Qui vous en donne le plus pour votre argent ?
Notre classement annuel du rendement des dirigeants d’entreprises québécoises cotées en Bourse.
Les hauts dirigeants des sociétés dont vous êtes actionnaire vous en donnent-ils pour votre argent ? Dans l’ensemble, le lien est faible entre la taille de leur rémunération et la création de valeur. C’est la conclusion de la quatrième édition de notre palmarès, mené en collaboration avec les firmes Inovestor et Gestion de portefeuille stratégique Medici.
À 0,40, encore une fois cette année, la corrélation entre les rémunérations et notre indicateur de performance est faible. En théorie, une corrélation de 1 représenterait un lien parfait. À 0,40, il existe un lien, mais il demeure faible. « C’est décevant de constater cela, déplore Karine Turcotte, gestionnaire de portefeuille chez Gestion de portefeuille stratégique Medici. On dirait que les conseils d’administration ont abandonné leur responsabilité de trouver un système de rémunération qui est propre aux réalités de l’entreprise. »
Notre indicateur mesure le rapport entre la création de valeur au sein de 47 des 50 plus importantes capitalisations boursières québécoises au cours des quatre dernières années et la rémunération versée à leurs cinq plus hauts dirigeants en 2016. Trois entreprises ont été retirées de l’échantillon, car nous n’avions pas les données requises au moment d’écrire ces lignes. Les trois années précédentes, nous avions concentré notre attention uniquement sur le PDG. La performance, pour sa part, est mesurée à l’aide de trois composantes : le rendement du capital investi, la croissance du bénéfice par action et la taille de l’entreprise.
Lorsqu’on sépare les trois composantes de notre indicateur, on constate que le lien entre la création de valeur et la rémunération est plus faible qu’il n’y paraît. En fait, la corrélation entre la rémunération et la taille de l’entreprise est de 0,78, ce qui est très fort. Elle est de seulement 0,15 pour la croissance du bénéfice par action et de 0,31 pour le rendement des capitaux propres.
Le jeu des comparaisons
Ces résultats montrent l’effet pervers du « jeu des comparaisons », croit Mme Turcotte. Pour établir la rémunération des hauts dirigeants, la norme est de recourir aux consultants externes, qui basent leur analyse sur des groupes comparables. Un processus qui accentue également l’inflation des rémunérations à la tête des sociétés québécoises inscrites en Bourse. « Les administrateurs affirment qu’ils se fient à l’opinion d’un expert neutre, commente-t-elle. Ça devrait être leur travail de faire cela. »
François Dauphin, directeur de recherche de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), abonde dans le même sens. « On fait beaucoup de mimétisme, déplore-t-il. On se compare les uns aux autres. C’est pour ça que la