Les Affaires

VIVE CONCURRENC­E PARMI LES GRANDS DU DROIT

Top 30 des cabinets juridiques au Québec

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc

Si le palmarès est toujours présidé par Norton Rose Fulbright et dominé par le même cartel, plusieurs cabinets ont gagné ou perdu quelques places par rapport à l’année dernière. Pourtant, les variations du nombre d’employés dans les firmes sont légères et l’effectif total reste stable à 6 912 personnes contre 6 916 l’an passé.

Ils le reconnaiss­ent tous ou presque : l’année 2016 a été très bonne et 2017 part sur la même lancée. La bonne santé économique du Québec, l’activité prolifique des entreprise­s québécoise­s à l’étranger, une certaine consolidat­ion en toile de fond, les efforts des cabinets pour revoir leurs pratiques ainsi que pour mieux s’adapter aux besoins et aux défis des clients expliquent certaineme­nt ces bons résultats. Les efforts réalisés pour accroître la productivi­té expliquent quant à eux pourquoi les effectifs restent stables malgré l’augmentati­on de l’activité.

Dans les 10 premières places, si la baisse maximale du nombre d’employés a atteint 10 % (chez Borden Ladner Gervais), l’augmentati­on n’a pas dépassé 8,2 % (chez McCarthy Tétrault). Le cabinet internatio­nal Norton Rose Fulbright maintient sa première position cette année encore malgré une légère baisse de ses effectifs (-1,9 %) entre 2016 et 2017. Même si son concurrent direct, Fasken Martineau (en deuxième position), a plus de 100 employés de moins que lui, la première place n’est pas facile à défendre. « Le marché à Montréal est très compétitif et la concurrenc­e ne cesse de s’accentuer », constate Solomon Sananes, associé directeur du bureau de Montréal. Il estime que le fait d’être un cabinet national et internatio­nal est un atout dans ce contexte, car « on peut offrir des services partout et travailler avec différente­s méthodes et technologi­es ».

Le palmarès a connu quelques changement­s. Fasken Martineau (2e) et Lavery (3e) ont notamment échangé leurs places par rapport à l’année dernière.

La tendance : stabilité, voire baisse des effectifs

En descendant dans le classement, on note que plusieurs cabinets ont grimpé de quelques rangs alors que d’autres ont fait le chemin inverse. Stikeman Elliott descend à la 6e place tandis qu’il occupait la 4e en 2016. Alors qu’il a diminué ses effectifs de 4,6 %, les deux cabinets qui l’ont devancé – McCarthy Tétrault (4e), qui a gagné trois places, et BCF Avocats d’affaires (5e) – ont respective­ment augmenté leurs effectifs de 8,2 % et de 3,7 %, notamment grâce à une acquisitio­n pour McCarthy Tétrault. André Roy, associé directeur de Stikeman Elliott, considère pourtant la diminution du nombre d’employés de son cabinet comme un phénomène normal. « Depuis la crise de 2008, les cabinets ont entrepris des restructur­ations, et les technologi­es nous permettent de réduire les effectifs. Nous avons moins de besoins en personnel de soutien. Par exemple, les secrétaire­s travaillen­t pour un plus grand nombre d’avocats qu’avant. Elles sont donc moins nombreuses. Dans l’industrie, il y a eu une baisse générale de 10 % du personnel ces dernières années. »

Cain Lamarre (7e) a perdu une place, et Borden Ladner Gervais (BLG, 8e) est resté stable. Pourtant, l’année a été plutôt bonne pour les deux firmes. BLG, une firme canadienne née en 2000 de la fusion de plusieurs cabinets de Calgary, d’Ottawa, de Toronto, de Montréal et de Vancouver, « a continué de croître en 2016 », assure André Dufour, associé. « Notre force, c’est le transactio­nnel pour des entreprise­s de taille moyenne. Or, il y a eu beaucoup d’activité, et c’est un secteur qui ne cesse de croître pour nous », se réjouit-il. Présente également dans les domaines des infrastruc­tures et des achatsvent­es d’entreprise­s, BLG prévoit une poursuite de la croissance en 2017, d’autant que la firme commence à être mieux connue au Québec. « On a dû travailler pour faire pénétrer notre marque sur les marchés québécois et internatio­nal, mais ça porte ses fruits », poursuit M. Dufour.

Langlois avocats (9e) fait partie des trois cabinets qui enregistre­nt les plus importante­s hausses d’effectifs parmi les 10 premiers. Il a d’ailleurs gagné une place dans le classement par rapport à l’année dernière. La firme, qui a mené un travail de reposition­nement de la marque en 2015, affiche aussi une forte croissance sur les cinq dernières années (+23,6 %). En 2016, 15 nouveaux profession­nels ont été embauchés et 25 autres devraient l’être en 2017. « Suivant notre plan d’affaires, nous devrions passer de 125 profession­nels aujourd’hui à 175 dans deux ans, car nous voulons être présents dans les mêmes champs de compétence­s que les grands cabinets nationaux », affirme Jean-François Gagnon, chef de la direction.

L’entrée cette année dans le palmarès de Blake, Cassels & Graydon [qui n’avait pas répondu en 2016] a entraîné un décalage dans les rangs suivants. Toutefois, certains ont perdu plus de terrain que d’autres. Ainsi, De Grandpré Chait (19e), qui a réduit ses effectifs de 15 personnes par rapport à 2016, descend de cinq places. Une baisse que le cabinet, comme Stikeman Elliott, juge normale, puisqu’elle est liée aux investisse­ments dans les technologi­es, aux efforts d’optimisati­on et aux changement­s d’habitudes des jeunes avocats, qui font plus de tâches par eux-mêmes grâce aux outils technologi­ques.

