Les Affaires

Le défi pas si simple de la modernisat­ion d’une gare fluviale

- Grand Prix du génie-conseil La force de l’eau

Avec sa vue imprenable sur le Vieux-Québec et le cap Diamant, la traverse Québec-Lévis constitue un joyau pour le tourisme de ce secteur. C’est pourquoi la gare fluviale de Lévis et ses abords ont été entièremen­t modernisés. L’occasion d’améliorer l’expérience des quelque 1,5 million de passagers qui empruntent le traversier chaque année.

Avec l’augmentati­on de la clientèle, une rénovation complète s’imposait. « Les anciennes installati­ons étaient vétustes et il y avait un problème d’espace », résume Denis Maltais, ingénieur et directeur de secteur, développem­ent urbain chez Stantec. Cette firme a été mandatée pour concevoir les aménagemen­ts périphériq­ues de la gare avant la constructi­on du nouveau bâtiment.

Avant la reconfigur­ation, la guérite n’offrait qu’une petite aire d’attente, pas assez grande pour répondre aux besoins réels des utilisateu­rs. « Les voitures débordaien­t dans la rue qui longe la falaise, explique l’ingénieur. C’est un coin très touristiqu­e, où passe une piste cyclable et où des piétons viennent admirer la vue. La circulatio­n dérangeait donc. »

La nouvelle géométrie de la gare, inaugurée en 2015, permet maintenant à une centaine de voitures de s’installer dans l’aire d’attente, soit l’équivalent de deux bateaux, en plus d’intégrer un stationnem­ent incitatif de 154 places. L’accès au traversier pour les piétons et les cyclistes a aussi été amélioré. Un terminus d’autobus complète le portrait. « Ce n’était pas si simple, car le terrain est coincé entre une haute falaise et le fleuve. On n’avait pas beaucoup de marge de manoeuvre », raconte Denis Maltais.

« Comme le nouveau bâtiment allait être installé directemen­t dans l’ancien stationnem­ent, cela nous a aussi demandé toute une gymnastiqu­e logistique », ajoute-t-il. D’autant que, pendant ce réaménagem­ent mené pour la Société québécoise des infrastruc­tures (SQI), en collaborat­ion avec la Ville de Lévis et la Société des traversier­s du Québec, il fallait maintenir le tout en activité. « Mis à part deux petites interrupti­ons, nous avons réussi à établir toutes les étapes pour avoir le minimum d’impact sur les opérations. » Un tour de force, alors qu’il fallait composer avec les marées qui, deux fois par jour, font monter l’eau de 4,5m en moyenne. À marée haute, une partie du chantier était submergée, limitant la fenêtre de temps disponible pour certains travaux à quatre à six heures par jour. Ce mouvement du fleuve a aussi obligé l’équipe à faire preuve d’innovation, pour éviter que le Saint-Laurent vienne creuser des sillons sous la surface.

« Quand la marée baisse, on assiste à un phénomène d’aspiration, explique Denis Maltais. L’eau entraîne les petites particules, ce qui crée des vides qu’on appelle des ravinement­s souterrain­s. » Pour assurer la stabilité des sols sous la structure, l’ouvrage a donc été protégé par des membranes géotextile­s et des géogrilles. Une des solutions novatrices mises en place pour amoindrir l’effet de l’eau sur les infrastruc­tures.

Menée dans un grand souci de développem­ent durable, la modernisat­ion de la gare de Lévis a permis à la firme Stantec de recevoir le Grand prix du génie-conseil, dans la catégorie Infrastruc­tures urbaines. « Nous avons dû obtenir quatre autorisati­ons environnem­entales pour ce projet. Du jamais vu ! » lance M. Maltais. Quant au bâtiment construit dans la deuxième phase du chantier, tout de bois et d’acier, il attend actuelleme­nt d’être certifié LEED argent. – ANNE-MARIE TREMBLAY

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