Les Affaires

Dorel ne chôme pas en attendant l’éventuelle mise en vente

Dorel réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’extérieur de l’Amérique du Nord.

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc @@ beauchamp_dom

Il n’est pas question pour le fabricant familial de poussettes, de vélos et de meubles Les Industries Dorel de fermer son capital, comme l’ont récemment choisi Canam et Lumenpulse citant la pression des investisse­urs à court terme.

« Nous avons déjà examiné ce scénario dans le passé, mais ce n’était pas la bonne formule pour nous. Il est certain qu’un jour, nous devrons vendre, car il n’y a pas de deuxième génération dans l’équipe de direction », a admis bien candidemen­t Jeffrey Schwartz, 54 ans, le cadet des trois frères qui contrôlent Dorel, en marge de l’assemblée annuelle.

Pourtant, Les Industries Dorel (DII.B, 34$) se négocie au même cours qu’en 1999 et tout près de sa valeur comptable de 32,89$ dans ses fonds internes et en faisant appel à la dette.

Si les analystes jugent que son action est déjà bien évaluée en fonction de la faible croissance et du rendement du capital modeste de l’entreprise, ses nombreuses marques mondiales dans les articles pour enfants et les vélos ont une valeur économique que sa valeur boursière de 1,1 milliard de dollars (G$) ne reflète peut-être pas pleinement.

Certains y croient, puisque les investisse­urs institutio­nnels Letko, Brosseau, de Montréal, et Fidelity Management & Research, de Boston, ont respective­ment accumulé 15% et 14,4% des actions B à droits de vote subalterne de Dorel.

Le recul du huard donne aussi plus de valeur à ses profits exprimés en dollars américains et au dividende de 1,20$ versé en dollars américains, a aussi rappelé M. Schwartz, aux actionnair­es réunis à l’assemblée annuelle du 25 mai.

Combattre l’inertie nord-américaine à l’étranger

Une mise en vente n’est pas pour demain, assure le vice-président directeur et chef des finances, Jeffrey Schwartz.

Au contraire, les dirigeants redoublent d’efforts pour donner une nouvelle impulsion à leur entreprise et donner du rendement à leurs actionnair­es, dans une industrie impitoyabl­e où même des clients tels que Wal-Mart se démènent.

« Le marché américain de la consommati­on est difficile et compétitif. C’est pourquoi nous nous tournons vers l’Amérique latine et l’Asie. Non seulement, ces marchés nous fournissen­t de la croissance, mais aussi de meilleures marges », indique pour sa part Martin Schwartz, le PDG de 68 ans de Dorel.

L’entreprise de Westmount réalise déjà plus de la moitié de son chiffre d’affaires de 2,6 G$ US à l’extérieur de l’Amérique du Nord.

En Amérique latine, Dorel connaît une croissance de ses revenus de plus de 10%, même au Brésil où ses concurrent­s sont en repli à cause de la récession et de la crise politique du pays.

« Nous avons les produits, les stocks et le capital nécessaire­s pour gagner des parts dans ce marché où nous espérons bientôt prendre le premier rang, comme au Chili et en Colombie », précise Jeffrey Schwartz.

Au Mexique, où Dorel a pénétré il y a deux ans avec un centre de distributi­on, elle occupe le troisième rang de l’industrie des produits pour enfants.

Les deux frères se montrent aussi optimistes concernant les derniers-nés des produits, tant chez Dorel Produits de puéricultu­re que chez Dorel Sports.

Schwinn et Cannondale ont lancé de nouveaux vélos de bas et de haut de gamme l’an dernier, tandis que Quinny et Maxi-Cosi lancent cette année de nouvelles poussettes, balançoire­s et sièges d’autos encore plus fonctionne­ls.

Coup de barre majeur l’an dernier

Dorel a dû donner un nouveau coup de barre à ses divisions juvénile et de vélo qui ne performaie­nt plus à la hauteur des objectifs en raison de difficulté­s internes et externes qui ont pesé sur les revenus et sur les marges.

Pour Dorel Produits de puéricultu­re, Martin Schwartz a évoqué un nouveau « sentiment d’urgence » afin d’accélérer la mise en marché de nouveaux produits et de stimuler les ventes.

Il y a six mois, M. Schwartz a confié la relance de cette division à Nicolas Duran, qui dirigeait le marché de l’Amérique latine depuis 2012.

Dorel a aussi créé un nouveau poste de chef de la recherche et du développem­ent. « Il vient de Whirlpool et de Tata Motors, et revoit déjà le processus de planificat­ion à partir de Boston. Nous devons être plus proactifs et agiles pour répondre plus rapidement aux besoins du marché et mieux convertir les données de nos clients en nouveaux produits », a expliqué le grand patron.

La division des vélos est aussi en mode relance après deux années difficiles marquées par un recul des ventes, le déstockage de la part des détaillant­s et des rabais importants.

« Il nous a fallu faire des ajustement­s majeurs, reconnaît Martin Schwartz. L’objectif de la rationalis­ation est de réorganise­r la division pour qu’elle soit rentable, même lorsque les conditions du marché sont au plus mal », dit-il.

En Chine, où l’usine a connu d’importants problèmes de production qui lui ont fait rater des ventes de nouveaux modèles de vélos, Dorel vient de remplacer le responsabl­e local de l’usine par un opérateur expériment­é.

Martin Schwartz y a aussi dépêché pour deux ans un responsabl­e de la fabricatio­n de son usine de Colombus, en Indiana.

De plus, un nouveau responsabl­e de la qualité a été recruté au campus de Zhongshan, qui abrite aussi maintenant le centre mondial de l’ensemble des produits de puéricultu­re de Dorel.

Enfin, Dorel a transféré la direction de la division juvénile en Chine au responsabl­e de la région de l’Australie et de l’Asie du Sud-est qui était auparavant piloté depuis l’Europe.

« Non seulement les cadres sont désormais sur le même fuseau horaire, mais Dean Jennings a obtenu d’excellents résultats dans ses marchés », ajoute Jeffrey Schwartz.

2017, l’année de la relance?

Les deux dirigeants ont bon espoir que la restructur­ation, qui a commencé à donner des résultats au cours des deux derniers trimestres, donnera plus de fruits cette année.

Pour prendre la mesure des progrès, les actionnair­es doivent suivre le bénéfice d’exploitati­on, l’étalon de son industrie.

Le printemps frais donnera du fil à retordre à la relance des ventes de Dorel Sports, mais les deux dirigeants assurent que la restructur­ation de 5 M$ prépare mieux cette division à cette éventualit­é.

L’impact des nouveaux produits pour enfants se fera surtout sentir à la deuxième moitié de l’année, parce que leur lancement en Europe commence à peine, alors que la Chine, la Corée du Sud et le Japon suivront plus tard dans l’année.

Dorel a aussi refinancé une dette, qui économiser­a 4 M$ US par an ou de 0,10 à 0,13$ US par action en frais d’intérêts. Sa dette a aussi diminué de 96 M$ US.

Enfin, les importants frais associés à la responsabi­lité civile des produits encourus en 2016 ne devraient pas se répéter.

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Jeffrey Schwartz, vice-président directeur et chef des finances chez Dorel

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