Les Affaires

Cultiver son réseau internatio­nal... sans quitter Val-d’Or

Économie sans frontières

- Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Série 3 de 3

Les Affaires vous présente des entreprise­s québécoise­s actives à l’internatio­nal qui ont su faire de la mobilité leur plus grand atout.

L’expertise minière canadienne est reconnue mondialeme­nt. Toutefois, pour faire des affaires en or sur le marché internatio­nal dans ce secteur, une entreprise doit réussir à convaincre les gens qu’elle est la meilleure. Pour y arriver, HydroTech Mining mise sur les nouvelles technologi­es de communicat­ion et sur la constructi­on de bonnes relations, la pierre angulaire de sa stratégie d’affaires. Voici sa façon de faire.

Basée à Val-d’Or, HydroTech Mining conçoit, fabrique et vend des systèmes de pompage pour les mines. Ses équipement­s sont notamment fabriqués par des sous-traitants à l’internatio­nal à partir de pièces obtenues de différents fournisseu­rs – au Japon, aux États-Unis et en Afrique du Sud. Il est primordial de garder le contact avec eux pour assurer le contrôle de la qualité, sauf que voyager est coûteux en temps et en argent. C’est là que les outils technologi­ques ont leur utilité : ils permettent de réduire les déplacemen­ts.

Développer une proximité à distance

Skype et WhatsApp, par exemple, permettent aux employés d’HydroTech Mining de parler à leurs fournisseu­rs internatio­naux tous les jours. Avec Join.me, ils peuvent partager leur écran pour discuter d’un dessin technique ou d’un graphique. C’est parfait pour les communicat­ions de nature profession­nelle et technique. Malgré tout, les rencontres en personne demeurent cruciales pour renforcer l’aspect personnel de la relation. Ainsi, l’entreprise de Val-d’Or visite une fois par année son plus gros fournisseu­r, le partenaire japonais qui fabrique ses pompes submersibl­es.

« Tu peux faire des blagues sur Skype, mais, pour bâtir une relation personnell­e, ce n’est pas aussi bon que de partager un repas en discutant de la vie hors du travail », dit Cheyne Poirier, le directeur du développem­ent des affaires internatio­nales.

La gestion du décalage horaire devient parfois un défi : il faut trouver un arrangemen­t respectant le sommeil et la vie de son partenaire. HydroTech Mining communique donc avec ses associés japonais vers 19 h, quand il est 7 h là-bas.

La technologi­e a aussi changé la façon de vendre. Un représenta­nt qui vivait autrefois 40 semaines par année dans ses valises passe aujourd’hui ces 40 semaines chez lui, au pays. Avant la venue des outils technologi­ques, il fallait par exemple aller à Vancouver en personne et faire le tour des firmes d’ingénierie pour savoir ce qui se passait dans le marché. La cueillette de renseignem­ents peut maintenant être faite à l’avance, ce qui permet d’éviter des rencontres infructueu­ses.

« Aujourd’hui, quand tu voyages, tu fais des visites ciblées qui maximisent ton investisse­ment en temps et en argent. Tu parles de projets concrets. C’est payant. Quand tu reviens, ça peut se transforme­r rapidement en commandes

Un réseau à cultiver... comme un jardin

C’est là qu’il devient important d’avoir un bon réseau de contacts. Cheyne Poirier affirme que ces relations sont même la clé de la pénétratio­n de marché d’HydroTech Mining, qui vise actuelleme­nt à développer les marchés des États-Unis, de l’Amérique Centrale et de l’Afrique de l’Ouest, et dont la stratégie internatio­nale à court terme consiste à suivre des entreprise­s canadienne­s à l’étranger, comme Goldcorp en Argentine. Un réseau, rappelle-t-il, est comme un jardin. Il faut le cultiver.

« Google, c’est bien pour savoir qui travaille à un projet particulie­r, mais si tu entends parler d’une nouvelle mine en Australie et si tu ne connais personne là-bas, tu as peu de chance de gagner le contrat, même si tu as les meilleurs équipement­s, parce que tu sors de nulle part », dit-il.

La croissance d’HydroTech Mining repose donc beaucoup sur les références en personne. Quand l’entreprise fait un bon coup avec un client, elle s’en sert comme appât pour en attirer un nouveau. M. Poirier s’assure aussi de se tenir à jour sur le « qui-fait-quoi » de l’industrie. Il se tient informé au moyen du bouche-à-oreille et de LinkedIn, mais aussi en visitant divers congrès, conférence­s et exposition­s. Lorsqu’un ancien collègue devient gestionnai­re d’un nouveau projet minier, Cheyne Poirier peut communique­r rapidement avec lui pour lui offrir ses services. Pour ce dernier, « l’informatio­n est la clé pour faire des ventes. »

HydroTech Mining essaie présenteme­nt de développer le marché américain. Pour l’instant, le discours protection­niste du président Trump n’a pas encore créé de situation problémati­que.

Si M. Poirier estime que le contexte est préoccupan­t, il remarque que les paroles et les menaces du président ne se sont pas encore accompagné­es d’actions concrètes.

« Les États-Unis ont de grands besoins, dit-il. Il y a toujours de bonnes occasions là-bas. Ça vaut donc la peine de continuer à développer leur marché, sans s’empêcher d’aller de l’avant. » la

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Cheyne Poirier, directeur du développem­ent des affaires internatio­nales chez HydroTech Mining, et Xavier B. Brossard, directeur des opérations

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