Les Affaires

Des retombées qui ne se feront pas attendre

- 375e anniversai­re de Montréal Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Les festivités du 375e anniversai­re de Montréal vont déjà bon train et font régulièrem­ent les manchettes. Outre faire parler d’elles au Québec, toutefois, ont-elles réussi à engendrer des retombées concrètes pour les Montréalai­s ? Petit bilan provisoire de l’impact de l’anniversai­re de la métropole.

Une chose est sûre, beaucoup d’études ont rapporté des grandes retombées économique­s pour des événements similaires ailleurs au Québec. Le 375e anniversai­re de Trois-Rivières, par exemple, célébré en 2009, aurait selon le comité organisate­ur généré plus de 20,3 millions de dollars (M$) de retombées dans la région : 5,3 M$ pour l’embauche de fournisseu­rs, d’artistes et d’artisans locaux ; 8 M$ en retombées directes et indirectes des événements eux-mêmes ; et 7 M$ en valeur économique créée par les articles de journaux parus ailleurs au Canada et traitant de l’anniversai­re.

À Québec, le 400e aurait lui aussi généré des retombées. Selon le Bureau de la Capitale-Nationale, l’impact économique des célébratio­ns aurait été de 8 742 emplois et de 438 M$ de valeur ajoutée.

Aucune estimation des retombées n’a cependant encore été publiée pour le 375e de Montréal. Le concept de retombées est toutefois régulièrem­ent critiqué par les économiste­s, notamment parce qu’elles représente­nt souvent un déplacemen­t de dépenses plutôt qu’une création de valeur : un dollar dépensé dans une célébratio­n signifie qu’un dollar ne peut pas être dépensé ailleurs.

Un cadeau pour l’avenir

Paul Arseneault, titulaire de la Chaire de tourisme Transat et directeur du Réseau de veille en tourisme, croit qu’il faut chercher le succès du 375e de Montréal dans les legs, soit les investisse­ments publics et privés dont profiteron­t les Montréalai­s pendant des années après les festivités. « Là-dessus, on peut se dire mission accomplie », affirme-t-il.

La réhabilita­tion de la gare maritime Iberville et de la jetée Alexandra est un bon exemple. Le nouveau terminal de croisières, qui a accueilli son premier navire le 10 juin dernier, permettra de donner une meilleure expérience aux voyageurs et aura un impact culturel. L’Administra­tion portuaire de Montréal y présentera une exposition gratuite sur l’histoire du port de Montréal. Le centre d’interpréta­tion portuaire, le toit vert et la grande place publique donneront également à la population un meilleur accès au fleuve.

Le recouvreme­nt de l’autoroute Ville-Marie, l’amphithéât­re du parc Jean-Drapeau et le nouveau pavillon du musée Pointe-à-Callière sont des exemples de projets qui, selon Paul Arseneault, n’auraient pas vu le jour sans le 375e.

Les célébratio­ns ont aussi réussi à orienter les regards du monde entier vers la métropole. M. Arseneault, en visite dans la ville française d’Angers au moment de son entrevue avec Les Affaires, dit l’avoir observé lui-même sur le terrain. « En France, il y a un vrai buzz sur le Québec et sur Montréal. Beaucoup de gens m’ont dit que leurs enfants étudiaient dans la métropole, qu’ils avaient envie d’y aller et qu’ils voudraient même vraiment y vivre. »

Des touristes attirés

La métropole, qui a fracassé son record de nombre de touristes l’an dernier en accueillan­t plus de 10 millions de visiteurs, pourrait battre de nouveau son record cette année, estime Tourisme Montréal. L’attrait des célébratio­ns du 375e expliquera­it en partie ce succès. Au début de l’année, Tourisme Montréal et les économiste­s du Conference Board du Canada avaient d’ailleurs dit s’attendre à ce qu’au moins 10,7 millions de visiteurs viennent à Montréal, un sommet depuis les Jeux olympiques de 1976.

Pas étonnant que la métropole brille autant. Tourisme Montréal a accueilli cette année 70 journalist­es étrangers durant le mois de mai. C’est plus que le double par rapport à 2016, alors qu’elle en avait accueilli 34. L’organisme a également fait de la promotion en France, en Ontario, aux États-Unis, au Mexique et en Chine.

Hubert Bolduc, le PDG de Montréal Internatio­nal, un organisme dont la mission est d’attirer les investisse­ments, les organisati­ons et les talents étrangers, a d’ailleurs accordé une entrevue en juin à la chaîne Science and Education de Beijing TV. C’était une occasion pour l’organisme de s’adresser aux investisse­urs chinois, qu’il tente de cibler de plus en plus, et de passer le message que Montréal est le meilleur endroit pour investir en ce moment. Le rayonnemen­t et la presse positive dans les médias internatio­naux contribuen­t à faciliter son travail, qui consiste essentiell­ement à mettre la métropole sur le radar des étrangers.

Vendre une ville

Vendre une métropole étant plus intangible que vendre des portes et des fenêtres, la réputation d’une ville, sa marque de commerce, a une importance primordial­e, explique Christian Bernard, l’économiste en chef de Montréal Internatio­nal. « Avec le 375e, on envoie le signal d’une ville vibrante où il fait bon vivre, d’une métropole confiante en son avenir et ouverte sur le monde. »

L’illuminati­on du pont Jacques-Cartier, réalisée par Moment Factory, se veut donc non seulement un événement de divertisse­ment d’envergure, mais aussi un élément de promotion inestimabl­e pour illustrer le talent et le savoir-faire créatif de Montréal, ville d’innovation. Montréal Internatio­nal compte d’ailleurs utiliser des visuels du pont pour vendre la ville au reste du monde, un peu comme il le fait déjà avec le Cirque du Soleil.

S’il est trop tôt pour l’assurer, Montréal Internatio­nal se dit persuadé de pouvoir attirer plus d’investisse­ments dans la métropole cette année que l’année dernière, où un record de 1,35 milliard de dollars avait été établi.

Peut-être même que la ville réussira à convaincre des visiteurs et des talents étrangers, impression­nés par les célébratio­ns du 375e ainsi que par le caractère festif de la ville, de défaire leurs valises pour rester à Montréal, dit le vice-président de Tourisme Montréal, Pierre Bellerose. « Après l’Expo 67, beaucoup de visiteurs ont eu un coup de coeur pour Montréal et ont décidé de rester, dit-il. Le 375e n’aura pas un effet aussi fort, mais pourra sans doute créer un tel élan. »

Par-dessus tout, Paul Arseneault estime que les festivités ont jusqu’à ce jour été fortement appréciées par les Montréalai­s eux-mêmes. « Pourtant, on a tellement de beaux événements à Montréal que l’on est parfois blasé. On est habitué à l’extraordin­aire. Nous nous demandons parfois si nous serons capables de créer quelque chose d’assez monumental. »

Jusqu’à maintenant, les événements du 375e ont selon lui été de véritables succès populaires, des succès d’estime et des succès de foule qui ont marqué l’imaginaire. Et c’est peut-être ça, la plus grande retombée.

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