Les Affaires

Le Monastère des Augustines : quand l’histoire se conjugue au présent Migrer sans tout arrêter : une innovation signée Cima+

- Grand Prix du génie-conseil Anne-Marie Tremblay redactionl­esaffaires@tc.tc Tester avant de changer – ANNE-MARIE TREMBLAY

Offrir les plus hauts standards de confort dans un bâtiment datant de 1639 sans le dénaturer. C’est le défi qu’a relevé la firme Cima+ lors de la conversion du Monastère des Augustines, couvent transformé en lieu d’hébergemen­t et de ressourcem­ent. Un projet de 42 millions de dollars conciliant héritage historique et développem­ent durable.

Une opération qui a permis à la firme BBA de remporter le Grand prix du génie-conseil québécois 2017, dans la catégorie Bâtiment, mécanique et électrique. Le projet a aussi reçu une mention pour son caractère visionnair­e. « Le principal défi dans ce dossier, c’était de réussir à mettre cet édifice comptant presque 400 ans aux normes d’aujourd’hui, tout en conservant l’esprit du lieu », raconte Luc Jolicoeur, associé et vice-président principal bâtiment chez Cima+.

« Dès que le projet a commencé, nous sommes allés passer la journée au monastère pour nous imprégner de l’ambiance et comprendre les préoccupat­ions des religieuse­s », se rappelle l’ingénieur. En effet, les Augustines voulaient non seulement léguer ce joyau patrimonia­l, mais également laisser en héritage leur riche histoire. Ces installati­ons situées en plein coeur Depuis le lancement officiel de TEMPUS, une technologi­e novatrice qui permet de passer d’un système de commande désuet à un nouveau sans arrêter la production, les demandes affluent chez Cima+. « Nous recevons des coups de fil de partout dans le monde pour ce produit unique », raconte André Couturier, ingénieur et vice-président sénior.

Une douzaine de personnes ont travaillé à cette innovation lancée en 2016 et d’abord implantée pour permettre la migration d’une centrifuge­use à l’usine de Suncor Energy, à Fort McMurray. « Avec TEMPUS, on change le système de du Vieux-Québec ont accueilli le plus ancien monastère-hôpital en Amérique du Nord. Un héritage qu’il fallait préserver et mettre en valeur.

Les travaux, qui ont duré trois ans, auront permis la conversion des anciennes « cellules » en une soixantain­e de chambres, l’aménagemen­t d’une aire de restaurati­on, d’une boutique, de salles pour événements, mais aussi d’un musée, d’une réserve muséale et d’un centre regroupant les archives des 12 monastères-hôpitaux fondés par les Augustines. Un hall et une passerelle, tout récemment construits, complètent l’ensemble.

Marier modernité et traditions

À chaque étape de la restaurati­on, l’équipe de Cima+ a tout mis en oeuvre pour conserver le plus possible l’authentici­té des lieux. « Nous savions que nous allions intervenir sur l’un des plus vieux édifices d’Amérique du Nord. Toute l’équipe a travaillé très fort pour trouver des solutions adaptées à cette réalité », explique Luc Jolicoeur. La firme était responsabl­e de toute la portion électroméc­anique du bâtiment, comme le chauffage, l’éclairage et la ventilatio­n.

Le projet a demandé une bonne capacité d’adaptation, ajoute-t-il. « En général, on conçoit les plans en incluant les endroits où passeront les conduits d’aération, entre autres. Toutefois, dans ce projet, c’était l’inverse. Nous établissio­ns quels étaient nos besoins et il fallait ensuite trouver des solutions pour les intégrer. Les systèmes électroméc­aniques ont donc gouverné la conception. »

Par exemple, l’équipe a découvert les plus vieilles fondations en Amérique du Nord à l’endroit même où devait être installée la salle mécanique principale. Il a donc fallu retourner aux plans et aux devis durant les travaux. Finalement, les systèmes de chauffage, de climatisat­ion et de ventilatio­n ont été installés dans les combles pour préserver cet artéfact.

« Comme il n’y avait pas d’entre-plafond, nous avons pu positionne­r les conduits à l’horizontal­e, précise l’ingénieur. La tuyauterie et les gaines de ventilatio­n alimentent chaque pièce individuel­lement. » De même, tous les équipement­s électroméc­aniques sont camouflés dans les différents éléments architectu­raux. Ainsi, aucun système n’est apparent, à part les gicleurs.

Moderniser et conserver

Dans un souci de développem­ent durable, tous les appareils de plomberie sont à faible consommati­on d’eau, La création de TEMPUS a donc totalement modifié la donne : cet outil permet de dupliquer les signaux de l’équipement et de les transmettr­e à deux systèmes de commande, l’ancien et le nouveau. Comme les deux dispositif­s cohabitent, il est possible de configurer, de tester et d’ajuster toutes les composante­s avant le changement, sans jamais interrompr­e le signal. Cette migration se fait à l’aide d’un simple bouton. Une innovation qui a permis à Cima+ de remporter le Grand prix du génie-conseil québécois 2017, dans la catégorie Industrie. alors que les luminaires fonctionne­nt à DEL. Le monastère est aussi chauffé et climatisé grâce à un système de géothermie. Cette série d’interventi­ons a permis des économies annuelles de 647 000 kWh. Il s’agit de changement­s complexes qui ont demandé de nombreuses études, puisqu’il ne fallait pas perturber l’équilibre du bâtiment et en affecter la conservati­on.

Le projet se démarque également par la récupérati­on des éléments de l’ancien couvent, désigné comme patrimoine mondial de l’UNESCO. Par exemple, chaque latte de plancher ou de plafond prélevée lors des travaux a été numérotée, puis remise à son emplacemen­t exact. Les radiateurs de fonte d’origine servent aussi à camoufler les bouches de chauffage. Même le saule, un arbre de 300 ans utilisé comme ingrédient de base pour plusieurs médicament­s, a été protégé pendant la constructi­on du champ de géothermie.

« Toute l’équipe a mis beaucoup de coeur pour trouver des solutions ingénieuse­s afin de mettre l’ensemble au goût du jour, en utilisant les différents éléments et en les conservant, dans une optique de développem­ent durable et dans le respect du passé. Ainsi, le bâtiment existera encore plusieurs centaines d’années. C’est ce qui rend ce projet visionnair­e », conclut M. Jolicoeur.

la

Cet outil unique au monde, actuelleme­nt en instance de brevet, intéresse entre autres les industries chimique et pétrolière, dont d’importants joueurs américains. « Le défi qui nous attend maintenant, c’est de gérer la croissance en s’entourant des bonnes personnes », précise André Couturier. En effet, Cima+ ne vend pas la technologi­e TEMPUS, mais les services d’ingénierie qui l’accompagne­nt. « Comme c’est l’équivalent d’une chirurgie au cerveau, une opération risquée, la qualité des chirurgien­s est d’importance primordial­e. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada