Qui ne risque rien...
du PESM. M. Bélair ajoute que le document a une définition très stricte du terme start-up. « Nous avons pris la même définition que celle qui est utilisée dans l’étude « Start-up Genome », produite par l’entreprise californienne Compass et reprise par le rapport « Regional Queensland Start-up Ecosystem » en Australie. Notre définition met de côté certains secteurs d’activité, comme les biotechs, les nanotechs et les fintechs, où les cycles de vie sont beaucoup plus longs que dans les technologies de l’information », dit-il
De plus, les start-up de services-conseils, qui conçoivent uniquement des composantes ( hardware), ont aussi été exclues du rapport. « À Montréal, il y a beaucoup plus de joueurs dans le monde des start-up que ce que nous incluons dans notre définition », précise-t-il.
Des choses à améliorer dans l’écosystème montréalais?
S’il considère que des « choses extraordinaires se passent à Montréal », Xavier-Henri Hervé estime que l’écosystème montréalais des start-up peut encore s’améliorer, notamment « aux deux bouts de la chaîne ».
« En amont, on a 200000 étudiants à Montréal et on a des centres de recherche parmi les plus importants du monde dans certains domaines, comme la biologie synthétique. De l’autre côté, on a un faible pourcentage de transformation de ces gens en entrepreneurs, en innovateurs. Quand tu vas à San Francisco, dans tous les laboratoires à peu près corrects, chacun des chercheurs aura au moins une start-up à son palmarès. Ici, c’est l’inverse: s’ils ont une start-up à leur palmarès, les chercheurs ne veulent pas en parler », affirme-t-il.
M. Hervé estime également qu’à l’autre bout de la chaîne, les start-up qui arrivent à une certaine étape doivent être adoptées par des financiers ou des clients. « Quand on va à Boston ou à San Francisco, les gens font la queue pour parler aux dirigeants de start-up. Ici, ce sont les start-up qui doivent déployer des efforts considérables pour obtenir la confiance de clients potentiels. Le Québec a besoin de plus de gens, au niveau local, qui vont faire confiance aux start-up », dit-il.
Pour remédier au problème, District 3 souhaite, plus tard cette année, lancer le programme Early Adoption en partenariat avec l’École de technologie supérieure (ÉTS).
David Dufresne, associé de 500 Startups Canada, ajoute que la région de Montréal est historiquement très forte sur les plans de l’ingénierie et du développement. « Il y a beaucoup de créativité en ville avec les industries du cinéma et de la télévision, sans oublier celle du jeu vidéo ou des entreprises comme le Cirque du Soleil », dit-il.
Par contre, M. Dufresne souligne que la région de Montréal est historiquement moins bonne pour commercialiser ses produits et ses innovations. « Ce que je trouve intéressant, c’est qu’une certaine maturité s’installe à Montréal. On commence à avoir des sociétés qui passent avec succès l’étape de la commercialisation, comme Lightspeed, Frank & Oak et Busbud. On crée une masse critique d’employés et d’investisseurs qui sont capables d’amener des entreprises à l’étape suivante », affirme-t-il.
L’accélérateur InnoCité MTL, créé en juin 2015 avec la mission de faire du maillage entre les start-up, les villes, les investisseurs et différentes organisations des secteurs public et privé, constitue peut-être aussi une réponse à cette problématique. L’accélérateur a déjà parrainé 14 entreprises qui ont signé 80 ententes, dont 37 avec le secteur privé, 21 avec le secteur public et 22 avec des municipalités, comme Montréal et Brossard. – DENIS LALONDE Avec maintenant trois années bien remplies comme associé chez Real Ventures, je commence à avoir un certain recul quant au capital de risque au Québec, au Canada et en Amérique du Nord. Dans les 20 dernières années, j’ai tour à tour été pigiste, employé par Mon Mannequin Virtuel de Public Technologies Multimédia, une des premières start-up Web 2.0 au Québec (ça date), et consultant VP Technologie à louer en Californie, juste avant l’éclatement de la bulle Internet en 2001. Ensuite, j’ai été entrepreneur et cofondateur de cinq start-up en 10 ans (certaines ont eu plus de succès que d’autres). Puis, j’ai été engagé comme évangéliste techno senior chez Twitter à San Francisco en 2012.
