Les Affaires

LES PRIX DE L’ALUMINIUM RESTERONT BAS

- François Normand francois.normand@tc.tc C @@ francoisno­rmand

Malgré la reprise des prix depuis le début de 2016, les cours de l’aluminium devraient demeurer bas dans les prochaines années, selon les prévisions des spécialist­es de l’industrie. À la mi-avril, la banque d’affaires Credit Suisse a publié un rapport dans lequel elle anticipe une réduction du prix de l’aluminium dans les trois prochaines années. La banque prévoit un cours à 1 600 $US la tonne en 2020, avec un niveau qui devrait avoisiner les 1 650 $US en moyenne sur le long terme.

La tonne d’aluminium s’échange actuelleme­nt à environ 1 860 $US sur le London Metal Exchange (LME), et elle devrait s’établir en moyenne à 1 845 $US pour l’ensemble de 2017. Un niveau qui est beaucoup plus élevé qu’en 2016 (1 605 $US). « Cette hausse des prix est conjonctur­elle », souligne Jean Simard, président et chef de la direction de l’Associatio­n de l’aluminium du Canada (AAC), qui représente Alcoa, Rio Tinto Aluminium et Aluminerie Alouette. Réduction temporaire de la production en Chine Cette augmentati­on des prix tient en grande partie de la réduction temporaire de l’offre d’aluminium dans le monde. De la fin de 2015 à l’automne 2016, la Chine a momentaném­ent réduit de 3 à 4 millions de tonnes d’aluminium afin de réduire la pollution, explique les analystes du Credit Suisse. Et ils s’attendent à ce que la Chine réduise encore ses volumes d’aluminium de novembre 2017 à février 2018, avec cette fois une diminution anticipée de 1,3 million de tonnes.

Le marché a donc réagi à cette diminution de l’offre en faisant grimper les prix. Mais cette situation est temporaire. C’est pourquoi les analystes anticipent une baisse des cours à long terme.

C’est que les facteurs à l’origine du déclin des prix depuis leur sommet du 30 juin 2008 (3 075 $US) sont toujours là : surproduct­ion de la Chine et niveau élevé des stocks d’aluminium dans le monde. À elle seule, la Chine produit 54 % de l’aluminium dans le monde. À titre de comparaiso­n, le Canada n’en produit que 5 %. Et la production chinoise augmente sans cesse, même si son rythme de croissance a décéléré depuis trois ans. Cela fait en sorte qu’il y a une surproduct­ion d’aluminium dans le monde.

Habituelle­ment, les inventaire­s de métal blanc dans le monde représente­nt une réserve de huit semaines, c’est-à-dire la période durant laquelle la planète pourrait continuer de consommer de l’aluminium si toutes les aluminerie­s cessaient leur production. Or, en 2016, cette réserve était de dix semaines, et BMO Marchés des capitaux prévoit qu’elle s’établira toujours à ce niveau en 2017. Profits à la hausse Malgré la faiblesse relative des prix, certains producteur­s d’aluminium réussissen­t à générer des profits, dont le géant américain Alcoa. La banque d’affaires J.P. Morgan estime que les bénéfices d’Alcoa devraient augmenter en 2017 et 2018, tout comme ceux de Rio Tinto.

La faiblesse du dollar canadien par rapport à la devise américaine (il a perdu 23 % de sa valeur depuis cinq ans) permet de limiter l’impact de la faiblesse des prix de l’aluminium, puisque les cours sont en dollars américains.

Les tarifs d’électricit­é très compétitif­s d’Hydro-Québec sont aussi un atout.

Mais ce n’est pas suffisant pour rester la tête hors de l’eau, insiste Jean Simard. « Il faut continuer d’améliorer la productivi­té et de réduire les coûts dans les aluminerie­s. »

Malgré la conjonctur­e difficile, l’industrie canadienne continue à accroître légèrement la production d’aluminium. De 2013 à 2016, elle est passée de 2,8 à 3,2 Mt. Par contre, la production devrait se maintenir à 3,2 Mt, selon BMO Marchés des capitaux.

Cela dit, le Canada s’en tire bien par rapport aux États-Unis. Chez nos voisins, la production a fondu de près de 60 % entre 2013 à 2016 pour s’établir à 834 000 tonnes. Elle devrait toutefois remonter à 1 million de tonnes en 2020.

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