

François Dauphin, directeur de recherche de l’Institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques (IGOPP), abonde dans le même sens. « On fait beaucoup de mimétisme, déplore-t-il. On se compare les uns aux autres. C’est pour ça que la

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