Les Affaires

Un royaume tourné vers l’avenir

- Chronique

n septembre 2013, on inaugurait la toute nouvelle route 175 à quatre voies – une quasi-autoroute – entre Québec et Saguenay. Soulagemen­t pour les conducteur­s : pas moins de 47 accidents mortels s’étaient produits au cours des quatre années précédente­s (collisions entre véhicules, et, parfois, avec des orignaux).

Sur de larges sections, une grande clôture empêche dorénavant ces derniers de s’aventurer sur la voie.

Tout le monde s’entend qu’à cet égard, c’est une nette améliorati­on, mais pour le reste, les avis des Saguenéens sont partagés.

S’agit-il d’un accès désormais plus facile et sécuritair­e au royaume, ou vient-on au contraire de permettre à ceux et à celles qui veulent partir pour de bon de se pousser encore plus vite ?

À sa mesure, cette ambivalenc­e envers un simple lien routier symbolise les défis que la grande région du Saguenay–Lac-Saint-Jean doit maintenant affronter.

Continuer à miser sur la grande industrie lourde, qui a fait la fortune de la région, mais qui s’étiole, ou espérer l’émergence d’un nouveau tissu entreprene­urial ?

Se faire valoir auprès des touristes par ses

Les données sont maintenant omniprésen­tes, de sorte qu’elles impactent tous les secteurs d’affaires. Que faire? Selon Ross Sparkman, le chef de la planificat­ion stratégiqu­e de la main-d’oeuvre chez Facebook, les entreprise­s doivent les utiliser, ou trépasser. Voici comment y arriver.

« On n’investirai­t pas des millions en équipement sans analyser ce que ça implique sur le plan des chiffres. En ressources humaines, par contre, on a plutôt l’habitude d’y aller par intuition. Au risque d’être laissé derrière, il faut exploiter l’analytique », dit M. Sparkman.

Les Affaires l’a rencontré le 10mai dernier après la conférence qu’il a donnée sur le sujet à Montréal à l’occasion de l’événement Mesure et analytique RH organisé par le Groupe Les Affaires.

Non seulement l’exploitati­on des données devient-elle cruciale pour maintenir la compétitiv­ité d’une entreprise, mais il s’agit aussi d’un catalyseur pour créer plus de valeur. Comme les salaires, le recrutemen­t, la formation et la mobilité, pris ensemble, représente­nt souvent la plus grande dépense d’une entreprise, la maîtrise des coûts qui y sont reliés devient d’importance capitale. C’est ce que les données permettent de faire, sans avoir à prendre de décision à l’aveugle.

Les 20% qui rapportent 80%

Pour tirer profit des données au maximum dans le domaine des ressources humaines, les entreprise­s devraient, selon Ross Sparkman, optimiser la planificat­ion de leurs effectifs grâce à une stratégie d’analytique RH. Celle-ci comprend notamment la prévision des besoins en main-d’oeuvre. Essentiell­ement, il s’agit de faire l’inventaire des aptitudes que détiennent, dans l’ensemble, nos employés, et d’évaluer leur progressio­n future. Sans un tel inventaire, il devient plus difficile de savoir quelles compétence­s aller chercher et où investir.

Pour commencer, il suggère aux entreprise­s de concentrer leurs efforts sur les segments stratégiqu­es, soit les 20% de la main-d’oeuvre qui rapportent 80% des revenus. Ces employés tiennent des rôles essentiels; s’ils restaient chez eux, l’entreprise arrêterait de fonctionne­r.

« Chez GE Aviation, il y avait 40 rôles clés. Chez Facebook, on a six segments stratégiqu­es. Il s’agit par exemple des ingénieurs en logiciels, illustre Ross Sparkman. Moi, en tant que planificat­eur stratégiqu­e, je n’en ferais pas partie ! »

La planificat­ion des effectifs devient spécialeme­nt importante pour une entreprise en forte croissance. Si une firme démarre une filiale à l’internatio­nal, l’analytique et la planificat­ion permettent par exemple de mieux cibler le nombre de personnes à engager, les compétence­s à favoriser et le nombre de recruteurs à allouer à cette filiale.

L’analytique RH permet aussi de repérer les moteurs de la croissance. Chez Facebook, il s’agit par exemple du nombre d’utilisateu­rs et de produits lancés. Chez GE Aviation, il y en a une soixantain­e, comme le nombre de pièces de rechange ou la taille du carnet de commandes. Une fois déterminés, ces moteurs de croissance peuvent être utilisés pour prédire l’évolution de différente­s mesures, tels le nombre d’employés ou la croissance des ressources humaines.

« La circonscri­ption des relations statistiqu­es entre les moteurs de croissance et ces mesures, c’est la recette secrète. Lorsqu’on réussit à définir ces relations, les leaders de notre entreprise nous prennent beaucoup plus au sérieux », affirme M. Sparkman.

Des données à jour

Ross Sparkman met toutefois les entreprise­s en garde. Si la stratégie rapporte, elle ne doit pas être perçue comme une solution miracle. Et elle demande un effort constant. Pour que les analyses soient statistiqu­ement valides, il faut, selon lui, utiliser des données qui couvrent les 36 derniers mois et discuter des résultats avec les dirigeants, afin de les valider. Il insiste aussi sur l’importance de disposer de données prêtes à être employées. Si elles ont été mal entretenue­s et si elles sont incomplète­s, il faut les mettre à jour, un processus qui peut prendre d’un à deux ans et qui est nécessaire, au risque de voir des erreurs se glisser dans les analyses.

Facebook emploie plus de 18770perso­nnes dans le monde. L’utilisatio­n des données peut-elle être utile aussi aux petites et moyennes entreprise­s?

Absolument, répond Ross Sparkman. « Pas besoin de faire des analyses complexes. Certaines peuvent être réalisées avec Excel seulement. Au plus simple, nous pouvons savoir de quelles compétence­s nous disposons ou évaluer le degré de satisfacti­on et d’engagement des employés », dit-il.

Les entreprise­s qui n’ont pas encore mis d’équipe d’analytique sur pied peuvent quand même se lancer dans l’aventure, sans grandes dépenses. Parfois, elles ont déjà les compétence­s nécessaire­s sous le nez, sans même le savoir.

« Regardez dans votre équipe de ressources humaines, mais pensez aussi aux gens en finance et au service d’ingénierie. Et souvenez-vous: ce que vous pourrez faire avec l’analytique dépendra des compétence­s de votre équipe. »

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On peut constituer une équipe d’analytique avec du personnel des RH, par exemple.

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