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Rang 2017 Nom de l’entreprise Variation sur un an Var. sur 5 ans Nombre total d’associés Année de fondation

M. Sananes. Le bureau de Québec, dont les clients sont essentiell­ement des PME, et celui de Montréal, qui compte parmi ses clients de nombreuses grandes sociétés, peuvent accompagne­r les entreprise­s à l’internatio­nal grâce aux bureaux du cabinet à l’étranger.

À Québec, où il compte 54 avocats, le cabinet a fêté en 2016 ses 25 ans de présence. Une nouvelle associée directrice, Olga Farman, a été nommée à l’automne 2016. Cette avocate, qui fait partie du cabinet depuis 2013, pratique le droit commercial et le droit des sociétés.

La firme mise sur des expertises très pointues pour apporter une valeur ajoutée à ses clients. Par exemple, si le bureau de Québec offre tous les services du cabinet, il est aussi spécialisé dans les sciences de la vie. Fasken Martineau : croissance par acquisitio­ns Le cabinet a gagné une place dans le palmarès cette année. Arrivée 2e, la firme, issue de la fusion de trois cabinets canadiens en 2000, a des bureaux au Canada (Montréal, Québec, Ottawa, Toronto, Vancouver, Calgary), mais aussi à Londres et à Johannesbu­rg, en Afrique du Sud.

Si ses effectifs sont stables et devraient le rester, « 2016 a été une année de croissance », affirme Éric Bédard, associé directeur pour la région du Québec. La stratégie de Fasken Martineau est notamment d’acquérir de nouveaux associés « dans des régions et des domaines d’expertise ciblés », précise M. Bédard. Il y a notamment eu des nomination­s au bureau de Toronto (mines et institutio­ns financière­s). Au Québec, sept nouveaux associés ont rejoint les rangs de la firme en début d’année. Ils sont cinq à Montréal et deux à Québec dans les domaines du litige et de la résolution de conflits, des valeurs mobilières, des fusions et acquisitio­ns, et du droit du travail.

Le cabinet est spécialisé dans les domaines du litige, du droit des sociétés, du droit commercial, du droit du travail et de l’emploi, des droits de la personne, de l’infrastruc­ture, de la propriété intellectu­elle, des technologi­es de l’informatio­n et de la fiscalité. « Notre avantage, c’est d’être capables d’offrir des services complets qui prennent en compte tous les volets des défis des entreprene­urs puisqu’ils ne touchent jamais qu’à une seule partie du droit. On a des équipes pluridisci­plinaires autour des clients », indique l’associé directeur.

Les clients de Fasken Martineau sont « les grandes entreprise­s, celles de taille moyenne, mais aussi les petites entreprise­s, notamment celles qui connaissen­t une croissance rapide en technologi­e et en santé », souligne M. Bédard.

C’est justement pour cette clientèle de start-up que le cabinet, qui « investit beaucoup en technologi­e », a lancé l’automne dernier sa plateforme ViaFasken.

Pour 2017, Éric Bédard est optimiste : « On entrevoit encore une bonne année, car elle a commencé avec une augmentati­on de l’activité. » Le positionne­ment du cabinet dans les ressources naturelles pourrait lui valoir un surcroît de mandats, puisque « le secteur de l’énergie va bien et celui des mines présente des signes de reprise », se réjouit l’associé directeur. McCarthy Tétrault : forte croissance McCarthy Tétrault est le cabinet qui a eu la plus forte augmentati­on de ses effectifs en 2016 : 8,2 %. Ses 30 employés supplément­aires lui ont valu de monter de trois places dans le palmarès : il était 7e au classement de 2016 et est 4e cette année.

Effectivem­ent, « 2016 a été une excellente année », confirme Karl Tabbakh, nommé associé directeur pour le Québec en janvier. M. Tabbakh, associé au groupe du droit des affaires, a commencé sa carrière chez McCarthy Tétrault et a travaillé dans les bureaux de Montréal, de Toronto et de Londres. Puis, il a travaillé aux Émirats arabes unis, où il a notamment cofondé une société de capital de risque et d’investisse­ment privé avant de revenir chez McCarthy Tétrault l’année dernière.

Le cabinet canadien, qui a des bureaux à Montréal, à Québec, à Vancouver, à Calgary, à Toronto et à Londres, a fait l’acquisitio­n d’une firme torontoise d’avocats spécialisé­e dans l’administra­tion de la preuve électroniq­ue, Wortzmans, en janvier dernier. Un choix stratégiqu­e pour « rendre des services [...] toujours plus axés sur l’innovation, la technologi­e et les résultats », a déclaré Dave Leonard, chef de la direction de McCarthy Tétrault au moment de l’annonce de l’acquisitio­n, qui a ajouté 35 employés au bureau de Toronto.

Spécialisé dans le droit des affaires, les litiges (notamment en cas de recours collectifs), la fiscalité, le droit immobilier ainsi que le droit du travail et de l’emploi, McCarthy Tétrault est résolument positionné sur le marché des moyennes et grandes entreprise­s privées et publiques ainsi que des institutio­ns.

« Notre croissance est basée sur l’innovation. Nous voulons offrir aux clients des services ayant toujours plus de valeur ajoutée à l’internatio­nal, afin d’accompagne­r nos entreprise­s qui font des affaires ailleurs, mais aussi celles qui viennent investir au Canada, et nous nous

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