« Professionnel » de l’investissement
Après ces deux décennies comme entrepreneur, l’idée de me joindre en 2014 à un fonds d’investissement avait fait son chemin. Bien que n’ayant aucune formation dans le domaine de la finance, ma compréhension de l’impact du capital de risque dans un écosystème de start-up était bonne. Ayant connu les défis du financement d’un projet comme cofondateur, ainsi que les risques qui accompagnent le financement à petite et à grande échelle et le processus d’appel public à l’épargne (IPO) chez Twitter, j’avais l’impression de pouvoir aider les entrepreneurs à mieux comprendre le processus. J’avais aussi en tête les montagnes russes du parcours des fondateurs de start-up. C’est donc avec ce cocktail d’ambition, d’espoir, de naïveté et d’humilité que j’ai amorcé à l’été 2014 mon double rôle au sein de Real Ventures : directeur général du programme d’accélérateur FounderFuel et « professionnel » de l’investissement dans les jeunes pousses technos de Montréal et du Québec.
La leçon la plus importante que j’ai tirée de mes expériences au cours des dernières années est sans aucun doute associée à la chance exceptionnelle que j’ai eue de voir passer 1 000 start-up par année. Comme entrepreneur, j’ai réalisé, au mieux, quatre ou cinq deals d’investissement, soit pour ma propre entreprise, soit comme conseiller auprès des autres. Et j’ai la plupart du temps fonctionné dans 5 ou 10 contextes d’affaires, souvent similaires. Cependant, comme investisseur, pouvoir évaluer plusieurs sociétés par semaine, investir dans quelques-unes chaque trimestre, en accompagner des dizaines chaque année et être au sein d’une équipe qui multiplie tout ça par 3, 5 ou 10... ça donne beaucoup de perspective, beaucoup de données et des effets de réseau incroyables. C’est cette perspective unique, dont je tire une grande leçon, que je veux partager avec vous ici. « Quelle est donc cette leçon ? » me demanderez-vous, à bout de souffle à force de lire mes phrases contenant trop de virgules...
Le YouTube du Québec
Cette leçon est à l’opposé du fameux proverbe québécois « Quand on se regarde on se désole, quand on se compare on se console ». La réalité, la voici : il ne faut pas se fier à ce que l’on sait soi-même (et sur soi-même), il faut se comparer pour s’améliorer (sans cesse).
Parce que c’est un environnement extrêmement compétitif. Sur 230 entreprises qui postulent pour une cohorte de notre accélérateur afin de recevoir un investissement de 100 000 $, seulement 8 sont sélectionnées. Faites le calcul. (Pour les paresseux, voici la réponse : 3,5 %.) C’est très difficile pour un entrepreneur de comprendre complètement son environnement d’affaires, mais c’est très, très important. C’est un des facteurs les plus importants. Il faut comprendre comment et à qui on se compare. Ça prend du temps, des efforts, de l’énergie. Tout ça avant même d’aller chercher le premier dollar d’investissement.
J’ai souvent utilisé l’exemple de l’entrepreneur venu me raconter comment sa société allait devenir le YouTube du Québec. Pas intéressant ! Premièrement, il y a de bonnes chances que le YouTube du Québec soit... YouTube. Deuxièmement, pourquoi juste au Québec ? Internet, c’est l’accès au monde entier ! Pourquoi ce projet, pourquoi vous, pourquoi maintenant ? Que savez-vous que peu d’autres personnes savent ? Connaissez-vous très bien un secteur précis, ses enjeux, ses défis, ses défauts, l’écosystème des parties prenantes, du passé, du présent (et de l’avenir) ? Dans quoi pouvez-vous être le meilleur ? Ça, c’est intéressant !
Pourquoi un blogue ?
Je tiendrai un blogue sur lesaffaires.com pour partager un peu de ma perspective de « VC », pour expliquer comment on évalue les projets, comment on y investit, comment on accompagne les entrepreneurs. Pour revamper l’expression bien connue « ça prend tout un village pour élever une start-up ». Ça prend un environnement mature pour générer de grands succès. Ça prend 25 ans pour bootstrapper [autofinancer] un écosystème de start-up. Je pense qu’on est à l’année 12 ou 15 à Montréal et au Québec.
Dans ma prochaine chronique, je vous raconterai comment j’évalue notre écosystème et les défis qui sont devant nous (je parlerai aussi de nos accomplissements).
D’ici là, on se croise en juillet à la soirée démo de FounderFuel, au StartupFest ou à la maison Notman. Venez m’expliquer comment vous allez vous y prendre pour être le prochain Snapchat du Québec (ou pas) !
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