Les Affaires

Raymond Kerzérho

- Raymond Kerzérho redactionl­esaffaires@tc.tc Chroniqueu­r invité

Pour ou contre les fonds d’actions à dividende élevé ?

Pour ou contre les actions à dividende élevé? Voyons, on ne peut pas être contre les dividendes ! dites-vous. Pourtant oui, l’enfant chéri de nombreux rentiers et autres investisse­urs ne comporte pas que des avantages. Voyons un peu…

Avantages

Les dividendes sont réconforta­nts. L’investisse­ur qui ne fait pas tout à fait confiance aux marchés boursiers peut se dire : « Si je ne fais pas de gains avec mon portefeuil­le pendant un bout de temps, avec les dividendes, au moins je serai payé pour attendre. » Un taux élevé de distributi­on de dividendes confirme à ses yeux que l’entreprise fait des profits et démontre une certaine confiance en l’avenir. En outre, les sociétés cotées en Bourse sont souvent très réticentes à réduire leurs dividendes. La distributi­on régulière de dividendes représente donc un engagement qui peut être rassurant.

Les dividendes élevés favorisent la discipline. Peut-être justement parce qu’ils rassurent les investisse­urs, ces derniers ont tendance à conserver leurs actions à dividende élevé plus longtemps que les autres titres. De plus, les études démontrent que les fonds d’actions à dividende élevé bénéficien­t du plus haut taux de survie parmi toutes les catégories de fonds. Les inves- tisseurs sont extr êmement loyaux envers ce type de fonds ; ils sont plus patients et persévéran­ts dans leur stratégie de placement.

Les dividendes de sociétés publiques canadienne­s bénéficien­t d’un crédit d’impôt. Leur taux d’imposition est donc inférieur à celui des revenus d’intérêt. Lequel, des dividendes canadiens et des gains en capital, est le moins lourdement imposé ? Ça dépend. Pour la fourchette de revenu imposable inférieure à 45000$, le taux marginal d’imposition d’un particulie­r québécois est nettement plus bas pour les dividendes que pour les gains en capital. De 45000$ à 85000$, c’est à peu près égal et au-delà de 85000$, c’est le gain en capital qui est le moins lourdement imposé. Plus votre revenu dépasse ce seuil, plus la différence est importante, comme le présente le tableau ci-dessous. Gardez à l’esprit que les dollars que vous enverrez à l’impôt ne pourront pas servir à payer votre épicerie.

Inconvénie­nts

Perte de diversific­ation. La plupart des actions cotées en Bourse ne versent que peu ou pas de dividendes. Le fait de verser un dividende très élevé n’est pas un gage de qualité. Grand nombre de sociétés qui ne versent pas de dividendes sont très rentables et, inversemen­t, il est fréquent que des sociétés en difficulté s’entêtent à verser des dividendes mirobolant­s. En vous en tenant aux titres à taux de dividende élevé, vous limitez votre potentiel de diversific­ation et donc, votre contrôle du risque.

Un dividende n’est pas un cadeau. Généraleme­nt, lorsque la date d’admissibil­ité au versement d’un dividende expire, le prix de l’action diminue à peu près d’un montant équivalent. Disons par exemple qu’une action cotée à 10$ s’apprête à verser un dividende de 0,25 $, le prix chutera à 9,75$ dès le lendemain de la distributi­on. Chaque dividende versé ampute d’autant le prix de l’action et réduit à la longue son potentiel de gain en capital. Si vous investisse­z pour le long terme, nonobstant les impôts, vous devriez être indifféren­t au paiement de divi- dendes. Que l’argent vous soit distribué ou réinvesti dans la société, il vous appartient de toute façon. C’est seulement la façon dont vous le détenez qui varie.

La fiscalité des dividendes de sociétés étrangères est très désavantag­euse. Les dividendes étrangers sont imposés au plein taux des revenus ordinaires, soit le même qui est appliqué aux revenus d’intérêt. De plus, les gouverneme­nts étrangers effectuent une retenue à la source sur les dividendes payés à des résidents d’autres pays, comme par exemple les Canadiens. Cette retenue est en général de l’ordre de 15%. Et même les REER et les FERR sont touchés par ces retenues, qui sont toutefois récupérabl­es. Mais en fin de compte, les revenus de dividendes étrangers sont beaucoup plus lourdement imposés que les revenus de dividendes canadiens et les gains en capital.

Conclusion

Il serait faux de croire que les actions à dividende élevé sont supérieure­s en toutes circonstan­ces. Les dividendes peuvent vous offrir une certaine quiétude et vous encourager à persévérer avec votre stratégie de portefeuil­le. Mais les sociétés qui versent des dividendes élevés ne sont pas intrinsèqu­ement supérieure­s aux autres. Du point de vue fiscal, les dividendes de sociétés canadienne­s peuvent s’avérer très avantageux ou, au contraire, très désavantag­eux par rapport aux gains en capital, selon le niveau de votre revenu. Les dividendes de source étrangère sont lourdement imposés. De plus, une stratégie centrée sur les dividendes élevés restreint de beaucoup la possibilit­é de diversifie­r votre portefeuil­le.

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décomplexé, disponible sur pwlcapital.com.
Raymond Kerzérho CFA, MBA, est directeur de la recherche chez PWL Capital. Il enseigne également la finance à l’Université McGill et anime la baladodiff­usion L’investisse­ment décomplexé, disponible sur pwlcapital.com.

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